Exposition Oscar Wilde : dans l'intimité de l'écrivain-dandy

Par Jérémie Lacroix le 17/11/2016
exposition ,Petit Palais,Oscar Wilde

Le Petit Palais présente une exposition consacrée à Oscar Wilde : une plongée intimiste dans la vie d'un "impertinent absolu".

Oscar Wilde. Ce nom évocateur plane inlassablement dans nos esprits. Mais connaissons-nous réellement l'homme qui se cache derrière l'écrivain ? C'est pour donner à voir l'intimité de ce fameux dandy de la fin du XIXe siècle que le Petit Palais a souhaité présenter la première grande exposition française consacrée à Oscar Wilde, laquelle se veut avant tout biographique plutôt que littéraire. Ainsi, plus de 200 pièces exceptionnelles voire inédites (tableaux, manuscrits, photographies...) ont été rassemblées afin d'illustrer au mieux sa vie d'une fascinante richesse.

exposition Oscar Wilde petit palais
Napoleon Sarony (1821-1896), Portrait d’ Oscar Wilde #15, 1882. © Bibliothèque du Congrès, Washington.

"L'opinion publique n'existe que là où il n'y a pas d'idées"

A travers une astucieuse scénographie, l'exposition déroule chronologiquement les différentes étapes de la vie de l'écrivain, de son départ de Dublin - sa ville natale - pour Londres, à sa vie parisienne en passant par sa tournée américaine. Oscar Wilde naît en 1854 d'un père chirurgien de renom et d'une mère poétesse nationaliste. Il suit de brillantes études au Trinity College de Dublin avant d'étudier les lettres classiques à Oxford grâce à l'obtention d'une bourse. Une fois ses études achevées, le jeune Oscar part s'installer à Londres, où il acquiert rapidement une petite notoriété en tant que poète et esthète. Mais c'est en tant que critique d'art qu'il débute véritablement sa carrière professionnelle. En 1877, la Grosvenor Gallery est inaugurée à Londres ; Oscar Wilde en publie le compte rendu. Il se distinguera par ces fameux aphorismes provocateurs : "L'art est tout à fait inutile" ou "L'opinion publique n'existe que là où il n'y a pas d'idées".
L'année 1882 marque un tournant dans la carrière d'Oscar Wilde puisque ce dernier part aux Etats-Unis et au Canada pour y donner une série de conférence sur le "Beau" en général et les arts décoratifs en particulier. Pendant un an, il sillonne l'Amérique et rencontre un véritable succès. C'est à partir de cette époque qu'il façonnera son style de dandy portant bas de soie, culotte courte, veste en velours et manteau de fourrure. Il sera d'ailleurs immortalisé par Napoléon Sarony dans une de série de portraits qui seront même détournés à des fins publicitaires : c'est dire la notoriété d'Oscar Wilde à cette époque.

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The Cameron Studio, Portrait de Constance et Cyril Wilde, 1889. © Collection Merlin Holland.

Francophone et francophile

Suffisamment argenté à son retour d'Amérique, Oscar Wilde s'installe à Paris. Il fait la rencontre de Victor Hugo et Paul Verlaine, entre autres. Cependant, au bout de quelques mois, obéissant aux instances de sa mère, il rentre à Londres pour épouser Constance Lloyd. Néanmoins, il retrouvera rapidement Paris puisque les jeunes mariés y séjournent en voyage de noce. Deux garçons naîtront de leur union : Cyril en 1885 et Vyvyan en 1886.
En 1887, Oscar Wilde devient rédacteur en chef d'un magazine dédié aux femmes qu'il rebaptise The Woman's World. Par la suite, il publie un recueil de contes, Le Prince heureux, et un essai philosophique, Le Déclin du mensonge. Mais c'est avec la publication en 1891 du Portrait de Dorian Gray - son seul et unique roman - qu'il passe véritablement à la postérité. Enfin, Oscar Wilde est avant tout un brillant dramaturge. Certaines de ses pièces seront jouées de son vivant aux Etats-Unis. Il en écrira même une en français, Salomé, espérant que le rôle titre soit joué à Londres par la grande Sarah Bernhardt, l'une des trois femmes les plus importantes de sa vie avec la reine Victoria et Ellen Terry, selon ses dires. Malheureusement, la pièce est interdite par la censure. La "morale victorienne" qui sévit à l'époque se caractérise par une forte éthique sociale et une répression sexuelle, notamment de l'homosexualité, punie par la loi.

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Tombeau d’Oscar Wilde au cimetière du père Lachaise par Jacob Epstein. Collection Merlin Holland. © The Estate of Sir Jacob Epstein

Le procès, la prison et l'exil

En 1895, lord Queensbury - le père d'Alfred Douglas, amant d'Oscar Wilde - dépose, au club fréquenté par ce dernier, une carte de visite le traitant de "sodomite". Oscar Wilde porte plainte en diffamation avant de se rétracter. Mais il est déjà trop tard. Lord Queensbury a rassemblé de nombreux témoignages à charge contre l'amant de son fils. Le ministère public se retourne contre Oscar Wilde et le poursuit en justice pour "acte obscène" et "immoralité" dans son oeuvre littéraire. Ses amis le poussent à l'exil mais l'impétueux dandy n'en a cure et, lorsque la sentence tombe, c'est un véritable choc pour Oscar Wilde : deux ans de travaux forcés. Sa réputation et sa célébrité n'auront en rien interféré dans sa condamnation. Ces deux années de bagne seront terribles. Sa santé se dégrade. Sa femme meurt pendant son incarcération. A sa sortie, il est considéré comme un pestiféré et part vivre en exil, à Paris. Il ne reverra jamais ses enfants. L'homme est brisé, le génie muselé. Il meurt en 1900 des suites d'une méningite. Enterré à Bagneux, ses restes seront transférés au Père Lachaise en 1909 sous un monumental tombeau en forme de Sphinx, érigé par Jacob Epstein.
Ainsi s'en est allé l'un des plus fameux dandy et écrivain de son temps qui aimait à dire : "J'ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n'ai mis que mon talent dans mes œuvres". C'est exactement ce que l'on découvre à travers cette exposition intimiste dans laquelle Oscar Wilde nous apparaît comme il fut de son vivant : flamboyant, impertinent et décadent.
Exposition "Oscar Wilde : l'impertinent absolu" au Petit Palais jusqu'au 15 janvier 2017.
Pour en savoir plus :
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