tribuneDroit LGBT+ : faisons de nos communes des territoires d'émancipation

Par tribune le 23/06/2025
Des militants arborent fièrement leurs drapeaux trans et LGBT sur la statue de la place de la République, à Paris.

Un an avant les élections municipales de 2026, plus de 280 élus locaux appellent à encourager des politiques municipales pro-LGBT+, à l'initiative de Sophie Roques, présidente de l'association Homosexualités et socialismes (HES) et élue (PS) de Marseille. Cette tribune inaugure un réseau de communes LGBT-friendly.

Nous sommes élu·es locaux·ales, maires, adjoint·es, conseiller·es municipaux·ales, communautaires. Nous sommes lesbiennes, gays, bi, trans, queers ou allié·es. À l’occasion du mois des Fiertés, nous tenons à réaffirmer nos engagements pour les droits des personnes LGBTQI+.

Dans un contexte marqué par des attaques contre les droits des femmes et contre ceux des minorités sexuelles et de genre, la progression des discours de haine, et des replis identitaires, nos communes doivent être des remparts et des leviers d’émancipation.

Les services municipaux ne sont pas toujours à même de garantir un accueil digne et inclusif. Trop souvent, les familles homoparentales, les jeunes et seniors LGBTQI+, les personnes trans sont invisibilisé·es, marginalisé·es, exclu·es des politiques locales. Cette exclusion est renforcée par le désengagement national : les gouvernements successifs sous Macron n’ont pas fait de la lutte contre les LGBTphobies une priorité, menant à des augmentations des violences déclarées par les personnes concernées, et une France qui recule vis-à-vis de ses voisins sur les droits LGBTI+.

Adopter des plans d'action

Mais la réalité est plurielle. Les grandes villes concentrent souvent une partie des actions et des structures engagées, alors que dans les territoires ruraux, périurbains ou isolés, les discriminations prennent d’autres formes, parfois plus silencieuses. Les manières de faire communauté y sont différentes, mais tout aussi essentielles. Nous devons agir partout.

Nous portons des engagements concrets, inspirés de nos réalités locales et des recommandations du Rainbow Cities Network, réseau international des villes engagées. Cela commence par une volonté politique claire : créer des délégations ou des postes dédiés aux politiques LGBTIQ+, adopter des plans d’action coconstruits avec les associations de nos territoires. Cela passe aussi par la formation des agents publics, la mise à jour des formulaires administratifs, la création de conseils consultatifs associant les habitant·es concerné·es. Il faut rendre visibles les cultures et les mémoires LGBTQI+ dans nos rues, soutenir les initiatives artistiques et associatives, garantir l’accès aux droits à toutes les étapes de la vie. Et il faut également agir pour la sécurité : dispositifs de signalement, formation des forces de l’ordre dont les équipes municipales, protection des victimes.

Réseau de communes

De nombreuses communes en France montrent déjà l’exemple. À Paris, avec l’installation du mémorial hommage aux victimes homosexuelles de la déportation et à toutes les personnes LGBTQI persécutées dans l’histoire, à Marseille, avec une permanence d’état civil au plus proche des personnes trans, à Bordeaux, avec un plan de lutte contre les discriminations, à Nantes, avec une visibilité accrue dans l’espace public, mais aussi à La Courneuve ou à Chenevelles, des politiques publiques locales audacieuses ont vu le jour. Elles prouvent que l’échelon municipal est pertinent pour agir et pour transformer. Nos villes peuvent être actrices du vivre ensemble, en mettant en œuvre des politiques publiques au plus proche des réalités des personnes LGBTQI+, des associations, des collectifs…

Nous appelons les communes, quelles que soient leur taille ou leur localisation, à rejoindre un réseau des "communes fières et inclusives", à mutualiser leurs pratiques, leurs outils, leurs expériences, à porter ensemble une stratégie d’égalité ancrée dans le réel, partout sur le territoire.

À l’approche des élections municipales de 2026, nous affirmons que l’égalité des droits est une exigence et qu’elle doit devenir une boussole pour l’action publique locale, tout au long de l’année. Parce que l’égalité se construit ici et maintenant, dans chaque ville, chaque quartier, chaque village. 

En ce mois des Fiertés, nous marchons comme élu·es aux côtés des associations, des familles, des jeunes comme des seniors LGBTQI+, de toutes celles et ceux qui, parfois encore, doivent lutter pour vivre pleinement qui ils et elles sont.

Marcher, c’est aussi dire que nos communes ont un rôle essentiel à jouer pour garantir les droits de chacun·e.

Premiers signataires :

Sophie Roques, adjointe au maire de Marseille et présidente de HES (PS)
Johanna Rolland, maire de Nantes (PS)
Mathieu Klein, maire de Nancy (PS)
Nathalie Appéré, maire de Rennes (PS)
Michaël Delafosse, maire de Montpellier (PS)
Nicolas Mayer Rossignol, maire de Rouen (PS)
Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS)
Luc Carvounas, maire dʼAlfortville (PS)
David Samzun, maire de Saint-Nazaire (PS)
Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, premier secrétaire du Parti socialiste (PS)
Ian Brossat, sénateur de Paris (PCF)
Mélanie Vogel, sénatrice des Français de l'étranger (EELV)
Rémi Féraud, sénateur de Paris (PS)
Marie-Arlette Carlotti, sénatrice des Bouches-du-Rhône (PS)
Emmanuel Grégoire, député de Paris (PS)
Patrick Bloche, Premier adjoint à la maire de Paris (PS)
Karim Benbrahim, député de Loire-Atlantique (PS)
Emma Rafowicz, eurodéputée (PS)
Fatiha Keloua Hachi, députée de Seine-Saint-Denis (PS)
Arthur Delaporte, député du Calvados (PS)
Dieynaba Diop, députée des Yvelines (PS)

La liste complète des signataires est à retrouver via ce lien.

À lire aussi : Le soutien aux LGBT+ dans le monde s'érode mais reste élevé, selon une étude Ipsos

Crédit photo : Victoria Valdivia / Hans Lucas via AFP