PapeLe pape nomme Olivier de Germay à la tête du diocèse de Lyon, un habitué des déclarations hostiles aux personnes LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 23/10/2020
Olivier de Germay

Le pape nomme un ultra-conservateur pour remplacer Barbarin, démissionnaire après l'affaire Preynat. A de nombreuses reprises, il a tenu des propos hostiles aux personnes LGBT+.

Un pas en avant et deux pas en arrière. Après avoir défendu l'idée d'une unions civiles pour les couples de même sexe, le Pape François nomme un archevêque ultraconservateur pour remplacer Philippe Barbarin. Prônant les "thérapies de conversion", ce prélat est un habitué des sorties homophobes et transphobes.

Le Vatican a annoncé la nomination d'Olivier de Germay, à la tête du diocèse de Lyon, le plus prestigieux du pays avec Paris. Jusqu'alors, il était en poste à Ajaccio depuis 2012. C'est un officier de carrière, un parachutiste qui remplacera Mgr Barbarin, évincé après ses démêlés judiciaires dans l'affaire Preynat. Les catholiques LGBT+ ont de quoi s'étrangler.

"Chacun peut choisir son orientation sexuelle"

Bien loin de prôner l'union civile pour les couples homos, Olivier de Germay a battu le pavé avec la Manif pour tous. En 2012, il déclarait : "le mariage fondé sur l'union d'un homme et d'une femme est une des institutions de base de la société. La famille est la cellule de base, le fondement de notre société. Il est dangereux de toucher à ce socle, sans un véritable débat public".

À LIRE AUSSI - « Il ne faudrait pas que l’union civile se fasse au détriment du mariage » estime l’association David et Jonathan

À propos de l'identité sexuelle ou de genre, là encore, de Germay aime faire les amalgames douteux : "Chacun peut donc choisir son orientation sexuelle (hétéro, homo, bi, trans, etc.) indépendamment de son sexe. Il sera par conséquent interdit – car considéré comme de l'embrigadement – de donner à un garçon des repères éducatifs masculins et à une petite fille des repères éducatifs féminins. Ce serait aller contre une liberté individuelle toute-puissante revendiquant son affranchissement vis-à-vis de la nature…", écrivait-il en 2013 dans La Croix.

Les homosexuels ? "Des tordus"

En 2012, il part en vrille lors d'un entretien avec Corse Net Infos "Si vous êtes dans une société où l'homosexualité est banalisée, normalisée, alors il y a une perte totale des repères", disait-il. À propos de l'idée d'avoir des fidèles homos, il disait : "Bien sûr qu’une personne homosexuelle peut appartenir à notre communauté. On est tous des tordus quelque part. Toutefois l’Eglise lui demandera d’avoir une vie chaste et de suivre un chemin de conversion".

À LIRE AUSSI - « On a tenté de me convertir à l’hétérosexualité » : Benoît raconte l’enfer des thérapies de conversion

Le mot conversion n'est évidemment pas utilisé par hasard. Pour rappel les prétendues "thérapies de conversion" sont en passe d'être interdites en France car "elles prennent une ampleur inquiétantes", selon le rapport de la députée Laurence Vanceneubrock-Mialon. Parmi les victimes interrogées, certaines ont traversé des dépressions, ont fait face à des troubles de la personnalité voire des idées suicidaires.

Homosexualité et pédophilie

Toujours dans Corse Info Net, il associe homosexualité et pédophilie. "L’Église nous invite à demander aux jeunes homosexuels au séminaire de ne pas poursuivre. (...) Les récentes affaires douloureuses de pédophilie ont causé énormément d’émois et de tort et l’Eglise souhaite éviter autant que faire se peut les dérives en son sein."

À LIRE AUSSI - Le pape François n’est décidément pas à une contradiction près sur l’homosexualité

À Libération, une source de l'archevêché de Lyon fait cette confidence : "Olivier de Germay a beaucoup changé. Il ne ferait plus ce genre de déclarations". Mais le mal est fait. Et les excuses se font toujours attendre.

Crédit photo : Capture d'écran / KTO