sériesLa représentation LGBTQ+ dans les séries américaines a baissé en 2020 (et c'est un problème)

Par Florian Ques le 15/01/2021
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Avec son rapport annuel fraîchement paru, l'association GLAAD revient sur la visibilité des personnes queers à la télévision comme sur les plateformes de streaming états-uniennes. Un bilan assez décevant mais loin d'être désastreux.

2020 n'aura pas été glorieuse pour la représentation LGBTQ+ du petit écran aux États-Unis. Comme le rapporte l'organisme GLAAD dans son nouveau rapport, l'année écoulée a connu une légère chute en termes de visibilité des personnes queers sur les chaînes publiques américaines. Sur 773 personnages récurrents toutes séries confondues, seuls 9,1% font partie du spectre LGBTQ+. Une baisse notable face aux 10,2% du cru 2019, nombre record encore jamais égalé. Une décroissance similaire a été observée du côté des plateformes de SVoD. Des chiffres assez prévisibles au vu d'une année particulière marquée par le Covid-19.

Un problème systémique à corriger

À cause de la pandémie mondiale, bon nombre de fictions n'ont pas pu boucler leur tournage et assurer leur diffusion contrairement à ce qui était prévu. Des décalages qui ont indéniablement impacté la représentation LGBTQ+ avec des séries importantes n'ayant pas pu diffuser d'épisodes inédits. On pense notamment à Pose, pilier de la visibilité trans, mais aussi à The L Word: Generation Q. Les adieux de certains programmes comme How to Get Away with Murder ont également causé un vide notable.

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Cela dit, ce bilan annuel permet de souligner un problème au sein de l'industrie sérielle. En effet, GLAAD pointe du doigt le fait que les quatre mêmes producteur·trice·s contribuent à fournir près de 17% des personnages LGBTQ+ dans les séries. Autrement dit, Greg Berlanti (Love, Victor), Lena Waithe (Twenties), Shonda Rhimes (Grey's Anatomy) et Ryan Murphy (Hollywood) portent sur leurs épaules une grande partie du poids de la représentation queer. Un constat alarmant, qui met surtout en exergue le manque flagrant d'implication d'autres producteur·trice·s du milieu sur la visibilité des personnes LGBTQ+.

La diversité en détails

En 2020, les hommes gays ont encore une fois été davantage représentés que les autres minorités de la communauté LGBTQ+. Chez les trois géants du streaming (Netflix, Amazon Prime Video et Hulu) par exemple, 36% des personnages queers à l'écran sont des hommes homosexuels contre 28% de femmes lesbiennes. Les personnes bisexuelles occupent 31% de la visibilité sur ces plateformes, alors que les personnes trans ne totalisent que 6,4%. L'asexualité, en revanche, n'a compté aucun représentant.

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Comme à son habitude, le rapport de GLAAD met aussi en lumière les disparités raciales au sein de cette représentation LGBTQ+. Ainsi, sur les chaînes de télévision et sur les plateformes de streaming, environ 51,7% des personnages queers représentés sont interprétés par des personnes racisées. Des chiffres encourageants puisqu'on note une hausse face au bilan de 2019, lequel affichait alors 48,7%.

Un travail d'archive et de vigilance

Chaque année, l'organisme GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) effectue un travail colossal de veille médiatique. Son but est d'observer et analyser les évolutions en matière de représentation LGBTQ+ aux États-Unis, que ce soit aussi bien sur les chaînes de télévision (publiques et câblées) ou les nouvelles plateformes de SVoD. Ses rapports annuels lui permettent d'alerter les instances décisionnaires de l'industrie afin d'améliorer la visibilité queer à grande échelle. Depuis 1990, l'association est à l'initiative des GLAAD Awards, une cérémonie récompensant les personnalités et les œuvres – du grand comme du petit écran – ayant contribué à mieux représenter les personnes LGBTQ+.

Crédit photos : FX / Fox / Showtime