Avec le confinement, les deux fiancés toulousains n'ont eu d'autre choix que de renoncer à leur date de mariage initiale. Dimitri, 27 ans, nous raconte.
Pour beaucoup, le week-end du 11 avril aurait rimé avec repas de Pâques en famille et chasse aux œufs dans le jardin. Mais pour Dimitri, c'est à cette période-là qu'aurait dû avoir lieu son union à Taliesin, son fiancé. Compte tenu des circonstances singulières que la population française subit depuis une poignée de semaines, les deux tourtereaux ont dû se résigner et annuler la cérémonie. Une décision loin d'être plaisante mais logique, comme nous l'affirme Dimitri : "l'annonce du confinement est presque arrivée comme un soulagement puisque, de toute façon, on en était déjà arrivés à la conclusion que le coronavirus allait plus ou moins ruiner notre mariage".
Nouvelle vie
Les deux se sont rencontrés quatre ans et demi plus tôt, sur les plages idylliques qui jonchent le territoire australien. Taliesin, 28 ans aujourd'hui, est originaire de là-bas. Dimitri, lui, s'y était rendu pour ses études, le temps de son master. "J'étais avec un groupe d'amis sur la plage et c'est lui qui m'a abordé, se remémore le Français. On a discuté un petit peu et il m'a laissé son numéro. On s'est retrouvés quelques jours après pour prendre un verre et c'est parti de là".
Dès lors, c'est dans un sacré périple que se sont engagés les deux amoureux. "On savait pas trop ce qui allait se passer lorsque mon master s'est terminé et qu'il a fallu que je retourne vers l'Europe mais finalement on a fait le pari un peu fou de se retrouver en France", nous raconte Dimitri. Après un laps de temps où le duo s'est essayé à la relation à distance, Taliesin a débarqué sur le sol français. Depuis, ils ont vécu en Belgique et en Allemagne – "on déménage quasiment tous les ans à cause de ma situation professionnelle" – avant de s'installer à Toulouse.
Une demande parfaite
C'est lors d'un trajet en avion, rentrant d'un déplacement professionnel à l'étranger, que Dimitri songe à la fameuse demande en mariage. "En revenant en Allemagne, je savais que c'était un de nos derniers week-ends avant de quitter le pays, se rappelle le principal intéressé, donc on voulait visiter les environs et on avait prévu ce week-end à Salzbourg". Une fois là-bas, dans cette ville autrichienne située près de la frontière germanique, tout se met en place.
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"J'avais la bague que j'ai gardée dans ma poche à peu près tout le long du week-end en attendant de savoir quel allait être le bon moment", confie Dimitri. Puis, timing idéal. "Le samedi soir, on s'est baladés, nous raconte-t-il. Il y avait une colline boisée avec un château au sommet qui surplombe Salzbourg. C'était extrêmement calme. Il y a les couleurs du soleil couchant, je me suis dit 'bon, si je saisis pas l'opportunité maintenant, je ne sais pas quand est-ce qu'elle se présentera à nouveau'. Je lui ai dit que ça faisait quatre ans qu'on était ensemble et que pour l'instant cette aventure avait été exceptionnelle et que j'avais l'impression qu'on s'était très bien trouvés".
La question fatidique est posée, la demande en mariage aussitôt acceptée. "On est restés un peu sur la colline le temps d'être émus ensemble mais lorsque les moustiques commençaient à nous attaquer un peu trop après que le soleil soit tombé, on a fini par redescendre et on est allés dîner dans un restau pour fêter ça", se rappelle de bon cœur Dimitri.
Un contexte peu favorable
Après le calme, la tempête. Les deux amants conviennent d'une date pour leur union mais l'émergence du coronavirus vient inévitablement faire capoter leurs plans. La belle-famille, résidant en Australie, est d'abord alertée par le développement progressif de l'épidémie, doutant que les vols en direction de l'Europe soient maintenus. "À partir du moment où on s'est rendus compte que la situation se dégradait aussi en France et que ça n'allait pas être raisonnable de maintenir le mariage, on a attendu de voir quelle allait être l'action gouvernementale", évoque Dimitri.
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Puis, le 16 mars 2020, Emmanuel Macron annonce le confinement du territoire français. Plus de place au doute, le mariage ne peut avoir lieu à la date fixée. "Ça nous a permis de contacter l'ensemble des prestataires en ayant vraiment une raison non contestable de rompre les contrats", explique Dimitri. Malgré le contexte délicat – "la saison s'annonçait extrêmement difficile pour les traiteurs parce que tous les événements professionnels sont évidemment annulés, donc ils avaient beaucoup d'attente sur les mariages pour se maintenir à flot pour cette saison" –, les futurs mariés ont réussi à reporter la date à l'automne prochain et à conserver la salle ainsi que le traiteur. Pour l'heure, il n'y a pas eu de grosses pertes financières pour le couple, si ce n'est "quelques détails" comme les gobelets Ecocup déjà customisés avec la date initiale inscrite dessus.
"C'était le destin"
Le plus compliqué dans l'histoire, c'est la partie administrative. "Je suis en plein dans ces espèces de négociations mais comme c'est un mariage binational, le dossier de mariage a une durée de validité limitée et il y a certaines pièces du dossier qui expirent au mois de mai, nous explique Dimitri. On attend la fin du confinement pour savoir sur quelle date on pourra se rattacher". Ils se pencheront sur la question un peu plus tard.
En attendant, les deux s'efforcent de s'occuper, confinés dans leur appartement au sein de la ville rose. Ils relativisent, pensant à leurs "amis parisiens qui sont dans des situations immobilières parfois précaires ou qui vivent seuls". Le 11 avril prochain aurait dû être un jour important pour eux mais la situation sanitaire actuelle en aura décidé autrement. "La seule chose qu'on espère vraiment, c'est que ce jour-là, il y a de la grêle, de l'orage, une météo horrible, lâche Dimitri sur le ton de la blague. Comme ça, on pourra vraiment se sentir mieux en se disant que finalement, c'était le destin qui voulait qu'on change cette date".
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