Vandalisé, le Centre LGBTI d'Alsace est recouvert de mots d'amour

Par Julie Baret le 30/11/2016
Centre LGBTI d'Alsace Strasbourg tagué

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Centre LGBTI d'Alsace a été tagué. Mais depuis, des anonymes ont nettoyé la vitrine et y ont collé des messages d'encouragement et de soutien.

"Une fois de plus, nos locaux ont été victimes de l'intolérance" déplorait lundi La Station sur sa page Facebook, photographie à l'appui. Sur la vitrine du centre LGBTI basé à Strasbourg apparaissent d'énormes lettres blanches : LMPT. "Les réactionnaires se rappellent à notre bon souvenir avec une oeuvre sans grande envergure. Un petit effort, bon sang ! Un papa, une maman, ça ne rend visiblement pas plus intelligent...", identifiant sans mal la signature de la Manif pour tous.

Pourtant les troupes de la famille "un papa, un maman et des enfants" ne sont pas très nombreuses à Strasbourg selon la présidente de la Station, Muriel Jaeger : "Ils sont une vingtaine lorsqu'il y a une manifestation. Mais c'est surtout le GUD qui ressurgit." Plusieurs autocollants du groupuscules d'extrême droite se sont d'ailleurs retrouvés exposés sur les vitrines du centre LGBTI d'Alsace qui déplore déjà plusieurs cas de tags et de vitres cassées.
"Je pense que ce sont des faits isolés, analyse Murielle Jaeger, mais le doute est permis". D'après elle, l'acte de ce week-end est "fortement dû à l'effervescence des élections de dimanche" qui ont propulsé François Fillon à la tête des Républicains pour la course à l'Elysée.
Aujourd'hui, la Station LGBTI Alsace va donc porter plainte "même si on connaît le résultat" pour alerter les autorités et les pouvoirs publics sur la nécessaire sécurisation du lieu, et faire pression pour l'installation de caméras de surveillance.
Le centre LGBT considère aussi l'organisation d'une Marche anti-Manif pour tous, comme elle en a soumis l'idée sur Facebook. L'équipe sait toutefois que c'est actuellement la croix et la bannière pour organiser de telles manifestations. Un défilé en soutien à la Journée contre les violences faites aux femmes leur a déjà été refusé plus tôt dans le mois.

Des tags aux posts-it d'amour

Pourtant, l'équipe du centre est loin d'être abattue. Car mardi matin, en arrivant au centre, les employés et les bénévoles ont eu une sacré surprise :

On n'a même pas eu le temps de se retourner que lorsqu'on est arrivé au centre aujourd'hui, la vitrine était nettoyée et recouverte de mots de soutien, nous raconte Murielle.

Sur la surface vitrée, les lettres de haine ont laissé place à une myriade de post-its roses, jaunes et bleus débordant de cœurs, d'arcs-en-ciel, et d'autres appels de tolérance. Sur la porte d'entrée, était aussi accroché un message tout particulièrement gratifiant : "Merci la Station d'être un espace safe pour la jeunesse LGBT de Strasbourg" signé "Une lesbienne de Fustel" du nom d'un lycée strasbourgeois.

La présidente du centre ignore qui est à l'origine de cette action. Elle suppose qu'en publiant une photographie du centre vandalisé, "ça a permis à d'autres de contrebalancer". Surtout, elle confirme que cet acte anonyme a mis du "baume au cœur" à toute l'équipe :

On ne remerciera jamais assez les auteurs de ces messages. C'est important de ne pas se sentir seuls, de savoir qu'on est soutenus.