Revenu à la présidence des États-Unis, Donald Trump a signé dès son investiture, ce lundi 20 janvier, pas moins de trois décrets anti-trans, dans le droit fil de sa campagne électorale ouvertement transphobe.
C'est ce qui s'appelle donner le ton. Dès le premier jour de son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a choisi de s'en prendre aux droits des personnes transgenres, comme il l'avait promis promis au cours de sa campagne électorale ouvertement transphobe. "À partir d'aujourd'hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu'il n'y a que deux sexes : masculin et féminin", a-t-il proclamé dans son discours d’investiture, ce lundi 20 janvier à Washington. Dans la foulée, le 47ᵉ président des États-Unis a signé une centaine de décrets dont trois s'en prenant aux personnes trans : le premier énonce que les "sexes ne sont pas modifiables", le deuxième met fin aux programmes de diversité et d'inclusion dans l'administration fédérale, et le troisième interdit l'utilisation de fonds fédéraux pour "promouvoir l'idéologie de genre".
Long de sept pages, le premier décret présidentiel prétend dans son titre "défendre les femmes de l'idéologie extrémiste et restaurer la vérité biologique au sein du gouvernement fédéral". On y retrouve les fables habituelles du lobby tranpshobe, qui ont inspiré sous nos latitudes le pamphlet Transmania : le texte estime ainsi que des "hommes" transitionnent dans le but, évidemment mal intentionné, "d'accéder aux espaces intimes non-mixtes et aux activités dédiées aux femmes"… Au passage, le document précise rendre caduc le décret qui, sous l'administration de Joe Biden, avait aboli l'interdiction des personnes trans dans l'armée mise en œuvre lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021).
Interdiction du changement d'état civil
L'administration Trump nous apprend ensuite quelques définitions : "« femelle » définit une personne qui appartient, à sa conception, au sexe qui produit les grandes cellules reproductrices" ; "« mâle » définit une personne qui appartient, à sa conception, au sexe qui produit les petites cellules reproductrices" ; "« idéologie du genre » remplace la catégorie du sexe avec un concept en constante évolution d'identité de genre autoattribuée, permettant une fausse affirmation que les hommes peuvent s'identifier et même devenir des femmes et vice et versa, et exigeant de toutes les institutions de la société de reconnaître comme vraie cette affirmation fausse."
Résultat, tous les documents administratifs "incluant les passeports, visas, les cartes [du programme] Global entry, doivent refléter le sexe du titulaire" tel que défini à la naissance. Les passeports devront nécessairement porter mention du sexe biologique et ne pourront plus porter la mention "X" du genre neutre, possibilité née sous la présidence démocrate de Joe Biden. "Chaque agence et chaque employé fédéral doit mettre en œuvre des lois renforçant les droits basés sur le sexe à la naissance" ; "les fonds fédéraux ne devront pas être utilisés pour promouvoir l'identité de genre", peut-on encore lire.
Principal argument de campagne
Ces premières mesures anti-LGBT – qui s'accompagnent de décisions anti-écologiques, anti-immigration, protectionnistes, etc. – ne sont pas une surprise : Donald Trump les avait promises tout au long de sa campagne, en particulier de s'attaquer à ce qu'il désigne comme "délire transgenre". Dans la foulée de son élection en novembre 2024, de nombreuses entreprises américaines ont même anticipé en annonçant l'arrêt de leurs dispositifs Diversité, équité et inclusion (DEI) visant à améliorer les ressources humaines.
Dans l'intervalle entre les deux mandats du président milliardaire, la Cour suprême – ancrée dans le conservatisme par les trois juges qu'il y avait nommés, tous alignés sur la droite religieuse – avait poursuivi l'œuvre trumpiste, permettant aux États fédérés, dans une décision rendue en avril 2024, d'interdire tout acte médical pour les mineurs. Selon l'organisation LGBT Human Rights Campaign (HRC), 26 ont déjà légiféré en ce sens. Le William Institute, un centre de recherche sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre affilié à l'université de Californie, recense 1,3 million d'adultes dans le pays se définissent comme transgenres – soit 0,5% de la population – et 300.000 mineurs de 13 à 17 ans. Le second mandat de Donald Trump doit encore durer 1.460 jours.
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Crédit photo : Jim Watson / AFP