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couple"Nous avons un calendrier pour voir les films ensemble" : les relations longue distance à l'épreuve du confinement

Par Ronan Houssin le 06/11/2020
Confinement

Depuis vendredi 30 octobre, la France est reconfinée. De nombreux couples se retrouvent ainsi séparés. Comment gérer la distance, avec des perspectives de se revoir très (trop) lointaines ? Ils et elles nous racontent.

En temps normal, Madisson  et Laura se voient « un week-end sur deux ».  « D’ordinaire, 400 kilomètres nous séparent lorsque ma partenaire est à Paris pour ses études. Comme pendant le premier confinement, elle est retournée chez ses parents à 800 km de moi qui vit en Belgique », explique Madisson. Une situation difficile à vivre pour le couple.

« Lors du premier confinement, cela a été une épreuve à surmonter. Le contexte anxiogène de la situation sanitaire générait beaucoup d’angoisse. Le plus dur était de ne pas savoir quand les frontières entre les pays de l’espace Schengen allaient rouvrir. Sans cette date, nous ne pouvions fixer nos retrouvailles », raconte Laura. « Depuis le début de notre relation, nous n’avions jamais passé plus de 15 jours sans nous voir. Là, nous ne nous sommes pas vues pendant onze semaines », rajoute sa compagne.

Le téléphone pleure

Cyril Baumann et son compagnon ont eux aussi été séparés par plusieurs centaines de kilomètres et une frontière. « J’habite à Metz et mon compagnon vit à Milan, soit à environ 600 km de moi. » Le premier confinement, Cyril l’a passé dans son appartement étudiant de 20m2. Mais pour le jeune homme, ce n'est pas la taille de son appartement qui a été la plus problématique.  C'est l'absence de relations sociales, et notamment avec son partenaire. "N’étant pas quelqu’un de solitaire, il était compliqué pour moi de me résoudre à devoir communiquer seulement par téléphone. » 

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Mais faute de mieux, Cyril et son compagnon ont donc passé beaucoup de temps accrochés au combiné. « Les conversations téléphoniques nous permettaient de tenir le coup, mais l’amour à distance est déjà compliqué, alors avec le confinement… Ce qui a été le plus difficile pour nous a été l’absence de moments intime, sentir la chaleur l’un de l’autre… » En temps normal, les deux amoureux se voient une semaine et demi par mois.

Manque de contact

Ce manque, Etienne Hoppenot, psychologue à Charenton-le-Pont, en a été le premier témoin. Pendant le confinement de mars à mai, il a reçu plus de couples LGBT en consultation qu'à l'accoutumée - il assurait ses rendez-vous grâce à la visioconférence. Alors que selon le psychologue, "la distance a eu des impacts sur les couples", les partenaires qui ne vivaient pas ensemble où étaient séparés lors du confinement ont souffert de la distance. "Le manque de contact de physique, de contact avec la peau de l'autre a pu générer un manque affectif important." Pour palier ce manque, certains couples se sont tournés vers des pratiques sexuelles à distance. Mais pour le thérapeute, "ces pratiques, le sexe par webcam par exemple, ne remplacent pas un contact physique."

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Nicolas  et son partenaire ne sont, quant à eux, séparés de seulement quelques kilomètres.  « Je suis dans le 95 et mon conjoint est dans le 94. Il n’y pas énormément de kilomètres qui nous séparent (40 environ) comparé à d’autres mais assez pour ne plus pouvoir se voir aussi souvent. » Alors comme les autres couples, ils ont fait chauffer leurs téléphones, et gardé le lien, en vidéo. "C’était frustrant au début mais on a trouvé une certaine routine. » Cette routine a même permis, selon Nicolas, de renforcer leurs liens

Une communication pas si simple

Mais les nouveaux moyens de communication ne sont pas aussi vertueux dans tous les ménages. « La communication virtuelle donnait parfois lieu à des malentendus qui créaient des tensions » admet volontiers Laura. Et ce n'est pas Etienne Hoppenot qui dira le contraire. "J'ai accompagné ces couples par des séances en visio. C'est une configuration assez compliquée, notamment quand la parole au sein du couple est très difficile et qu'il y a beaucoup de tensions. Par exemple, lors d'une séance dans mon cabinet, ils ne peuvent pas sortir de la pièce, ce qui n'est pas le cas en visio." 

En d'autres termes un couple confiné qui s'engueule n'a pas vraiment la possibilité de pouvoir claquer la porte. Et va donc davantage opter pour une résolution du conflit, plutôt que de raccrocher et de rendre ainsi impossible toute communication.

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Un calendrier et des projets

Heureusement, les couples longue distance ont semble-t-il tiré des leçons de leur première expérience. Depuis vendredi dernier, et après avoir « savouré davantage les moments passés ensemble »,  Laura et Madisson tentent de positiver. Laura se dit « moins inquiète qu’en mars.  Nous nous sommes promis de ne pas reproduire les mêmes erreurs. » Cette fois, Laura et Madisson se sont adaptées pour avoir l’impression d’être toujours ensemble. « Outre les échanges par SMS et les appels vidéo, nous avons élaboré un calendrier pour regarder en même temps des films, des vidéos et des séries. »

De son côté toutefois, Cyril ne cache pas son inquiétude. « Outre le fait d’être éloigné une nouvelle fois, je suis quelqu’un de très sensible et angoissé, ce qui n’annonce rien de réjouissant pour les semaines à venir… »  Mais malgré cette séparation forcée, Cyril et son compagnon se disent « sereins » pour l’avenir de leur couple. Quant à Nicolas, s'il ne sait pas quand il pourra de nouveau serrer son boyfriend dans ses bras, il a une certitude : « nous allons en sortir plus soudé et plus complices qu’avant. L’éloignement et le manque a fait que notre amour est devenu une certitude. On a même décidé de s’installer ensemble au printemps, enfin si on peut sortir d’ici là ! »