Marche des fiertésCes hashtags qui aident les jeunes LGBT+ à s'assumer 

Par Elodie Hervé le 02/06/2020
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Il arrive que Twitter soit aussi un lieu d’échanges et de partage. Derrière les hashtags #LGBTCute, #LGBTQuarentine #LGBTQneveralone ou #LoveisLove, de jeunes LGBT+ se soutiennent, se parlent, s’entraident et avancent ensemble.

Chaque dimanche, pour casser la solitude, être visibles, et faire des rencontres, des milliers de photos de personnes LGBT+ sont envoyées sur les réseaux sociaux sous le hashtag #LGBTQneveralone

“Je ne connais pas beaucoup de personne LGBT+, raconte Hugo, 19 ans. J’utilise ce hashtag simplement pour rencontrer des gens comme moi et pourquoi pas me faire des amis au sein de la communauté”. Face à son miroir, le téléphone dans une main, il s’expose sur Twitter dans une chemise légèrement ouverte. Dimanche dernier, en France, plus de 10.000 tweets ont été envoyés et presque autant de photos sous ce hashtag. “Chaque dimanche à 19 h, on poste des selfies, explique Léandre, 18 ans. L’idée, c’est de nous donner de la visibilité et de faire de nouvelles rencontres.”

Bulle de tendresse

Il raconte aussi la facilité d’être out sur un réseau social. “Ici, nous ne sommes pas confrontés au regard des autres, comme dans la rue. Et puis on peut bloquer la ou les personnes qui nous font du tort avec que dans la vraie vie ce n’est pas trop possible”. Même impression pour Max, qui raconte se réfugier dans ce hashtag. Une bulle de tendresse, décrit-il. En postant et en parcourant les différents comptes, il se crée un feed safe et agréable à regarder. “Ici, j’ai l’impression que mon feed est le reflet d’une société plus ouverte d’esprit, raconte-t-il. Je me suis créé une autre réalité en quelques sortes. Je partage tout et n’importe quoi et je n’ai pas peur d’être moi-même.” 

Depuis plusieurs mois, sur les réseaux sociaux, des hashtags LGBT+ fleurissent. #LGBTCute, #LGBTQuarentine #LGBTQneveralone ou encore #LoveisLove. Ces hashtags ont, pour la plupart, étaient lancé aux Etats-Unis avant d’être massivement réutilisés en France, au Canada ou en Australie. Récemment, les personnes intersexes ont également créé leur hashtag pour alerter sur leurs souffrances. 

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"Exister ensemble"

Pour beaucoup, c’est une façon de trouver du réconfort face à la solitude de ces derniers mois, de parler avec des personnes qui traversent ou vivent la même chose et d’être out, peut-être un peu plus librement que dans les rues. C’est le cas pour Florane, 22 ans. “ Ça me permet de connaître et me faire connaître des personnes de ma communauté, explique-t-elle. Non pas pour draguer, mais pour découvrir des personnes qui me comprennent. Et avec qui je peux partager des expériences similaires. Moi, je ne suis OUT que depuis 2019 et j'ai encore du mal à parler de mon orientation sexuelle avec mes proches.” Alors le temps d’une soirée le dimanche, elle se connecte, et publie ses photos avec le hashtag #LGBTQneveralone. 

À cela s’ajoute, l’envie de montrer que les personnes LGBT+ existent. D’autant plus après l’annulation ou le report d’une grande partie des Pride dans le monde. “L’annulation des Pride, ça met un coup, c’est sûr ! explique Léandre. Du coup, ce hashtag-là, il nous permet d’exister, de s'assumer, de se sentir tous ensemble et donc d’être plus fort. C’est important pour moi”. 

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Cyberharcèlement

Lui raconte avoir mis du temps avant de se lancer dans cette soirée de partages de photos. La crainte des réactions de son entourage, de la haine en ligne… “Mais aujourd’hui, je n’écoute plus ces mauvais commentaires et ces insultes, lâche-t-il. Et puis de toute façon, je ne comprends pas ce que font ces homophobes dans mes mentions. Si on n’aime pas les sushis, on ne va pas dans un restau de sushis pour dire ‘je n’aime pas’. Cela n’a aucun sens. Et ben moi, je les vois comme ça les homophobes aujourd’hui. Déplacés, sans intérêt et un peu stupides”.

Max lui aussi a remarqué le nombre de commentaires haineux dans ces mentions. “C’est un phénomène inquiétant cette recrudescence d’homophobie affichée fièrement par certains membres. Avec le nombre de likes que ces tweets ou comptent génèrent, on a l’impression qu’une chasse est en marche, c’est un peu effrayant.” Tous les deux expliquent que c’est aussi pour ça qu’ils ont besoin de ces hashtags. Pour être ensemble, pour casser la solitude et se battre pour les droits des personnes LGBT+.

Des hashtags militants

C’est aussi important de montrer qu’on existe, ajoute Justine 21 ans. J’aimerais que notre représentation sorte des réseaux pour apparaître en plus grande partie dans ‘le monde réel’ et que les gens voient que les LGBT+ existent. Que l’on partage la même vie. Beaucoup ont encore du mal avec ce principe”.

Pour elle aussi l’annulation des Pride a été un coup dur. D’autant plus avec la loi de bioéthique mise en pause et les récentes annonces d’un probable nouveau report de la PMA. “Ici, sur Twitter sous ces hashtags, c’est un mon moyen de rappeler nos droits existants et de souligner ceux que l’on réclame. On ne lâchera pas !” En attendant, c’est en noir et blanc et aux bras de sa copine qu’elle publie ses photos sur Twitter. 

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Construction d'un monde idéal

Derrière ces hashtags, il y a aussi Yocaste, 24 ans. Lui dit vouloir montrer que toutes les personnes LGBT+ quelles que soient leurs origines et / ou leurs religions peuvent trouver leur place dans cette communauté. “ Perso, je n’ai pas eu cette visibilité il y a quelques années. Moi je suis noir, jeune, homo et je ne me sens pas toujours représenté. Du coup à travers ces hashtags, je veux aider les plus jeunes à être out à s’assumer, mais aussi à leur dire qu’ils et elles ont toute leur place dans la société et dans la communauté LGBT+”. D’une voix calme, il explique vouloir un monde plus inclusif où toutes et tous puisse trouver une place. Que ce soit dans la communauté LGBT+ ou dans le reste de la société. 

En attendant, toutes et tous s’affichent sous leur meilleur profil et participent à cette galerie de photos du dimanche soir. Entre bienveillance et entraide, les jeunes LGBT+, ont trouvé dans ces hashtags, une façon d’exister, d’être ensemble et de se soutenir face à la haine en ligne. Le hashtag #LGBTQneveralone a même été classé troisième tendance sur Twitter, dimanche dernier. Et ça, au niveau mondial !