États-UnisEtats-Unis : dans un mois, les personnes trans' ne pourront plus intégrer l'armée

Par Youen Tanguy le 15/03/2019
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Le Pentagone a annoncé mercredi une nouvelle politique qui limite strictement l'enrôlement de recrues transgenres aux personnes n'ayant pas subi d’operation de réassignation sexuelle et n'ayant pas l'intention de le faire, les contraignant de facto à servir sous leur genre de naissance.

Les personnes trans' ne pourront plus intégrer l'armée à partir de mi-avril. C'est ce qu'indique un mémo du Pentagone dévoilé ce mercredi 13 mars par l'agence de presse AP. Cette nouvelle politique fait suite à une décision de la Cour Suprême ayant autorisé l'administration de Donald Trump à refuser les personnes transgenres dans l'armée, tant que se poursuivait la bataille juridique sur cette question éminemment politique.

Désormais, seules les personnes transgenres n'ayant pas subi une opération de réassignation sexuelle et n'ayant pas l'intention de le faire pourront s'engager sous les drapeaux, à condition de le faire sous leur genre assigné à la naissance, selon des documents publiés par le ministère de la Défense.

Retour en arrière

Le Pentagone revient ainsi sur une décision de l'ancien président démocrate Barack Obama prévoyant que l'armée accueille à partir de janvier 2017 des recrues transgenres, autorisées à servir en fonction de leur genre d'identification.

Son successeur républicain a d'abord reporté l'échéance au 1er janvier 2018, puis a décidé de revenir complètement sur cette politique. Donald Trump a mis en avant, dans une salve de tweets en juillet 2017, "le fardeau des coûts médicaux énormes" et des "perturbations".

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La nouvelle politique n'interdit donc pas totalement l'enrôlement des transgenres. Mais elle signifie que les personnes ayant besoin d'un traitement hormonal ou de chirurgie de réassignation sexuelle ne pourront pas s'enrôler. Pas plus que les personnes ayant déjà subi un traitement médical. Une décision pour le moins hypocrite.

Seule exception : les personnes déjà enrôlées qui vont rejoindre les rangs de l'armée d'ici le 12 avril, qui auront le droit de servir et de subir des procédures médicales et de servir dans leur genre ressenti.

9.000 personnes trans' dans l'armée

Quelque 9.000 personnes s'identifiant comme transgenre servent dans les forces armées - sur 1,3 million de militaires en service actif -, a indiqué un responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat. Sur ce chiffre, un millier déclarent avoir voulu ou vouloir transitionner pendant leur service.

Le Pentagone justifie l'exclusion de cette dernière catégorie pour les nouveaux recrutements par le fait que ces personnes sont atteintes de "dysphorie de genre", qui est qualifiée de pathologie mentale "grave (...) pouvant affecter le niveau de préparation des unités et leur efficacité au combat".

Pour les défenseurs des droits des personnes transgenres, cette nouvelle politique est un retour en arrière. "L'administration Trump est déterminée à revenir au 'Don't Ask, Don't Tell', une politique qui a forcé les militaires à choisir entre servir leur pays et dire la vérité sur ce qu'ils sont", a indiqué dans un communiqué le directeur du Palm Center, un institut de recherche de Californie.

Avec AFP

MAJ 12:05, 15/03/2019: une première version du texte, se basant sur une dépêche AFP, comportait la mention de « changement de sexe ». C’etait une erreur. Le texte a été édité pour être plus respectueux des personnes trans’. 

Crédit photo : Doug Mills / POOL / AFP