bisexualitéLe B de "LGBT" dans la rue pour la Journée internationale de la bisexualité

Par Adrien Naselli le 23/09/2016
journée internationale de la bisexualité

L'association Bi.Cause, épaulée entre autres par l'Inter-LGBT, Act Up et SOS homophobie, organise sa deuxième Marche de la visibilité bi. Les explications de Vincent-Viktoria Strobel, son président depuis 2013.

Pouvez-vous revenir sur l’histoire de l'association Bi.cause ?
Tout est parti d'un clash au "Vendredi des femmes" de feu le Centre gay et lesbien. Certaines femmes ont dit qu’elles avaient des relations avec des hommes. Elles ont presque été accusées par les gays et les lesbiennes présentes d'être des traîtresses ! Donc nous avons décidé de créer un espace bi. Le 26 mai 1997, l’association Bi.cause voyait le jour, créée par une large majorité de femmes. Nous conservons un rythme d’activités militantes et conviviales relativement soutenu, malgré notre petit nombre d'adhérents : 70 personnes dans la France.
En quoi cette Journée internationale de la bisexualité est-elle importante ?
Il y a une forme d’invisibilisation de la question bisexuelle. Elle est due à l’histoire du mouvement homosexuel. Dans les années 70, il était essentiel de mettre en avant la construction homosexuelle, ce qui n’était pas évident compte tenu de la pénalisation et de la psychiatrisation de l'homosexualité. Nous, les bis, devons passer par une phase d’affirmation et de visibilité pour enrichir les convergences du mouvement LGBT.
Quel rôle les pouvoirs publics pourraient-ils jouer dans cette phase d'affirmation ?
Ils pourraient montrer une image positive de la bisexualité. Najat Vallaud-Belkacem ne le fait par exemple pas du tout dans le cadre de l’Education nationale. Les politiques commencent depuis peu à parler des trans, ils ont parlé des gays et des lesbiennes, mais le B de LGBT n'a jamais eu l'honneur d'être prononcé par eux.
L’idée qu’un ou une bi est quelqu’un qui n’a pas choisi sa sexualité est-elle encore courante ?
Oui, on imagine qu’on est dans une transition, un aboutissement non effectué. Cette idée est encore assez courante. Nous avons mené une enquête en 2012 dont les résultats ont été publiés en 2015 avec SOS Homophobie. Elle nous a permis de constater que ces préjugés étaient aussi répandus chez les hétéros que chez les homos.
Les médias utilisent par ailleurs souvent des expressions problématiques, en utilisant par exemple l'adjectif "tendance" pour parler de bisexualité...
J'ai l'air tendance, moi, avec mes 61 ans ?! Si j'étais à la mode, je serais une mode un peu racornie. Mais sur cette question, j’ai une analyse plutôt nuancée. Il y a un côté positif dans cette manière de présenter les choses car elle permet tout simplement d’en parler. Dire qu’il y a une forme d’acceptation qui s’accroît est une chose intéressante. En revanche, j'entends les médias dire que de plus en plus de gens se définissent comme bis. On me cite alors des stars : Angelina Jolie, Christine & The Queens, Cara Delevingne. Les célébrités c’est bien, mais ça ne peut pas résoudre le problème de fond.
Les clichés ne sont d'ailleurs pas les mêmes sur les hommes et sur les femmes bis. Comment l’expliquer ?
Le fantasme des deux femmes qui se font des gâteries pour préparer le terrain au mâle dominant qui va venir mettre tout le monde d’accord, c’est le pire des clichés. C'est la seule image que les gens ont de la bisexualité féminine, alors qu'elle sous-entend justement que la sexualité entre femmes n’existe pas. Cela ne signifie pas que nous sommes contre l'idée de libertinage, mais ces clichés-là, très répandus, sont gênants. Dans notre expérience, il n’y a pas de catégorisation entre hommes et femmes. En ce sens, nous sommes très opposés aux normes hétéropatriarcales.
A quoi vous attendez-vous pour cette deuxième Marche ?
L’arc de force est plus large que la première fois car nous avons intégré Act Up, la FSGL et le Caelif in extremis. Peut-être aurons-nous de bonnes surprises en voyant d'autres assos débarquer !
 
La Marche aura lieu samedi 24 septembre à 14h au départ de la place du Colonel Fabien et jusqu'au Centre Pompidou à Paris.
 
Pour en savoir plus :
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