EuropeQui est Przemyslaw Czarnek, le ministre de l'Éducation polonais qui compare l'homosexualité au nazisme

Par Nicolas Scheffer le 18/12/2020
Pologne

Depuis sa nomination, le ministre de l'éducation polonais n'arrête pas de stigmatiser les personnes LGBT+ et renforce l'homophobie d'État. Selon lui, "l'idéologie LGBT" "a les mêmes racines néomarxistes que le national-socialisme hitlérien".

Attention, le point Godwin est vite atteint. En Pologne, Przemyslaw Czarnek a été nommé ministre de l'Éducation le 19 octobre. Depuis, il ne cesse de déraper, au point de comparer l'homosexualité au nazisme. Il fustige la "théorie du genre" et "l'idéologie LGBT" qui "a les même racines néomarxistes que le national-socialisme hitlérien".

Pour cet homme de 43 ans qui dirige l'éducation des jeunes polonais, les femmes qui choisissent d'avorter "ne font pas ce pour quoi Dieu les a créées", explique Le Monde. En 2019, en tant que voïvode, sorte de préfet de région, il décernait des "diplômes du mérite" aux collectivités qui se sont déclarées "sans-LGBT". Il s'était même prononcé pour l'interdiction des Marches pour l'égalité avant de manifester avec l'ONR, un groupe d'extrême droite qui provient du fascisme de l'entre-deux guerres.

À LIRE AUSSI - En Pologne, des militants d’extrême droite ont mis le feu à un appartement arborant le drapeau arc-en-ciel

En Pologne, "ces personnes ne sont pas égales aux gens normaux"

Au sujet des homos, il disait le 13 juin qu'il faut "défendre les familles polonaises contre le pourrissement et la dépravation (...) Ces personnes ne sont pas égales aux gens normaux". L'Europe qui s'oppose (timidement) à l'application d'une homophobie d'État est "à un niveau pire qu'à l'époque de l'Union soviétique et du communisme". Il faut "arrêter d'écouter ces idioties sur de prétendus droits de l'homme ou une prétendue égalité". Pour lui, "l'idéologie LGBT" "a les même racines néomarxistes que le national-socialisme hitlérien".

À LIRE AUSSI - Margot, symbole de la lutte pour les droits LGBT+ en Pologne : « On n’a plus le temps pour la manière douce »

Le ministre "ne voit pas de place dans les programmes scolaires" pour la "théorie du genre". "Nous sommes dominés par des gens de gauche qui n'ont pas grand chose à voir avec la liberté", dit-il le 11 décembre dans un entretien à Rzeczpospolita. Pour lui, les personnes LGBT+ sont "radicaux, intolérants à la vision conservatrice et chrétienne du monde".

Un ministère extre-large

Son ministère n'a jamais été aussi large depuis 1989. Przemyslaw Czarnek gère l'éducation des enfants de la maternelle aux universités. L'Académie polonaise des sciences craint déjà une guerre idéologique et un endoctrinement des enfants et adolescents. Car cet homme exècre ce qu'il appelle "la pédagogie de la honte" soit l'évocation dans les manuels des pages sombres de l'histoire de la Pologne. Il déteste les disciplines humanistes, dominées par les "idéologies gauchistes". Selon plusieurs experts, une charte de la liberté académique permet de lever les sanctions disciplinaires contre les universitaires négationnistes, souligne Le Monde.

À LIRE AUSSI - Robert Biedrón sur la Pologne : « Il y a eu un moment pour la négociation, maintenant, l’Union Européenne doit agir »

Le risque étant que l'éducation soit instrumentalisée politiquement. Selon Ryszard Terlecki, un dirigeant important du parti et proche de Jaroslaw Kaczynski, "l’école n’est pas encore au niveau auquel nous la voudrions. C’est une des raisons pour lesquelles la jeune génération n’apprécie pas notre formation politique ni ses idéaux". Le message est limpide.

Crédit photo : Capture d'écran Facebook / Przemyslaw Czarnek