A 24 ans, le champion d'Espagne du 200 mètres papillon a fait son coming-out. Il raconte l'homophobie du milieu sportif et le sentiment de libération que lui procure sa sortie du placard.
Son nombre d'abonnés sur Instagram va monter en flèche. Le nageur olympique espagnol Carlos Peralta a fait son coming-out hier dans une interview exclusive au quotidien espagnol El Mundo. Le sportif de 24 ans, 21 fois champion d'Espagne du 200m papillon, suit les traces du patineur olympique Javier Raya et de son ami de water-polo, Víctor Gutiérrez. Une amitié qui l'a beaucoup aidé selon lui : "Voir des gens comme Victor, qui osent le dire, ça enlève vos doutes."
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L'Andalou a partagé un post sur son compte Instagram où il se déclare "heureux de franchir cette étape difficile et de me sentir plus fier que jamais de pouvoir vous dire publiquement ma condition sexuelle, en ce mois important pour la revendication collective LGTB #lovewins"
« C'est la tapette française »
Et cela ne semble pas avoir été facile pour le champion espagnol. Il a expliqué s'être beaucoup appuyé sur le soutien de ses proches et de ses amis avant de trouver le courage d’aborder ouvertement la question dans le milieu sportif. Milieu qui a très vite montré les limites de sa tolérance :
"J'ai entendu beaucoup de commentaires derrière mon dos (...) On me traitait de "pédé" dans les douches. Et quand j'ai eu une petite amie, on m'a traité de "putain de pédé dans le placard"..."
Un entraîneur qu'il ne connaissait pas lui a aussi dit que "la pire chose qui puisse lui arriver, c'est d'avoir un fils homosexuel". Il a également entendu des propos homophobes, s'appuyant sur des rumeurs qui courent sur d'autres athlètes :
"On m'a dit qu'un nageur français et un autre italien étaient homosexuels mais ils ne l'ont pas dit publiquement. Mais j'ai entendu des commentaires homophobes de la part des entraîneurs de l'équipe nationale "Regardez, c'est la tapette française"."
Passage à vide
Après les Jeux Olympiques de Rio en 2016, il a traversé un passage à vide. Selon lui, ses questionnements de l'époque sur sa sexualité, sur son coming-out, ont pu expliquer son échec aux portes de la finale : "Les gens ne comprennent pas que vous pouvez souffrir quand vous commencez à vous accepter."
Depuis, le jeune athlète est en conflit avec la Fédération espagnole de natation qui lui reproche son absence aux entraînements alors qu’il vient de décrocher son diplôme de médecine :
"L'année dernière, en étant champion d'Espagne et en faisant un diplôme de médecine, on m'a dit que j'avais passé l'année à faire la fête."
Evincé de la Coupe du Monde, salaire réduit de près de la moitié... Ces deux dernières années n'ont pas été faciles pour lui.
Un coming-out salutaire
Mais aujourd'hui, il est plus motivé que jamais. Le nageur a reçu de nombreux messages de soutien, de la part d'enfants et d'adolescents de villages et de petites villes espagnoles. Il s'en rend compte: "sortir du placard publiquement est un moyen de les aider." Il veut "encourager les gens à ne pas avoir peur, à se battre, à ne pas se sous-estimer."
Pour l'heure, le jeune athlète au bras tatoué des cercles olympiques se prépare pour les Jeux de Tokyo, en 2020. Il se sent pousser des ailes depuis qu'il n'a plus ce poids sur les épaules. "Rendre mon homosexualité publique m'a donné encore plus de force. C'est s'accepter et forcer les gens à vous accepter." On espère que ses propos encourageront les sportifs français à faire de même...