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sexoMasturbation : vos bons plans pour se branler sans porno

Par Nicolas Scheffer le 29/12/2022
dessin masturbation

Nos lecteurs ont du talent. Dans le cadre de notre dossier porno à lire dans le têtu· de l'hiver disponible en kiosques, ils nous ont livré leurs meilleurs plans pour que la masturbation ne se limite pas aux tubes.

Illustration Romain Lamy

Le porno est un art. Et l’on ne compte d’ailleurs plus le nombre de chefs-d’œuvre, amateurs ou non, qui essaiment sur la toile en rivalisant avec les plus grands films des plus grands réalisateurs de ce siècle. J’exagère ? Probablement, en tout cas, force est de constater que notre consommation, souvent frénétique, et nos recherches à la va-vite rendent certaines de nos branlettes mécaniques, désincarnées, voire particulièrement décevantes. 

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Si vous en êtes arrivé à ce constat, sachez qu’il existe des alternatives. Et quand il s’agit d’ouvrir les horizons de l’onanisme, nos lecteurs sont une ressource inépuisable d’ingéniosité ! I-ma-gi-na-tion, scandent à l’unisson la majorité des personnes ayant répondu à notre appel à témoignages, avant de mettre en avant l’importance des forces de l’esprit dans leur sexualité solitaire.

Des récits érotiques variés

“Dans le porno, tu sais exactement à quoi t’attendre : tu cherches telle catégorie, qui va répondre à certaines de tes envies du moment. Ce que tu vas trouver sera ensuite assez formaté”, observe Thomas, un Lyonnais de 24 ans qui délaisse désormais les tubes de porno pour des récits coquins qu’il trouve sur internet. “Quand tu prends des histoires, des illustrations ou des vocaux, tu peux construire dans ta tête tout ce qui n’est pas décrit”, ajoute-t-il.

Le jeune homme a pris l’habitude de se rendre sur le site cyrillo.biz, où sont répertoriées des milliers d’histoires écrites par des internautes. “Il y a un côté voyeur à entrer dans une histoire où les personnages vont avoir plus d’épaisseur que dans les pornos. Le contexte est même souvent plus excitant encore que la scène de sexe en elle-même”, analyse, au bout du téléphone, ce bisexuel passionné de littérature. Contrairement aux scènes de baise, qui se terminent toujours de la même manière, les récits ont également la particularité d’offrir des résolutions variées à leurs intrigues. “Je suis versatile, j’aime être surpris”, plaisante-t-il.

Mangas pour adultes

De son côté, si Nicolas apprécie également les histoires, il est plus sensible aux coups de crayon, en particulier quand il s’agit de ceux du mangaka Gengoroh Tagame, figure incontournable dans l’illustration homoérotique japonaise, adepte des scènes de strangulation et autres joyeusetés. Ainsi, dans le premier tome de House of Brutes, quand Torazou, rentré vaincu de la Seconde Guerre mondiale, convole en justes noces, il n’imagine pas devenir l’esclave sexuel de son beau-père… “Ça fait travailler mon imagination et me permet d’imaginer des scènes qui ne pourraient pas advenir dans la vie réelle”, raconte le jeune homme. Sur la plateforme de financement participatif Patreon, il dépense d’ailleurs 5 à 10 euros mensuels pour soutenir des créateurs de mangas érotiques gays. 

Les podcasts : cris et chuchotements de plaisir

Chez certains, la machine à alimenter les fantasmes passe par un autre sens, l’ouïe. Et pour cela, la Bibliothèque des orgasmes, disponible gratuitement sur internet, est un petit trésor. Sur ce site, des femmes enregistrent le son de leurs gémissements et autres râles de plaisir, seules ou accompagnées. Le but, faire entendre la “vraie voix du plaisir féminin”, et créer de l’intimité entre l’internaute et ce qu’il écoute. Dans le même genre, les podcasts Voxxx, où une voix langoureuse déroule dans chaque épisode un scénario excitant – il en existe d’ailleurs pour tous les goûts et toutes les orientations – ou Xstory, 100% mecs, satisferont ceux à la recherche de plus de récits.

Dans le domaine de la masturbation guidée, ou JOI (pour “Jerk Off Instruction”, “instructions pour se branler”), Arthur, la vingtaine, conseille quant à lui BAP-asmr : “Parfois, j’en écoute même dans la rue, avec mes écouteurs…” 

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Échange de nudes et vidéos live

Jamais à court d’idées pour se branler, la communauté fait aussi dans le partage de nudes. “Il n’y a rien de mieux qu’échanger des photos hot avec des inconnus à l’autre bout de la France”, conseille Arnaud, 32 ans. Cet Auvergnat s’est ainsi doté d’un compte dédié sur Snapchat, où il est membre de groupes spécialisés mais échange aussi individuellement avec des mecs. “Ça me semble plus authentique que le porno : les gens sont comme toi et moi, et le fait que ce soit en direct est très excitant”, fait-il valoir, ajoutant préférer les photos éphémères, prises dans l’instant, à celles, travaillées, largement diffusées sur le Twitter porno. Sur Snap, l’interaction permet de se chauffer comme si on y était, voire d’entretenir une relation à distance, comme un plan cul virtuel régulier.

Si vous avez besoin de compagnie pour vous masturber, on peut aussi vous proposer un site comme Flingster. Le principe – être connecté aléatoirement à d’autres utilisateurs via sa webcam – est le même que le légendaire Chatroulette, sauf qu’on est tous ici pour la même chose… “J’aime m’exhiber devant des inconnus, reprend Arnaud. On n’échange même pas nos prénoms, juste nos fantasmes et notre intimité. On se crée un espace où tout est possible.” Les utilisateurs peuvent choisir à tout moment de passer à quelqu’un d’autre, sans possibilité de revenir en arrière, créant un moment suspendu au consentement des partenaires.

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