[Article à lire dans le magazine du printemps] C'est triste, un oiseau en cage. Mais pas pour notre fétichiste de 32 ans qui aime beaucoup qu'on enferme le sien… Preuve qu'être chaste ne veut pas dire qu'on est sage.
- Comment t'es venue l'envie de mettre ta bite sous clef ?
J'ai découvert les cages de chasteté sur des comptes sexuels de Twitter. La première fois que j'en ai mis une, je voyais ça comme l'aboutissement de ma position de soumis : quelqu'un a le pouvoir sur ma sexualité, jusqu'à décider si j'ai le droit de me masturber. Ma première, c'était la CB6000, une cage transparente et assez large que j'avais achetée sur internet. Il se trouve que je n'ai pas un très gros membre, donc je pouvais avoir des petites érections et m'échapper. À l'époque, il n'y avait pas autant de modèles qu'aujourd'hui.
- Ça ressemble à quoi, une bonne cage ?
Il faut vraiment la choisir à la bonne taille, sinon elle bouge et c'est désagréable. Une bonne cage peut coûter cher : 100 euros, et la même somme pour un bon cockring. Le modèle cobra, noir et ajouré, est devenu la référence : ça maintient bien et la serrure est intégrée, il n'y a pas besoin d'ajouter un cadenas. Mais les plus confortables sont en métal.
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- Tu l'utilises comment ?
Tout le plaisir de la cage, c'est qu'un autre décide de ta sexualité, et que cette domination s'étend hors des parties de baise… Au début, je la portais deux fois par semaine, pendant la journée. J'avais un peu peur de rester bloqué, alors je gardais toujours la clef près de moi. Je devais envoyer une photo à mon maître, qui était aussi mon copain, pour lui montrer que je la portais bien. Rapidement, je l'ai mise tous les jours, y compris bien sûr lors de nos rapports.
- Tu ressens quoi lorsque tu la mets ?
Comme je suis souvent un peu excité à ce moment-là, la manœuvre peut être compliquée. Ça m'excite beaucoup d'envoyer la photo de la cage à mon maître, et qu'il me montre en retour sa grosse érection, réaffirmant son statut de dominateur. Si tu bandes, ça tire, c'est franchement inconfortable. Pendant la journée, je la sens quand je m'assois ; sinon je l'oublie, surtout si je me strappe par-dessus.
- Et tu n'as même pas le droit de la retirer pour pisser ?
Au début, j'urinais toujours assis et j'apprenais peu à peu à diriger le jet pour ne pas en mettre partout. Quand tu mets une cage plus petite qui rentre un peu dans l'urètre, paradoxalement, le jet est plus simple à contrôler et je peux alors aller aux urinoirs – et sentir le regard des garçons qui découvrent que je porte une cage. C'est très, très excitant.
- Mais… tu n'as jamais d'orgasme ?
Quand on a commencé, on n'avait pas fixé de limite à mes orgasmes, et je me masturbais le soir principalement. Petit à petit, on a instauré des règles de plus en plus restrictives où je devais demander l'autorisation de me branler. J'ai déjà triché parce que je n'arrivais pas à résister. Je sais, c'est mal… mais ça n'arrivait pas souvent. Quand mon copain m'interdisait de me masturber, c'était tellement excitant ! En plus il m'envoyait souvent une vidéo de lui en train de s'astiquer. C'est pervers, j'adore. Un jour, on a découvert qu'utiliser un vibro me permettait d'éjaculer tout en gardant la cage, sans même bander. C'est devenu mon su-sucre lorsque j'étais particulièrement sage.
- Étre dominé, contrôlé à longueur de temps,ça ne te fait pas peur ?
Dans la vie de tous les jours, j'aime être dans le contrôle, de façon quasi obsessionnelle. Donc c'est agréable de pouvoir me lâcher totalement dans un espace sécurisé, dans un jeu dont j'ai défini en amont les bornes. En même temps, on repousse toujours ces limites, mais c'est réfléchi, choisi, car j'y trouve du plaisir.
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- Jusqu'où êtes-vous allés avec ton copain ?
Comme je n'arrivais pas à dormir avec la cage, je me sentais encore trop libre. Alors pour compenser je lui avais demandé de me filmer pendant la nuit. Il avait ainsi accès en permanence à ce qu'il se passait chez moi. Par la suite, il me donnait des ordres en plein milieu de la journée et je devais m'exécuter, c'était génial. Il choisissait mes sous-vêtements – souvent de la lingerie – et parfois même ce que je mangeais à la cantine du travail. À la fin, je devais carrément mettre la clef de ma cage dans une boîte dont il contrôlait l'ouverture depuis son téléphone.
- À ce point, ne tombe-t-on pas dans une forme d'emprise ?
Dans une relation domi-soumis, c'est très souvent le soumis qui donne le tempo ! Ces règles m'allaient très bien et je m'éclatais. Seulement, deux ans après avoir commencé, mon maître a commencé à ne pas bien différencier ce qui était dans et en dehors du jeu, alors que la différence était très claire pour moi. Avoir un espace hors du jeu où tu peux discuter de tes limites et qu'elles soient respectées, c'est indispensable. À la fin, je n'avais plus confiance en lui, donc on s'est séparés.
- Tu es content quand même de ta formation de soumis ? Tu as trouvé un autre maître ?
Avant, je n'imaginais pas la vie sans éjaculation. J'ai appris à me faire baiser sans bander, en développant d'autres zones érogènes de mon corps, comme mes tétons. À la fin, je réussissais à jouir malgré ma cage rien qu'en me les touchant. Le problème, c'est que ce fantasme nécessite une forte complicité avec l'autre personne : je ne me vois pas du tout pratiquer ça avec un plan cul.
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Crédit photo : The Cage