Hébergée sur SoundCloud, cette plateforme fraîchement lancée propose des morceaux de tous genres, dont le dénominateur commun est d'avoir été conçus par des artistes LGBT+. Une initiative excitante, que son créateur nous explique en détails.
Les artistes LGBT+ français sont légion mais souffrent d'un cruel manque de visibilité. Inaugurée il y a quelques mois à peine, Les Disques du Lobby entend changer la donne. Née sur SoundCloud, cette plateforme se confie pour mission de mettre en lumière la scène musicale queer de notre Hexagone. Chaque mercredi, au moins un nouveau titre inédit est mis en ligne, pouvant être téléchargé gratuitement. Et il est forcément signé par un artiste faisant partie de la communauté. Cette semaine, Mokish livre avec "Sodo Pour Tous" la réponse d'un croyant épuisé par la Manif Pour Tous. "Il a été conçu pour ajouter 50 PV aux manifestants anti-MPT" explique l'email hebdomadaire.
Des dizaines de morceaux sont déjà disponibles sur, appartenant à des genres éclectiques. La pop enivrante de Lësterr, la techno énergique de Maxime Iko, la house étonnamment apaisante de Charleeps... tant de compositions variées, queer et made in France, à écouter en accès libre.
Derrière ce projet se cache Xavier. Mieux connu du milieu nocturne parisien sous le pseudonyme d'Ixpé, le DJ mêle ici sa passion pour la musique à son militantisme. Bien qu'il soit épaulé par son meilleur ami Maxime au niveau visuel, cet artiste ouvertement "gay et heureux de l'être" est seul aux commandes. Afin de mieux saisir les tenants et aboutissants de cette initiative nécessaire, TÊTU a décidé de poser quelques questions à son créateur.
TÊTU : Comment est né ce projet ?
Xavier Peaufichet : Il trottait dans ma tête depuis assez longtemps mais je n'arrivais pas à trouver quelle forme lui donner. Le confinement a été une période où j'ai pu me poser, réfléchir et m'y atteler sérieusement. Il s'agit donc d'un compte SoundCloud où, chaque mercredi, un titre inédit d'un·e artiste membre de la communauté LGBTQI+ française est publié.
Comment déniches-tu les artistes qui se retrouvent chez Les Disques du Lobby ?
J'ai la chance de travailler dans la musique électronique et donc de côtoyer beaucoup d'artistes. Ça a rendu le lancement plus facile car j'ai pu approcher pas mal de monde facilement. Aujourd'hui, je démarche beaucoup, en laissant mes oreilles traîner sur Soundcloud, YouTube, en regardant les posts de mes ami·e·s sur Facebook ou en fouinant sur Instagram. J'ai aussi la chance d'être maintenant approché directement par des artistes que je ne connaissais pas et qui veulent participer au projet !
Quelle vision as-tu de la scène musicale LGBT+ en France ?
Elle est assez incroyable car très diverse et très prolifique. Il y en a pour tout le monde, qu'on aime la pop, la techno, le rock ou autre. Mais deux problèmes persistent : le manque de visibilité de cette scène et le manque d'espace pour la découvrir. C'est ce qu'on essaie de rattraper à notre propre échelle.
Quels genres musicaux peut-on espérer trouver chez Les Disques du Lobby ?
Nous avons un slogan qui résume bien la chose : Les Disques du Lobby n'ont ni genre musical, ni genre tout court. À la différence d'un média classique ou d'un label, nous avons un point d'entrée communautaire, qui n'est pas du tout basé sur le genre musical. On y trouve donc aussi bien de la pop façon internet wave qu'un chant arménien en mode industriel ou de l'acid techno pour warehouse. D'ailleurs, le compte SoundCloud dispose de playlists par style musical, pour celleux qui auraient envie d'explorer plus un genre particulier. Mais j'espère parvenir à diversifier encore plus le spectre musical afin de représenter l'intégralité de la scène.
Quel impact espères-tu avoir à travers ce projet ?
L'objectif est vraiment de rassembler et de présenter les artistes LGBTQI+ à un public large et curieux. J'ai créé le projet en n'imaginant pas une seule seconde que l'activité culturelle événementielle ne pourrait pas reprendre avant longtemps. Et l'une de mes envies initiales était de pouvoir faire de ce compte SoundCloud un repaire pour les organisateur·ice·s de soirées et de festivals pour qu'ielles puissent trouver de quoi étoffer leurs line-ups et les rendre plus diversifiés. On sait aussi que les artistes queers sont souvent plus précarisé·e·s que les autres, c'est donc important de maintenir leur visibilité pendant cette période difficile d'impossibilité de live.
Crédit photo : Marcela Laskoski via Unsplash
