La diplomatie du Vatican reste dans le placard

Par Jérémie Lacroix le 07/04/2016
Ambassadeur gay

Après plus d'un an de tensions diplomatiques entre Paris et le Vatican au sujet de la nomination de Laurent Stéfanini au poste d'ambassadeur près le Saint-Siège, la décision officielle - mais peu surprenante - est tombée : c'est non !

Laurent Stéfanini ne sera donc pas ambassadeur de France au Vatican comme le souhaitait François Hollande. Le chef de l'État avait nommé le 5 janvier 2015 en conseil des ministres ce diplomate chevronné pour succéder à Bruno Joubert, rappelé à Paris pour intégrer la Cour des comptes. François Hollande avait même maintenu ce choix tout au long de l'année passée, ouvrant un bras de fer avec l'État pontifical.
Pourtant, l'actuel chef du protocole de l'Élysée semblait être taillé sur mesure pour cette nouvelle mission. C'est tout d'abord un catholique pratiquant qui a été conseiller auprès du Ministère des Affaires étrangères pour les questions religieuses. C'est dire la maîtrise de Laurent Stéfanini. Il a été ensuite numéro 2 de l'ambassade de France près le Saint-Siège. Il dispose donc d'un large réseau au Vatican et la curie romaine le connaît déjà, ce qui n'est pas négligeable pour défendre efficacement les positions de la France.

Laurent Stéfanini
Laurent Stéfanini / Crédit photo : Reuters

Le Pape François ne veut pas d'un ambassadeur gay au Vatican

Cependant, ce pédigrée n'a pas suffit pour recevoir l'accréditation du Pape François, notamment en raison de l'homosexualité du diplomate. En effet, le souverain pontife ne veut pas d'un ambassadeur gay au Vatican et avait fait savoir qu'il ne cèderait pas, et ce malgré l'intercession de plusieurs personnalités religieuses, dont celle de l'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois.
Le Pape Francois avait d'ailleurs expliqué à Laurent Stéfanini en personne "n'avoir rien contre lui mais qu'en revanche il n'avait apprécié ni 'le mariage pour tous' ni les méthodes de l'Elysée qui a tenté de lui forcer la main", comme le rapporte le JDD.
Si cette décision déçoit nombre de catholiques qui voyaient dans cette nomination la possibilité d'une évolution du Saint-Siège sur la question homosexuelle, elle va même jusqu'à en étonner certains puisque le Pape avait déclaré en 2013 :

Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?

Il faudra donc encore attendre pour voir l'Église de Rome s'ouvrir sur des questions de société que d'autres ont déjà intégrées telles l'Église anglicane ou luthérienne.
En attendant, Laurent Stéfanini a été nommé ambassadeur à l'UNESCO. Le nom du futur locataire de la Villa Bonaparte n'est quant à lui toujours pas connu.