justiceEn Pologne, Ikea est poursuivi pour avoir licencié un employé homophobe

Par Nicolas Scheffer le 24/07/2020
Ikea

La justice polonaise reproche à un DRH d'Ikea d'avoir licencié un employé ayant proféré des menaces LGBTphobes.

Un magasin Ikea est dans le viseur de la justice polonaise. Son tort ? Avoir défendu les droits des personnes LGBT+. Il y a un an, la chaîne de mobilier a licencié un employé qui "utilisait des citations de l'Ancien Testament pour dire que le sort des homosexuels devait être lié à la mort et au sang", selon une information de l'agence Bloomsberg. L'homme a posté sur le site interne de l'entreprise des messages LGBTphobes. Parmi ces propos : "l'acceptation et la promotion de l'homosexualité et d'autres déviances sont scandaleuses", écrivait-il.

L'entreprise a fait savoir qu'elle s'est emparée du sujet après que des employés ont fait part de leur inquiétude. Ils faisaient remarquer que ce discours va à l'encontre de la culture de l'entreprise fondée sur "la liberté des idées, la tolérance et le respect". Le Code du travail polonais prévoit par ailleurs que l'entreprise doit combattre les discriminations en raison de l'orientation sexuelle.

Une "opinion en vertu de ses valeurs catholiques"

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Les procureurs ont accusé le directeur des ressources humaines d'Ikea d'enfreindre la liberté religieuse de l'employé. Le DRH risque jusqu'à deux ans de prison. Marcin Sadus, un porte-parole du parquet de Varsovie a avancé que le licenciement était "arbitraire et discriminatoire". Selon le magistrat, l'employé "exprimait son opinion, en vertu de ses valeurs catholiques". "Les employeurs, y compris les multinationales, doivent respecter la vie privée de leurs employés. Cela implique de ne pas interférer dans des actions idéologiques (sic) qui n'ont pas de lien avec le travail", juge Marcin Sadus à l'agence de presse PAP.

L'entreprise apporte "son soutien" au DRH

La porte-parole d'Ikea a confirmé avoir reçu une plainte contre l'un de ses manager. L'entreprise dit à Bloomsberg apporter "son soutien entier" à son DRH mais qu'elle ne souhaitait pas commenter davantage. Après cet épisode, la chaîne de magasins a dû faire face à une vague de boycott, selon Pinknews. L'affaire a pris un tournant politique lorsque le ministre de la Justice a qualifié cette sanction d'"absolument scandaleuse" et demandé aux procureurs de s'emparer de l'affaire.

En Pologne les droits des personnes LGBT+ sont remis en cause. Andrzej Duda a été réélu de justesse mi-juillet grâce à un programme nationaliste et conservateur. Il a en effet avancé que les LGBT+ n'étaient pas des personnes mais une "idéologie" que l'on peut comparer à "une sorte de néo-bolchévisme". Dans le pays, une centaine de villes a mis en place des "zones sans LGBT". Deux de ces zones ont toutefois été déclarées contraires à la Constitution, dans une décision qui devrait faire jurisprudence.

Crédit photo : Flickr / Håkan Dahlström