fait diversAprès avoir dénoncé un viol et lancé le #MeTooGay, Guillaume retrouvé mort dans sa chambre universitaire

Par Nicolas Scheffer le 10/02/2021
Guillaume

Guillaume, étudiant de 20 ans, a été retrouvé mort dans sa chambre étudiante. Selon les premiers éléments, il se serait donné la mort. Quelques semaines plus tôt, il accusait l'élu parisien Maxime Cochard et son conjoint de l'avoir violé alors qu'il était "particulièrement vulnérable".

Article mis à jour le 10/02/2021 à 12:11 

C'est un jour triste pour les personnes qui ont suivi la libération de la parole de la communauté gay. Âgé d'à peine 20 ans, Guillaume, l'étudiant qui a livré le premier témoignage à l'origine du hashtag #MeTooGay, a été retrouvé pendu dans sa chambre universitaire. Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte par le parquet, il se serait donné la mort. Pour l'heure, les enquêteurs n'établissent pas de lien entre les accusations de l'étudiant et son décès.

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Le 21 janvier dernier, le jeune homme avait accusé l'élu parisien communiste Maxime Cochard et son compagnon de l'avoir violé. "Après plus de deux ans, sans savoir mettre les mots sur ce qui m'est arrivé, je me rends compte que j'ai été violé par Maxime Cochard, conseiller de Paris, et son compagnon [...] en octobre 2018, alors que je n'avais que 18 ans et étais particulièrement vulnérable", a-t-il écrit sur Twitter. Il a ensuite dénoncé "une forme d'emprise" du couple.

Une vague de soutien

Le 21 janvier, l'élu parisien a rapidement démenti "une accusation totalement fausse" et annoncé une action en diffamation. Mais le parti communiste lui a demandé de se mettre en retrait de ses activités politiques. Guillaume avait alors reçu de nombreux messages de soutien. "Merci pour tous les messages de soutien, je pourrais pas répondre à tous il y en a vraiment trop. Je compte me battre pour que justice soit faite et je vois bien que je serai entouré, accompagné et soutenu dans toutes mes démarches", écrivait-il le 21 janvier.

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Les heures qui ont suivi son témoignage, des milliers d'hommes gays ont également pris la parole avec le mot clef MeTooGay. Ils y ont fait part de violences sexuelles, de viols et d'abus au sein de la communauté gay. Le décès de Guillaume, symbole de cette parole libérée, a provoqué la stupéfaction au sein de la communauté LGBT+.

"J'ai été très heureux de l'avoir connu"

"Petit ami pendant un temps et camarade, Guillaume a été les deux pour moi. La réalité violente de sa mort me heurte profondément. J'adresse tout mon soutien à ses proches et aux camarades qui comme moi l'ont connu", écrit Tao Chéret sur Twitter.

"Guillaume était pour moi un ami depuis quatre années déjà. Ce soir, tout le monde a souligné sa bravoure et c’est très bien. Moi, j’aimerais dire que j’ai été très heureux de l’avoir connu, d’avoir pris le train avec lui, de lui avoir parlé. Repose en paix, je ne t’oublierai pas", écrit un autre proche anonyme. Franck avait appuyé les accusations de Guillaume. Mardi soir, il a écrit qu'il n'avait "pas vraiment de mots ou plutôt trop de mots ce soir : tristesse, colère, peine, désarroi... et toujours autant d’admiration devant son courage".

Une manifestation pro-PMA pour toutes

"Souvenir de Guillaume à la manif PMA Pour Toutes début octobre, c’est son énergie notamment qui avait fait naître ce rassemblement en quelques jours" écrit Théo Metton-Régimbeau. En effet, alors que la Manif pour Tous a manifesté dans les rues de plusieurs grandes villes le 31 janvier dernier, à l'approche de la seconde lecture de la loi bioéthique au Sénat, Guillaume a participé à l'organisation d'une contre-manifestation à Paris. Il se félicitait que 4.000 personnes aient apporté leur soutien à cette mesure. "De base on est juste 8 potes qui se lancent comme projet d'organiser une manif, et ça donne ça", applaudissait-il.

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Des proches ont publié un appel à manifester devant le siège du PCF à Paris, ce mercredi à 16 heures, "pour honorer sa mémoire et dénoncer la complicité du Parti communiste". "Après l'heure du recueillement, il faudra continuer à lutter. Pour Guillaume, et pour tou·te·s les autres victimes de notre société patriarcale et capitaliste", ajoute Tao Chéret.

En fin de matinée, le secrétaire national du PCF a réagi sur Twitter. "J'ai appris avec effroi le suicide de Guillaume, étudiant qui avait 20 ans et la vie devant lui. Un drame horrible qui frappe aussi toute une jeunesse, qui nous touche toutes et tous. Militant engagé à la FSE, nous perdons aussi un camarade. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches" écrit-il.

Après la vague #MeTooGay, la ministre de l'Égalité Élisabeth Moreno avait annoncé un renforcement de la formation des forces de l'ordre. Rien n'avait été alors annoncé pour renforcer l'accompagnement psychologique des victimes. Un accompagnement qui, on le voit, fait défaut.

Si vous avez été victime de violences sexuelles, vous pouvez contacter le 3919 ou tchatter anonymement avec des écoutant.e.s formé.e.s à recevoir la parole des personnes LGBT+ sur https://commentonsaime.fr/

Si vous avez des idées noires, n'hésitez surtout pas à appeler Suicide écoute disponible 24h/24 7/j7 : 01 45 39 40 00

 

Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @grevegeneraleee