La mairie de Paris a annoncé que les subventions pour les associations LGBT+ passeront de 200.000 euros à 382.650 euros. Un centre d'archives et une Maison des cultures LGBT+ seront également ouverts, sans qu'aucune date ne soit arrêtée.
Après avoir remporté les élections municipales, Anne Hidalgo s'engage financièrement pour les associations LGBT+. Lors du conseil municipal d'octobre, vingt-cinq associations recevront des subventions pour un montant de 382.650 euros. Le Centre LGBT, l'Inter-LGBT, Le Refuge et SOS Homophobie seront les premières concernées.
"Nous doublons notre soutien financier, qui va passer d'environ 200.000 euros à 400.000 euros par an", explique Jean-Luc Romero au Monde. "Il fallait envoyer un signe fort, pour rattraper le retard, explique l'adjoint en charge de la lutte contre les discriminations. À l’époque de la droite, il n’y avait pas un centime pour les associations LGBT. Les premières actions, les premières subventions sont arrivées avec Bertrand Delanoë, à partir de 2001, et Anne Hidalgo a amplifié le mouvement".
Inquiétudes des associations
Lors de la rentrée des Assoces, mi-septembre, de nombreuses associations ont exprimé leurs inquiétudes, notamment d'une baisse des financements. "Depuis mars, nous n’avons fait aucune intervention dans les écoles, expliquait Laurent de Contact, l'association pour les parents d'enfants LGBT+. Et nos groupes de paroles et d’écoute pour les familles viennent à peine de reprendre". Alors que les mesures sanitaires ont été durcies pour enrayer l'épidémie de Covid-19, d'autres associations craignent de ne pas pouvoir poursuivre leur travail de prévention.
Un autre dossier tentaculaire est ouvert depuis vingt ans : la création d'un centre d'archives LGBT+. "La création de ce centre d'archives constitue une priorité. Et comme il a une vocation nationale, son financement devra s'appuyer aussi sur l'État et la région", indique Jean-Luc Romero dans le quotidien du soir.
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Initialement annoncée pour janvier 2020, une Maison des cultures LGBT+ doit également ouvrir ses portes, sans qu'aucune nouvelle date n'ait été arrêtée. D'ailleurs, une mission a été confiée à Joël Deumier, ancien président d'SOS Homophobie, pour esquisser l'organisation de la structure. Cette maison pourrait s'installer rue Malher, dans le Marais. Car le quartier perd de sa queerness depuis que la librairie historique Les Mots à la bouche a dû déménager à cause, notamment, de la hausse des prix des loyers.
Un centre à la dimension d'une capitale mondiale
Les associations craignent un mélange des genres entre une Maison des cultures LGBT+ et le centre d'archives. "Ce sont deux choses très différentes dans leur ambition", assure Sam Bourcier du collectif Archives LGBTQI. L'activiste souligne qu'à Berlin et Amsterdam, les centres existent depuis quarante ans, quand Paris est toujours à la traîne. Le risque est de répéter le fiasco de la bibliothèque féministe Marguerite-Durand.
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"Le collectif est déterminé pour créer un centre autonome et communautaire. Ces archives doivent être à la dimension d'une capitale mondiale", souligne-t-il. Selon nos informations le Schwules Museum de Berlin dispose d'un budget de 559.367 euros. Le centre d'archives d'Amsterdam dispose lui de quelque 600.000 euros annuels. Soit autant à eux seuls que les subventions accordées à 25 associations LGBT+.
Crédit photo : S. Robichon