LGBTQI+Paris : 10 logements mis à disposition pour les réfugiés LGBT+

Par Marion Chatelin le 10/07/2018
réfugiés

Une convention tripartite a été signée, ce mardi 10 juillet 2018, entre la mairie de Paris, l'Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans' à l'immigration et au séjour (Ardhis) et le bailleur social Adoma, pour mettre à disposition des réfugié.e.s LGBT+ 10 studios par an. Un première historique pour la capitale, qui se lance dans un partenariat sur le long terme.

L'augmentation des demandes d'asile et la pénurie de logements ont poussé l'Ardhis à solliciter la ville de Paris, il y a quelques mois, afin de mettre à disposition des studios pour loger des réfugié.e.s LGBT+. C'est désormais chose faite. Une convention a été signée ce mardi 10 juillet 2018 par la ville de Paris, représentée par son adjoint au maire en charge du logement, Ian Brossat, et Hélène Bidard, l'adjointe chargée de la lutte contre les discriminations. De l'autre côté, Adoma, un bailleur social, qui met à disposition 10 logements de son parc à Paris intra muros, et enfin l'Ardhis, association œuvrant pour les droits des réfugiés LGBT+. L'adjoint au maire c'est félicité de la signature de cette convention historique sur son compte Twitter :

Pour les « nouveaux réfugiés »

1093. C'est le nombre de demandes d'accompagnement de demandeurs et demandeuses d'asile LGBT+ reçues par l'Ardhis en 2017. Un chiffre inégalé selon le rapport d'activité de l'association. Parmi toutes ces demandes, 187 ont abouti en 2017. C'est à ces personnes que s'adressent les 10 logements mis à disposition. Obtenir des papiers, c'est aussi obtenir le statut de réfugié, et c'est à partir de là que débute le moment « le plus délicat », explique à Têtu Thierry Moulin, président de l'Ardhis :

« Ces logements s'adressent à ceux qu'on nomme les 'nouveaux réfugiés'. Lorsqu'ils ont obtenu leur statut de réfugié, ils perdent automatiquement le statut de demandeur d'asile et les aides propres à ce statut. Il s'agit notamment d'aides financières, comme l'Aide aux demandeurs d'asile (ADA). Les trois mois qui suivent l'obtention des papiers sont les plus compliqués. C'est à ce moment là qu'il faut tout reconstruire, s'inscrire au RSA, trouver un logement, un travail, pour s'intégrer dans la société. »

Permettre aux réfugié.e.s LGBT+ qui ne peuvent pas être hébergé.e.s (par de la famille ou des connaissances) et encore moins postuler pour une location dans le privé, d'avoir un toit. C'est aussi leur donner un cadre pour effectuer les nombreuses démarches administratives qui leur incombent et mieux les accompagner. Le cercle est évidemment vertueux.

10 logements supplémentaires chaque année

La mise à disposition du logement est « temporaire ». Elle se fera aussi longtemps que le réfugié en a besoin avant de pouvoir intégrer le parc locatif privé. « Le but est de prendre en charge de nouveaux réfugiés, de faire tourner ces appartements », précise le président de l'Ardhis. Contacté par Têtu, Ian Brossat précise qu'il s'agit surtout d'une première étape :

« Le renouvellement de la convention se fera tacitement tous les ans. L'objectif est de rajouter chaque année 10 logements supplémentaires avec Adoma (le bailleur social, ndlr). Mais on souhaite également monter en puissance et élargir à d'autres bailleurs sociaux. On espère que cette initiative sera reprise dans d'autres villes. »

Selon Thierry Moulin, 70% des demandeurs d'asile qui se retrouvent sans hébergement sont des personnes LGBT+, un chiffre bien trop élevé. L'initiative était logiquement attendue par certains internautes :

Reste à savoir si le nombre de logements proposés pourra véritablement augmenter sur le long terme et faire face à la hausse de refugié.e.s LGBT+.
 
Crédit photo : capture compte Twitter de l'Ardhis.