En partenariat avec Hinge, quatre personnes queers témoignent de la manière dont les étiquettes LGBT classiques peuvent s'avérer contraignantes, et racontent pourquoi iels privilégient aujourd'hui une approche fluide du genre et de la sexualité.
Vous connaissez déjà les butchs et les fems, mais connaissez-vous les futchs ? Contraction des deux premiers, ce terme est utilisé pour définir les femmes lesbiennes qui présentent un style tantôt masculin, tantôt féminin, ou qui n’hésitent pas à mélanger les deux. Elles sont le symbole d’une fluidité nouvelle qui inonde le dating en ligne, une tendance identifiée par l’application de rencontre Hinge. LGBTQIA+ : la liste s’allonge, et aucune raison de ne pas faire de place à tout le monde. Mais sommes-nous vraiment réductibles à une simple lettre de l’alphabet ? Le paysage de nos identités n’est-il pas bien plus vaste ?
Une nouvelle génération
"Les étiquettes portent une histoire de résilience. Simplement, je n’apprécie pas quand elles sont utilisées de manière réductrice. Je suis bien plus qu’une femme « trans », « arabe », « musulmane », « racisée », « immigrée », « star », « belle »… Je suis toutes ces choses à la fois, fièrement."
Lalla Rami (elle), chanteuse
Faire des termes "gay" et "lesbienne" des symboles de fierté fut un combat long et semé d’embûches. Si cette lutte a ébranlé l’ordre hétéronormatif, nombre de LGBTQIA+ déclarent aujourd’hui éprouver une certaine lassitude vis-à-vis de ces appellations. La chanteuse Lalla Rami explique : "Les étiquettes portent une histoire de résilience. Simplement, je n’apprécie pas quand elles sont utilisées de manière réductrice. Je suis bien plus qu’une femme "trans", "arabe", "musulmane", "racisée", "immigrée", "star", "belle"… Je suis toutes ces choses à la fois, fièrement." Un ressenti partagé par 48 % des utilisateur·ices queers de Hinge. Et celleux issu·es de la Gen Z sont 39 % plus susceptibles que les millennials de reconsidérer leur étiquette d’identité sexuelle après un crush inattendu. Une génération qui s’identifie d’ailleurs comme queer à des taux nettement plus élevés que les précédentes. Résolument ouverte à plus de fluidité, elle invente de nouvelles façons de s’identifier.
Les personnes non-cis en première ligne
"Le genre et l’identité sexuelle sont une aire de jeu. Il ne s’agit jamais de s’enfermer ou de s’ajouter des contraintes."
Chéri (elle), chanteuse
Les queers forment une communauté soudée, mais nos expériences sont diverses et, face à la "label fatigue", tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Si les étiquettes peuvent aider à s’affirmer, ces catégories sont aussi sources de préjugés et peuvent polluer l’expérience de la rencontre. Ainsi, 33 % des utilisateur·ices trans confient ressentir un malaise avec le fait de se définir en ligne, contre seulement 22 % chez les hommes gays. Chez les personnes non-binaires, le phénomène est encore plus marqué : iels sont 63 % plus susceptibles de faire l’objet de présupposés sur leur rôle dans une relation. Face au jugement voire au fétichisme, difficile d’affirmer ses identités multiples. Pourtant, 72 % des utilisateur·ices transgenres ont déjà changé d’étiquette de sexualité à un moment de leur vie. Depuis qu’elle a dépassé cette pression, l’artiste et interprète Chéri cultive une grande versatilité : "Le genre et l’identité sexuelle sont une aire de jeu. Il ne s’agit jamais de s’enfermer ou de s’ajouter des contraintes."
Une fluidité encore très féminine
"Souvent, je me suis laissé séduire par le physique de quelqu’un, alors que c’était l’énergie de l’autre personne juste à côté qui me plaisait."
Gloria (elle), cheffe
Sur Hinge, les femmes queers sont deux fois plus nombreuses que les hommes queers à avoir déjà changé d’appellation pour définir leur sexualité. Longtemps, la cheffe Gloria s’identifiait comme lesbienne. Et puis : "J’ai été attirée par le père de mon fils. C’était complètement inattendu. Mon attirance pour lui était surtout humaine, je me sentais connectée à ses valeurs et sa vision de la vie. Nous avons décidé de transformer ceci en faisant notre bébé. On a construit une famille sans être en couple." Un témoignage qui illustre une tendance marquée : les femmes sont 1,7 fois plus susceptibles que les hommes à envisager de sortir avec une personne en dehors de leur préférence de genre habituelle.
Vers un dating queer
"Masc for masc", "pas mon genre", "je ne date pas en dessous d’1m80"… Combien de fois avez-vous entendu ces phrases ? Mélange de projection et d’idéalisation, cette quête – qu’on appelle la "spirale du type" – s’avère bien souvent vaine. Tous les coachs en amour le diront : les plus belles histoires commencent avec une surprise. Alors, comment se libérer de l’obsession du prince charmant ou de la princesse endormie ? Dans un contexte où les rôles de genre sont moins marqués, qui doit faire le premier pas ? Comment s’émanciper de l’hétéronorme qui influence les plus déconstruit·es d’entre nous, parfois tout à fait inconsciemment ? Qu’est-ce que le dating queer du futur ? Lalla Rami tente une réponse : "Pour moi, c’est ne pas se contraindre aux diktats de la société afin d’établir une connexion avec un autre être humain. C’est une expérience où l’on apprend sans cesse de nouvelles manières d’aimer, loin des schémas classiques à la Disney." Si vous hésitez à faire le premier pas, sachez que 57 % des utilisateur·ices LGBTQIA+ de Hinge préfèrent recevoir le premier message, et 63 % n’ont pas de préférence quant à savoir qui organise le premier rendez-vous.
D’ailleurs, chez les utilisateur·ices français·es qui déclarent avoir déjà ressenti une attirance pour une personne en dehors de leur genre habituel, l’élément déclencheur était : l’énergie et la vibe à 86 %, l’humour à 41 % et enfin 39 % en raison de la façon dont iels se sont senti·es considéré·es durant le rendez-vous. De quoi redonner confiance aux plus jeunes ! La peur de paraître gênant et la volonté de ne pas avoir l’air trop enthousiaste restent deux grands obstacles difficiles à dépasser pour la Gen Z. Il a fallu du temps à Chéri pour parvenir à lâcher prise : "Je découvre de nouvelles attirances maintenant que je me sens moi-même et bien dans ma peau. C’est encore tout neuf, mais je suis pour la première fois de ma vie attirée par des personnes fluides et fem."
"Dater, c’est comme explorer un autre monde. C’est risqué mais c’est aussi l’occasion de casser la routine et de découvrir de nouvelles choses, de se réinventer face à quelqu’un qui ne sait rien de nous."
Yassin Chekkouh (il), coach sport & mannequin
Établir une vraie connexion demande des efforts. Alors, prenez le risque et envoyez ce message ! "Dater, c’est comme explorer un autre monde. C’est risqué mais c’est aussi l’occasion de casser la routine et de découvrir de nouvelles choses, de se réinventer face à quelqu’un qui ne sait rien de nous", résume avec poésie le mannequin et coach sportif Yassin Chekkouh. Qu’importe les étiquettes, le premier verre est toujours un saut dans le vide !