Les États-Unis sanctionnent le président tchétchène pour "violations des droits humains"

Par Nicolas Scheffer le 22/07/2020
Kadyrov

Ramzan Kadyrov, le président de la Tchétchénie est interdit de séjour aux États-Unis. Il est accusé de multiples violations contre les droits humains, notamment de vouloir "purifier" son pays des homosexuels.

Les États-Unis ont placé Ramzan Kadyrov, le président de la Tchétchénie, sur leur liste noire. Depuis lundi 20 juillet, Ramzan Kadyrov, sa femme et ses filles sont donc interdits de séjour aux États-Unis. Washington dit disposer d'un "grand nombre d'informations crédibles selon lesquelles Ramzan Kadyrov est responsable de grossières violations des droits humains depuis plus de dix ans, y compris d'actes de torture et d'exécutions extrajudiciaires", a assuré Mike Pompeo, le secrétaire d'État. Les États-Unis "encouragent" d'autres pays à les suivre.

Le dirigeant proche de Vladimir Poutine avait jusqu'alors évité les sanctions pour avoir violé à de multiples reprises les droits de l'homme. Des témoins qui ont fui la Tchétchénie ont dénoncé des rafles et des brutalités systémiques infligées à des hommes identifiés comme homosexuels. Les premiers témoignages datent de février 2017. Il font état de tortures et des arrestations par dizaines dans des cellules d'une prison secrète à Argoun, à l'est de la capitale.

En Tchétchénie, "nous n'avons pas de gay"

"En 2018, les États-Unis et 15 autres pays ont créé une mission d'enquête pour documenter les abus contre les personnes LGBTI, les militants des droits de l'homme, les journalistes de médias indépendants et toute autre personne qui s'est opposé à Kadyrov. Nous nous inquiétons que Ramzan Kadyrov utilise aujourd'hui l'excuse de la pandémie de coronavirus pour violer à nouveau les droits humains des Tchétchènes", a argumenté Mike Pompeo.

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En 2017,  Kadyrov avait appelé à "purifier" la Tchétchénie des homosexuels. Mais interpellé à ce sujet, il a rétorqué un "non-sens. On n'a pas ce genre de personnes ici. Nous n'avons pas de gays. Et s'il y en a, emmenez les au Canada". Avant d'ajouter "emmenez les loin de nous qu'on n'en n'ait pas à la maison. Pour purifier notre sang, si jamais il y en a, emmenez les. Ils sont diaboliques, ce ne sont pas des personnes", rappelle Pinknews.

Des dissidents assassinés récemment

À propos des sanctions américaines, Ramzan Kadyrov a posté cette semaine sur Telegram une photo de lui dans une artillerie. "Pompeo, nous acceptons le combat ! À partir de maintenant, les choses vont devenir plus intéressantes !", commente-t-il cité par l'AFP. Il regrette toutefois que sa famille soit également sanctionnée. "Ok, disons que j'ai violé cent fois les droits humains. Mais comment expliquez-vous les sanctions contre ma femme et mes filles ? Quels crimes ont-elles commis et quels droits ont-elles violés ?", poursuit-il avant de promettre une réponse.

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Depuis plus de 10 ans, Ramzan Kadyrov tient d'une main de fer la Tchétchénie qu'il dirige depuis que son père a été tué en 2004. Plusieurs dissidents tchétchènes ont été assassinés en Europe. Mamikhan Oumarov qui avait demandé l'asile politique en Autriche a été tué par balle début juillet, indique Le Monde. Imran Aliev, un blogueur de 44 ans a été retrouvé poignardé dans une chambre d'hôtel à Lille en janvier de cette année. Toumso Abdourakhmanov, un blogueur tchétchène critique de Ramzan Kadyrov, dit avoir été victime d'une tentative de meurtre en février. La réponse à l'administration Trump sera-t-elle du même acabit ?

Crédit : Capture d'écran Telegram