[Article à retrouver dans le magazine têtu· de l'été, ou sur abonnement] Il fallait bien une Légende pour accompagner une icône. Et la star française de la scène ballroom Giselle Palmer était émerveillée de poser avec Bambi pour notre numéro spécial 30 ans !
Photographie : Ben Fourmi pour têtu·
Quand on la joint pour évoquer son parcours, elle est partie à Tokyo donner des cours de danse. Giselle Palmer nourrit cette passion depuis l'âge de 12 ans : "C'est moi qui montrais les chorégraphies de Destiny Child à mes copines." Elle avait déjà un caractère bien trempé et une âme de cheffe ; c'est par la danse qu'elle trouvera son chemin.
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En CAP cuisine en alternance, dans sa classe entourée de garçons, elle se sentait déjà comme "la seule fille". Aujourd'hui, elle est encore sous le coup de l'émotion d'avoir pu rencontrer Bambi, pionnière trans. Née en 1994, Giselle ne se souvient pas d'un moment particulier où elle aurait pris conscience de sa propre transidentité : "C'est juste moi."
Légende ballroom
En 2013, un ami danseur, Matyouz, la traîne au Générateur, un espace artistique à Gentilly, sa ville natale, dans le Val-de-Marne, pour une démonstration de ballroom. "C'est trop, pas besoin d'en faire autant", pense d'abord la jeune femme devant ces personnages flamboyants qui s'affrontent en défilant dans une cacophonie de paillettes et de fierté démonstrative. Sa curiosité – et sa gourmandise pour les jolis garçons de la scène – la ramènera néanmoins à un ball, impatiente mais tétanisée par la peur du jugement : "Je comprenais que c'était fait pour moi mais je ne voulais pas me faire cramer." En 2014, elle saute enfin à pieds joints dans la scène ballroom et croise le chemin de Keiona, "cette grande folle qui traversait la pièce en faisant la roue avec son crop-top violet". Dans un coup de foudre maternel, la future gagnante de la saison 2 de Drag Race France la prend sous son aile – "je vais te préparer, je ne doute pas de toi" – et la baptise du prénom de "Giselle" – que Gigi adopte officiellement lors de son changement d'état civil.
À l'automne 2016, elle intègre la House of Revlon et trace sa route avec tellement de bienveillance et de rigueur professionnelle qu'elle en devient la godmother. Entourée de sa nouvelle famille – Matyouz, Keiona, Vinii et Kiddy Smile –, Giselle Palmer concourt dans la catégorie Vogue fem et gagne au fil de ses passages sur la scène le titre de "Légende". "Ça signifie que tu es imbattable, traduit-elle. C'est plus qu'une récompense, c'est un sacre."
Aujourd'hui, Gigi est reconnue à l'international pour ses compétences scéniques. "Je n'ai jamais été aussi heureuse, et je dois tout ça à mon authenticité. Ça permet de faire le tri. Il ne s'agit pas d'être méchante, mais de savoir mettre les formes sans compromis. Tout est plus simple quand on reste soi." L'an dernier, c'est la consécration, puisqu'elle se retrouve dans le fameux tableau "Festivité" de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, à porter nos fiertés sur la passerelle Debilly aux côtés de Barbara Butch, Nicky Doll, Raya Martigny, etc. Et bien sûr, on l'a également vue briller lors du premier ball olympique, organisé au pied de la tour Eiffel. Plus vite, plus haut, Palmer !
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