L'administration Trump doit reprendre la délivrance de passeports avec le genre "X" ou un genre différent de celui de naissance pour les personnes transgenres ou non-binaires, interrompue depuis janvier par un décret présidentiel.
Nouveau revers au tribunal pour le trumpisme. Ce mardi 17 juin, une juge fédérale de Boston a ordonné à l'administration américaine de reprendre la délivrance des passeports avec la mention du genre neutre "X" ou d'un genre différent du genre de naissance, interdite depuis le mois de janvier à la suite de l'un des décrets anti-trans signés par le président Donald Trump dès son arrivée à la Maison-Blanche.
En avril, la même juge avait déjà conclu au caractère probablement discriminatoire du décret en question. Elle avait donc suspendu, au bénéfice de six plaignants transgenres ou non-binaires, ce changement de la politique de délivrance des passeports. Aujourd'hui elle va plus loin en étendant cette suspension à l'ensemble des personnes transgenres ou non-binaires affectées par le changement de politique et dont les droits, écrit-elle, "ont probablement été violés par la politique de délivrance de passeports et qui sans cela subiraient probablement un préjudice irréparable". En attendant qu’un jugement soit rendu sur le fond de cette mesure, elle ordonne donc au département d'État, l'équivalent du ministère de la Justice, de reprendre la délivrance de ces documents.
La justice face au trumpisme
Le premier passeport américain avec genre "X" avait été délivré en 2022 sous l'administration Biden. Le département d'État avait alors précisé que cette case s'adressait aux "personnes non-binaires, intersexes" et plus largement celles qui ne se reconnaissent pas dans les critères de genre proposés jusqu'alors. Mais dès le 20 janvier, jour de son investiture, Donald Trump avait signé un décret ordonnant à son administration de reconnaître l'existence de seulement "deux sexes" définis à la naissance : "À partir d'aujourd'hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu'il n'y a que deux sexes, masculin et féminin."
Ce n'est pas la première fois que la justice intervient pour corriger certains effets du trumpisme. Dès avant sa réélection, les tribunaux ont ainsi retoqué plusieurs des lois anti-LGBT qui ont essaimé, dans le sillage du premier mandat du milliardaire, dans les États conservateurs du pays. Ce lundi 16 juin, des juges fédéraux de Boston sont également intervenus pour suspendre la décision présidentielle d'interdire l'entrée de nouveaux étudiants internationaux à l'université Harvard, ou encore pour déclarer "nulle et non avenue" la suppression par l'administration Trump des subventions des Instituts nationaux de la santé (NIH) pour la recherche sur des sujets liés à la diversité. Bonne nouvelle : l'État de droit n'abdique pas face au trumpisme.
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