À deux mois de la Pride, il est temps de préparer sa playlist. Cette année, attendez-vous à entendre "Pink Pony Club", le tube redécouvert de Chappell Roan qui est devenu en peu de temps un hymne pour la communauté LGBT+.
Si vous cherchez à agrémenter un dîner queer, posez la question : quel est l'hymne de la communauté LGBTQI+ ? Puisque la fête a toujours accompagné nos luttes, comment s'étonner que fusent de multiples réponses… En 1986, Cyndi Lauper offre au monde "True Colors", hit dédiée à sa sœur lesbienne : "Je vois tes vraies couleurs et c'est pour ça que je t'aime. N'aie pas peur de leur montrer tes vraies couleurs car tes vraies couleurs sont belles comme un arc-en-ciel." À son tour, en 2011, Lady Gaga nous donne "Born This Way" : "Aime-toi aujourd'hui parce que tu es né·e comme ça." Nos playlists de Prides sont remplies de ces titres fédérateurs qui célèbrent la différence et nos identités queers : "I Want to Break Free" de Queen, "All the Lovers" de Kylie Minogue, "Firework" de Katy Perry… et, désormais, "Pink Pony Club" de Chappell Roan !
Devenue en peu de temps l'une des popstars les plus en vogue de la scène internationale, l'Américaine aujourd'hui âgée de 27 ans avait sorti ce titre au printemps 2020. Mais il était alors passé à peu près inaperçu avant de connaître un succès fou en 2024, notamment auprès d'un public queer, au point de dépasser les 528 millions d'écoutes sur Spotify. Il faut dire que "Pink Pony Club" est un morceau pop savamment construit, avec un pré-refrain qui monte en crescendo jusqu'au refrain, entêtant dès la première écoute avec son rythme dansant, et un inoubliable solo de guitare juste avant le pont. Mais au-delà de la forme, c'est une chanson que l'on adore pour son fond…
Chappell Roan y raconte l'histoire d'une jeune femme qui rêve de quitter son Tennessee natal pour explorer Los Angeles après avoir entendu parler d'un lieu où "les garçons et les filles peuvent toustes être des reines". C'est ainsi qu'elle atterrit au Pink Pony Club, grimpant sur la scène perchée sur des talons pour danser encore et encore. Si elle rassure sa mère inquiète en lui garantissant de ne pas l'oublier, pour elle, tout a changé : elle a trouvé sa place dans cet endroit magique dont on a tous rêvé un jour.
"Pink Pony Club" poursuit "Smalltown Boy"
Dans une interview pour le magazine The Daily Shuffle, la chanteuse explique s'être inspirée de sa propre expérience. Originaire du Missouri (État voisin du Tennessee), Kayleigh Rose Amstutz – son nom à la ville – raconte s'être rendue dans un "Pink Pony Club" bien réel du quartier gay de Los Angeles : "Je suis allée dans un bar gay du quartier de West Hollywood, The Abbey, et je suis sortie changée de cette expérience. J'ai été galvanisée par les go-go dancers et je me suis demandé à quel point ça devait être génial d'en être un, donc j'en ai fait une chanson."
Avec ce morceau, Chappell Roan revisite un thème queer bien connu, au cœur d'ailleurs d'un autre hymne gay, "Smalltown Boy" de Bronski Beat, sorti en 1984 : naître dans une petite ville ou à la campagne, prendre conscience dans la solitude de son identité LGBTQI+, puis monter à la ville et découvrir sa famille choisie en tombant sur une soirée queer, un bar communautaire, une Marche des fiertés… Dans le tube de Bronski Beat, plus dramatique, le personnage fait son baluchon au petit matin, poussé par l'impérieux besoin de fuir : "Maman ne comprendra jamais pourquoi tu as dû partir, mais les réponses que tu cherches ne se trouveront jamais à la maison, l'amour dont tu as besoin ne se trouvera jamais à la maison…"
Quarante ans plus tard, Chappell Roan reprend l'idée de couper le cordon – "ça ne rendra pas maman fière, ça va faire une scène" – mais elle est arrivée à destination : place à la joie d'avoir trouvé son "Pink Pony Club", avec "de la lumière noire et une boule disco" et "des gens qui se chopent dans les toilettes", comme le chante la popstar lesbienne dans un hymne à nos refuges de toujours et aux espaces safe si importants pour la jeune génération. Une expérience transgénérationnelle qu'illustre à la perfection son interprétation en duo avec sir Elton John : hymne validé !
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Crédit photo : CBS / Paramount+