LGBTphobieTanzanie : 10 hommes homosexuels arrêtés par la police lors d'un mariage

Par Marion Chatelin le 08/11/2018
Tanzanie

La police a arrêté 10 hommes homosexuels lors d'une cérémonie de mariage sur l'île de Zanzibar, en Tanzanie, samedi 3 novembre 2018.

Arrêtés pour « homosexualité ». C'est en tout cas ce qu'a affirmé un agent de la police tanzanienne à nos confrères de la BBC. Au total, 10 hommes homosexuels ont été arrêtés lors d'un « raid » mené par la police locale dans un complexe hôtelier situé sur l'île de Zanzibar, dans la soirée du samedi 3 novembre. Six autres hommes auraient réussi à s'enfuir.

Dénoncés à la police

Ces hommes célébraient le mariage d'un couple homosexuel sur la plage. Selon les informations d'Amnesty International, ils auraient été dénoncés à la police qui a décidé de lancer un raid. Ils ont ensuite été retrouvés « assis sur la plage deux par deux », ce qui a manifestement suffi aux forces de l'ordre pour les arrêter. Ils ont été emmenés au poste de police et sont depuis détenus sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux.

Pour le directeur régional d'Amnesty International en Afrique de l'est, Seif Magango, la situation est scandaleuse : « C'est ahurissant que le simple fait de rester assis à deux puisse prendre des proportions criminelles. La police n'a clairement aucun moyen pour les faire comparaître devant le tribunal, et pourtant ils sont arrêtés depuis trois jours ».

Le directeur régional d'Amnesty International craint également que tous ne soient forcés de subir des test anaux pour « prouver » leur homosexualité. « Cela ne doit pas arriver. Ces hommes doivent être relâchés immédiatement », martèle-t-il.

Homophobie assumée

Ces arrestations interviennent une semaine après que le gouverneur de la province de Dar es Salaam, à l'est du pays, a appelé ses administrés à dénoncer des homosexuels. Il avait par ailleurs « promis des arrestations dès la semaine prochaine ». Mais le gouvernement de Tanzanie s'était distancé des propos tenus par ce gouverneur, un proche du président John Magufuli, les qualifiant « d'avis personnel ».

Plusieurs voix à travers le monde, parmi lesquelles Amnesty International et le haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, ont dénoncé les propos du gouverneur, redoutant qu'ils ne débouchent sur « une chasse aux sorcières », et ont appelé les autorités tanzaniennes à revoir leur législation qui criminalise les pratiques homosexuelles.

« Cette effroyable attaque contre le peuple tanzanien qui n'a fait qu'exercer ses droits fondamentaux, montre le danger de ce discours discriminatoire aux plus haut niveau du gouvernement », s'alarme Seif Magango.

L'homosexualité constitue un crime en Tanzanie, puni d'une peine minimale de 30 ans et pouvant aller jusqu'à la prison à perpétuité. La société tanzanienne ne tolère pas l'homosexualité, qui est ainsi pratiquée en cachette. Mais ce n'est que depuis l'élection du président Magufuli, en octobre 2015, qu'une véritable rhétorique officielle dénonçant l'homosexualité s'est développée.

À lire aussi : Tanzanie : un gouverneur appelle à dénoncer les homosexuels

Crédit Photo : Shutterstock.