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associationQui est David Malazoué, le nouveau président de SOS homophobie ?

Par Nicolas Scheffer le 30/09/2020
le président de l'association sos homophobie

David Malazoué est devenu le weekend dernier le nouveau président de l'association SOS homophobie. TÊTU a fait connaissance avec ce jeune avocat, jusqu'à présent pas ou peu connu du grand public et du militantisme parisien.

Quand on lui a proposé l'exercice du portrait, le nouveau président d'SOS homophobie a fait preuve d'humilité. "Je n'ai pas l'habitude de ça, c'est très impressionnant", dit-il à la sortie de l'entretien. À 31 ans, ses études de droit en poche et un début de carrière d'avocat, David Malazoué va devoir diriger bénévolement l'une des principales associations LGBT+ en remplacement de Jeremy Faledam et de Véronique Godet.

"C'est plus un rôle de coordinateur d'une équipe de bénévoles qui travaillent comme des fous et qui sont déjà sur de bons rails", nuance-t-il, humblement. Avec lui, Véronique Cerasoli a été élue porte-parole. Quoi qu'il en soit, SOS homophobie a du pain sur la planche puisqu'à l'entendre, les pouvoirs publics délèguent quasiment tout leur devoir de protection des citoyens LGBT+ aux associations. L'année dernière, le rapport annuel faisait état d'une hausse "alarmante" des LGBTphobies. Des témoignages en croissance de 26% par rapport à 2018.

Une mission de service public

"Après tout, les militants s'emparent mieux de la mission de service public, dit-il citant la prévention en milieu scolaire, l'une des activité principale de SOS. Nos bénévoles croulent sous les demandes des établissements". Selon lui, la limite ne vient pas de l'engagement des militants ("certains, j'en suis à me demander quand est-ce qu'ils dorment", souffle-t-il), mais des moyens financiers qui eux, sont inexorablement limités. Certes, la mairie de Paris a annoncé une hausse des subventions, mais les associations craignent un gel des financements privés.

Le nouveau président aimerait que son association apporte davantage de soutien d'urgence aux victimes. Bien souvent, ces personnes qui appellent la ligne d'écoute (01.48.06.42.41) sont dans une situation alarmante, chassées de chez elles. "Nous devons pouvoir leur proposer une nuit d'hôtel quand il le faut alors que jusqu'à présent, on les a aidé sans cadre formel", dit-il un peu frustré de devoir les rediriger vers le Samu.

Un membre de la commission de soutien juridique

Alors qu'il est encore à la fac, c'est une interview d'Élisabeth Ronzier, ancienne présidente de SOS, dans le magazine de TÊTU qui l'a poussé à s'intéresser aux questions LGBT+. Un heureux hasard veut qu'à l'époque, la présidente de SOS est également sa chargée de travaux dirigés. Tandis qu'ils discutent des sujets de discriminations, elle le convainc de pousser la porte de l'association. Mais David Malazoué a du mal à concilier vie étudiante et associative et délaisse son militantisme. Il y a un an et demi seulement, il revient à SOS homophobie, son diplôme d'avocat en poche, enfin installé dans la vie professionnelle.

Naturellement, il intègre la commission de soutien juridique. Le nouveau président suit par exemple le dossier d'un couple de femmes victimes de harcèlement lesbophobe au sein de leur entreprise. "L'une est en arrêt maladie, l'autre a demandé une mutation. Pendant ce temps, leur harceleur a obtenu une promotion. On sent leur détresse qui donne de l'énergie pour se battre", témoigne-t-il. Lui même se dit protégé de l'homophobie, même s'il a déjà reçu des regard appuyés et des remarques déplacées. Le trentenaire qui a grandi dans le Val-de-Marne se dit redevable envers la communauté. Il n’a pas été victime des mêmes atrocités que d'autres.

Un sens de l'empathie

Au sein de sa famille, David a facilement parlé de son homosexualité à sa mère infirmière et son père comptable. "Ils étaient contents que je leur présente quelqu'un mais craignaient que je sois victime de LGBTphobie".

D'autant que ses parents ont eux aussi souffert des regards racistes que portaient certains habitants de la petite ville où ils vivaient : "Le fait d'avoir été élevé dans la différence m'a sans doute rendu sensible aux injustices. Je ne comprends pas que l'on ne puisse pas ressentir de l'empathie pour la personne que l'on discrimine." Naïveté ? Peut-être. Mais chez un jeune homme engagé, elle fait plaisir.

Crédit photo : DR.