En pleine campagne anti-gay, la Tanzanie interdit les gels lubrifiants car elle espère que cela enrayera les rapports homosexuels dans le pays…
La décision qui coince ! Alors qu’à Durban les spécialistes du monde entier tentent de trouver des solutions pour lutter contre le VIH dans le cadre de la 21ème conférence internationale sur le sida, un autre pays d’Afrique a pris une mesure ubuesque pour lutter contre le virus.
Comme le rapporte Stop Homophobie, le gouvernement de Tanzanie vient d’interdire la vente et l’importation de gels lubrifiants car d’après lui ces produits « encourageaient les rapports homosexuels », comme l’a annoncé Ummy Mwalimu, ministre de la Santé, du développement des communautés, du genre, des personnes âgées et des enfants :
Il est exact que le gouvernement a interdit l'importation et l'utilisation du gel pour enrayer la progression du VIH. On estime à 23% la proportion de VIH-Sida parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes en Tanzanie.
Et d’ajouter : j'ai donné pour instruction aux organisations travaillant avec les homosexuels de retirer ces lubrifiants du marché.
Une mesure qui frappe à côté
Interdire le lubrifiant pour stopper le VIH, une logique bien huilée ? Loin de là ! Car comme le rappellent régulièrement les organisations de lutte contre le VIH/sida, la combinaison préservatif-lubrifiant réduit les risques de transmission des infections sexuellement transmissibles. En Tanzanie, des gels étaient d’ailleurs distribués gratuitement par les associations travaillant avec la communauté LGBT, mais la ministre a annoncé que cet argent serait désormais employé à l’achat de lits pour les services de maternité.
En outre, rien n'assure que cette pénurie décourage les rapports homosexuels qui ne sont d’ailleurs pas les seuls à user de lubrifiant. En revanche, cette décision permet d'encourager la répression de l’homosexualité menée par Paul Makonda, le nouveau commissaire général de Dar es Salam, capitale économique de la Tanzanie.
Le durcissement des autorités
En effet, en Tanzanie l’homosexualité est illégale et passible d’une peine de prison à vie, mais les autorités sont d’habitudes tolérantes et les arrestations restent rares. Or Paul Makonda a lancé ce mois-ci une véritable campagne anti-gay qui se manifeste par une série de descentes dans des boîtes de nuit gays. Ces faits ont été confirmés à l’AFP par des sources policières anonymes qui ont révélé que les suspects arrêtés subissaient des examens anaux forcées, une pratique pourtant condamnée par la communauté internationale... Également dans le viseur de Paul Makonda, les militants des droits LGBT qui ont été forcés de fermer leurs comptes sur les réseaux sociaux.
En plus de s'en prendre aux lieux de rencontre et aux portes-paroles de la lutte contre l’homophobie, l’hostilité des autorités tanzaniennes contre la communauté LGBT s'abat également sur les médias. Le mois dernier, une chaine de télévision locale et très populaire auprès des jeunes – Cloud TV – a diffusé l’interview d’un homme parlant ouvertement de son homosexualité ; la chaîne fut contrainte de présenter publiquement ses excuses quelques jours plus tard.
Pour en savoir plus :
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