bar gayComment Londres a sauvé l'un de ses derniers bars gays fétichistes

Par Romain Burrel le 19/08/2019
bars gays

Le Backstreet, l'un des plus vieux clubs gays fétichistes de Londres, a été sauvé in extremis de la démolition suite à la mobilisation de ses habitués.

C’est une partie de l’histoire LGBT+ anglaise qui vient d’être sauvée des bulldozers. Le Backstreet, l'un des plus vieux clubs gays et fétichistes du quartier de East End, à Londres, vient d’échapper à la démolition.

Un promoteur voulait raser l’endroit pour y construire une tour résidentielle de douze étages, racontent nos confrères du Guardian. Mais suite à la mobilisation de la communauté homosexuelle, une campagne de pétitions et de lettres a convaincu la mairie de Tower Hamlets de bloquer la destruction de ce pilier de la scène cuir et fétichiste homosexuelle, ouvert depuis 34 ans.

La conseillère Rachel Blake, adjointe au maire du borough londonien, a déclaré que le Backstreet était « un atout important pour la communauté ». « C’est le dernier véritable club gay fétichiste de Londres et la diversité est une notion importante pour nous. Ce genre de lieu est important pour Tower Hamlets et pour toute la ville de Londres. C’est important de le conserver », a-t-elle ajouté.

"Ce club m'a sauvé la vie"

La municipalité a reçu des centaines de lettres d'hommes habitués du Backstreet. Des lettres regorgeant d’anecdotes témoignant de l’importance de ce club. "Quand j’ai découvert la scène fétichiste lorsque j’avais 18 ans, cela m'a sauvé la vie", a ainsi écrit un homme. "Ce club m’a offert une communauté qui m’a accueilli et accepté tel que j'étais, avec mes défauts et mes qualités. Il m’a permis de cesser de croire que j’étais bizarre ou marginal. Ça m’a donné confiance en moi, j’y ai rencontré des amis et des mentors incroyables."

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Rachel Blake s’est émue du nombre de clubs LGBT+ ayant fermé leurs portes ces dernières années dans le quartier de East End. Elle a noté que 73% des nightclubs LGBT+ avaient fermé leurs portes depuis 2006. Elle a également rappelé l’importance de préserver des safe spaces (des "espaces sûrs", ndla), au moment où le Royaume-Uni connaît une recrudescence d’agressions homophobes (+114% ces cinq dernières années).

"Lorsqu’il y a une augmentation de crime de haine", a-t-elle expliqué, "nous devons défendre les minorités, et il est important que les gens puissent se réunir et se distraire dans des 'safe spaces', sans un jugement externe."

Recrudescence d'actes homophobes

À l'image de la France, le Royaume-Uni subit une forte hausse des actes homophobes. Ce week-end, Owen Jones, un journaliste du Guardian ouvertement gay, a été agressé à Londres. Selon le chroniqueur du quotidien britannique, l'attaque était préméditée.

L'initiative de la mairie de Tower Hamlets pourrait-elle inspirer la mairie de Paris ? Si oui, elle devra se dépêcher. Le quartier du Marais, lieu de vie de la communauté LGBT+ dans la capitale, est en train de disparaître. Depuis 2010, une vingtaine de commerces communautaires (bars, restaurants, librairies...) ont fermé leurs portes.

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