LGBTQI+Enfants et jeunes LGBTI : il est temps de les défendre, vraiment !

Par têtu· le 27/09/2019
Enfants

TRIBUNE. Les enfants et jeunes LGBT+ rencontrent encore trop souvent des obstacles à leur épanouissement. Et c'est au gouvernement de faire quelque chose... Par Flora Bolter, co-directrice, et Denis Quinqueton, co-directeur de l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean Jaurès

Avoir une politique de l’enfance et de la jeunesse qui favorise au maximum l’épanouissement personnel et la citoyenneté comme réalité collective, c’est se projeter dans l’avenir de notre société aussi bien que dans celui de nos enfants— c’est aussi, dès aujourd’hui, respecter pleinement les droits et la dignité des plus jeunes. L’enfance et la jeunesse doivent être avant tout l’âge de tous les possibles ! C’est aujourd’hui trop souvent l’âge de tous les obstacles.

C’est pourquoi nous avons voulu réfléchir et engager la discussion avec d’autres militant·e·s, d’autres expert·e·s, d’autres citoyen·ne·s, comme Arnaud Alessandrin, sociologue au LACES à l’université de Bordeaux, Stéphane Bribard, chef de service d’un établissement médico-social, Jean-Marie Firdion, sociologue et Annabel Maestre, responsable de l’association Contact dans les Bouches-du-Rhône.

10 propositions pour changer leurs vies

De ce dialogue sont nées 10 propositions pour engager un travail de fond, que vous pouvez retrouver plus détaillées dans la version complète de la note :

1 • Développer la connaissance des réalités vécues par les enfants et les jeunes LGBTI+ dans leur diversité pour mieux répondre à leurs besoins et permettre le respect effectif de leurs droits : le développement d’outils de sensibilisation et de formation en direction des professionnel·le·s doit pouvoir s’appuyer sur des connaissances solides, notamment en santé publique et en sciences de l’éducation. Il faut d’abord mettre les connaissances en réseau pour bénéficier de l’énorme travail réalisé au fil des ans au niveau national comme international par les institutions travaillant sur les droits humains, les associations et collectifs de personnes LGBTI+.

2 • Renforcer et rendre obligatoire, en formation initiale comme en formation continue, pour les professionnel·le·s de l’enfance et de la jeunesse au premier rang desquels les enseignant·e·s, titulaires ou contractuel·le·s, mais également les professionnel·le·s spécifiques de la santé, du social, du sport et des loisirs, des modules sensibilisant aux droits et aux réalités des personnes LGBTI+ et plus généralement aux questions sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle.

3/ Diversifier et rendre plus accessibles les outils de sensibilisation en direction du public enfant et jeune, notamment sur le réseau Canopé, dans tous les territoires et pour toutes les structures accueillant des enfants et des jeunes.

4/ Mettre en place des formations systématiques de l’ensemble des professionnel·le·s de santé spécialisés pour les enfants et les jeunes à l’accueil respectueux des personnes LGBTI+ et à la connaissance des problématiques de santé qui leur sont plus propres.

5/ Créer une mission interministérielle pour la protection des enfants et jeunes LGBTI+, permettant de croiser les regards et les pratiques de différentes administrations et services publics afin de créer un socle commun de principes d’action et de modalités d’échange pour lutter contre les violences LGBTI-phobes visant les enfants et les jeunes.

6/ Systématiser le respect de la civilité, du genre et des prénoms d’usage des enfants et des jeunes, notamment dans le cadre des activités collectives, scolaires ou autres, en veillant à respecter les choix et la confiance des enfants et des jeunes par rapport à des tiers, notamment en cas de conflit familial.

7/ Respecter et encourager l’expression des enfants et des jeunes dans le cadre des établissements scolaires ou autres lieux s’agissant de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, notamment s’agissant de marques d’affection entre jeunes, dans le respect de chacune et de chacun.

8/ Développer, en lien avec le secteur associatif, des actions de soutien à toutes les parentalités et des espaces de discussion pour les parents d’enfants LGBTI+ ou en questionnement, afin de prévenir les conflits familiaux et encourager le dialogue entre les générations et les milieux sociaux.

9/ Prévoir sur tous les territoires, pour les situations de rupture familiale en lien avec des problématiques LGBTI+, la possibilité d’un hébergement rapide et d’un accompagnement éducatif pertinent. Le droit commun de l’aide sociale à l’enfance ne peut pas être défaillant vis-à-vis des situations spécifiques des enfants et des jeunes LGBTI+, indépendamment du motif de rupture familiale ou de situation de danger.

10/ Réaliser de manière régulière, en incluant des objectifs précis et des critères d’évaluation quantitatifs et qualitatifs, des points d’avancée en matière de lutte contre les discriminations, sur les questions LGBTI+ comme sur les autres, s’agissant de l’action publique aux différents niveaux de décision.

Ce dialogue et ces propositions ne sont pas une conclusion mais le début d’un travail. On passe sa vie à se construire mais c’est pendant l’enfance et la jeunesse que l’on pose bien des fondations. C’est pourquoi il est essentiel d’investir cet âge particulier de la vie. De l’investir au-delà de l’émotion immédiate, avec sérieux et conséquence pour construire des politiques publiques subtiles et efficaces. De l’investir en rejetant les frilosités larmoyantes de ceux qui instrumentalisent l’enfance au service de leurs étroitesses d’esprit. De l’investir parce qu’il est grand temps de défendre les enfants et les jeunes LGBTI, vraiment.