À Paris, le ministre de l'Intérieur s'est félicité du démantèlement d'une "rave-party" à proximité d'une manifestation. Une simple manifestation pour l'Union des collectifs festifs LGBTQ+, qui dénonce des violences, et une décision discriminatoire.
"Merci aux forces de l’ordre pour leur mobilisation partout en France aujourd’hui. À Paris, ils ont empêché la tenue d'une rave-party à proximité de la manifestation", a écrit Gérald Darmanin sur Twitter. Ce dimanche 17 janvier, 6.500 personnes selon la police, et 15.000 personnes selon les organisateurs, ont défilé à Paris contre la proposition de loi "sécurité globale". Alors que 12 policiers et gendarmes ont été blessés, 15 personnes ont été placées en garde à vue et une enquête a été ouverte pour "trouble à la tranquillité d'autrui par agression sonore" (sic). Visée, l'Union des collectifs festifs LGBTQ+, dénonce une "atteinte flagrante aux libertés individuelles".
Une manifestation déclarée ?
La préfecture de police affirme que des véhicules sonorisés qui devaient diffuser de la musique n'étaient pas déclarés. Sur Twitter, elle a publié une copie de "l'unique déclaration reçue qui ne mentionne qu'un camion sono en fin de manifestation". Pourtant, l'Union des collectifs a indiqué dans un communiqué que "lors des dernières manifestations contre la sécurité globale, plusieurs véhicules issus du monde de la free party, légers et lourds, ont défilé pour la défense des libertés. Les déclarations en préfecture ne mentionnaient ni les numéros d’immatriculation des véhicules ni leur nombre précis. Par ailleurs, alors que la préfecture avait été prévenue directement par l'organisation que d’autres chars que les véhicules syndicaux allaient se joindre à la manifestation, elle n’a jamais repris contact avec les déclarant·es pour demander plus de précisions".
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Ils écrivent que ces véhicules ont été "directement mis à l'écart de la manifestation et dispersés dans les avenues adjacentes". Alors que le cortège musical a tenté de poursuivre les prises de parole et musiques, "une nasse s'est alors formée autour des manfestant·e·s". Selon l'Union, les "forces de l'ordre ont chargé violemment. Un agent est monté sur le camion où avait lieu le concert au moment de la charge pour frapper les musicien·nes et briser les instruments de musiques. Dans les secondes suivantes, il fût rejoint par ses collègues qui laissèrent libre expression à la violence terrifiante des coups de poings, de pied, de matraques, allègrement distribués". Après la manifestation, les camions et la sonorisation ont été saisis par la police.
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"Une décision discriminatoire et illégale"
Les manifestants regrettent l'intervention des forces de l'ordre alors que "notre cortège faisait part entière de la manifestation". "Notre musique ne correspondrait pas au style habituel des manifestations. Une décision discriminatoire, mais surtout illégale, de la Préfecture de Paris visant à nous ostraciser en nous parquant hors du cortège sous des prétextes fallacieux", poursuit l'Union des collectifs festifs LGBTQ+.
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"Non, M. Darmanin ce n’était pas une rave-party, mais des citoyens qui venaient manifester leur opposition à la loi sécurité globale et les restrictions au monde de la culture, en accord avec la coordination Stop Secu Globale. Merci de ne pas les interpeller, ils sont des nôtres", a réagi du Syndicat national des journalistes de la CGT. D'autant qu'en amont de la manifestation, l'union des collectifs festifs LGBT+ avait appelé les manifestants à suivre certaines règles. Elle avait notamment écrit "il s'agit d'une manifestation et non d'une teuf" et un mot d'ordre avait été diffusé.
Adjoint en charge des nuits parisiennes, Frédéric Hocquard a apporté son soutien aux manifestants. "Quand des jeunes veulent défiler dans une manifestation autorisée dernière un camion sono avec de la musique, le ministre de l’intérieur qualifie cela de rave-party et le fait interdire. Quelle place voulons-nous laisser à la jeunesse et à la culture dans ce pays ?", a-t-il écrit sur Twitter. À Paris, plusieurs lieux de nuit emblématiques du Marais risquent de fermer définitivement en raison des contraintes liées à l'endiguement de l'épidémie de coronavirus. Comme le révélait TÊTU, Le Tango, le Gibus, le Dépot, le Banana Café ou encore la Mutinerie sont menacés.
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Crédit photo : Capture d'écran / Huffington Post