États-UnisQui était Lorena Borjas, activiste trans latino-américaine morte du coronavirus

La militante transgenre Lorena Borjas s'est éteinte à l'âge de 59 ans après avoir été infectée par le Covid-19. Née au Mexique et arrivée aux États-Unis en 1981 dans l'espoir de faire sa transition de genre, elle a passé sa vie à défendre les droits des trans, particulièrement latinos.

Elle était connue comme la "mère" de la communauté transgenre "Latinx" (néologisme neutre de genre pour les désigner les personnes latino-américaines aux États-Unis) du Queens, à New York. La militante transgenre Américano-Mexicaine Lorena Borjas, âgée de 59 ans, est décédée lundi 30 mars à l'hôpital de Coney Island, un quartier résidentiel de Brooklyn, des suites du Covid-19 dit maladie à coronavirus.

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D'après le site d'information LGBT+ britannique PinkNews, elle avait passé les trente dernières années de sa vie à s'occuper des personnes transgenres et immigrées victimes de violences, d'esclavage et de la traite des êtres humains, les hébergeant parfois dans son propre appartement. C'est aussi à son domicile qu'elle organisait chaque semaine un dépistage du VIH. Tout cela en ne sachant parler qu'espagnol, et en travaillant souvent bénévolement.

Victime de la traite

Née en 1960 dans la ville de Veracruz, au Mexique, Lorena Borjas émigre en 1981 vers le pays de l'Oncle Sam, où elle espère commencer un traitement par hormones pour entamer sa transition de genre. "La réalité, c'est que je n'avais pas d'avenir au Mexique, racontait-elle en 2017 à la télévision publique du Queens. À l'époque, je me considérais comme un homme gay, mais mon objectif principal était de trouver un spécialiste des hormones. (...) J'ai fait ma transition, mais je n'avais pas de papiers légaux."

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Elle n'obtiendra ses papiers qu'en 1986, à la faveur d'une loi d'amnistie votée par le président Ronald Reagan. Mais son passé la rattrape vite, et elle se retrouve arrêtée pour prostitution et traite d'êtres humains, alors qu'elle en a elle-même été la victime. Cinq ans plus tard, elle commencer à militer pour les droits LGBT+. "Pour changer certaines politiques concernant la police et certains systèmes, j'ai organisé ma première marche trans en tant que femme trans."

Pardonnée en 2017

Elle rencontre ensuite le conseiller démocrate de New York Daniel Dromm, qui deviendra son "meilleur ami". Il l'aidera à se sortir de ses ennuis judiciaires en valorisant son engagement auprès du gouverneur de New York Andrew Cuomo. Le 26 décembre 2017, elle reçoit, surpris, un appel de Cuomo. "Il m'a dit : "Félicitations, j'ai reconsidéré votre cas et j'ai remarqué votre travail communautaire honorable depuis vingt-cinq ans. Vos arrestations et condamnations font partie du passé. Vous n'avez jamais été arrêtée depuis 1998, vous avez consacré votre vie à la communauté trans et, dès maintenant, je vous pardonne."

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Daniel Dromm s'est dit particulièrement affecté par la mort de Lorena Borjas auprès de la chaîne NY1 : "Elle était enfin parvenue à obtenir ce pardon et cette citoyenneté qu'elle attendant depuis longtemps. Ce qui est vraiment triste, c'est qu'elle ait lutté toute sa vie, alors qu'elle a toujours été gentille et serviable avec les autres."

Hommage d'AOC

Pour le Daily Beast, il a confié son admiration pour son ami de vingt ans : "Elle était un exemple puissant parce que les gens lui faisaient confiance et qu'elle savait comment organiser une communauté. Sa mort est une perte énorme pour l'activisme LGBTQ et en particulier pour le Queens et la communauté trans latina. Mais elle a réalisé ce que d'autres penseraient irréalisable : quitter le Mexique, venir ici, être transgenre, se battre pour les droits des transgenres latinos. C'est cela, son héritage."

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La célèbre députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, dite AOC, engagée aux côtés de Bernie Sanders, lui a rendu hommage sur son compte Twitter : "J'ai le cœur brisé de partager que Lorena Borjas, une organisatrice et activiste trans prolifique du Queens, est décédée du Covid-19. Lorena a défendu l'entraide dans la communauté LGBT +, et son fonds communautaire a sauvé la vie de personnes queers et d'immigrés touchés par le Covid." Et de renvoyer vers une cagnotte en ligne, coorganisée par le Lorena Borjas Community Fun (créé avec l'avocat et militant Chase Strangio), qui vise à aider les personnes transgenres à faire face au surplus de précarité pendant la crise du coronavirus. Jusqu'à son dernier souffle, Lorena Borjas aura pris soin des autres, avant de s'éteindre la veille de la journée internationale de visibilité transgenre.

Crédit photo : Rolling Basis Films