EuropeLa Pologne empêche la visite d'une zone "sans-LGBT" au secrétaire d'État français aux affaires européennes

Par Nicolas Scheffer le 09/03/2021
Pologne

Clément Beaune, secrétaire d'État aux affaires européennes devait se rendre dans une zone "sans-LGBT" en Pologne. Mais les autorités polonaises l'en ont empêché en raison "des contraintes sanitaires".

C'était un engagement prononcé dans TÊTU. Le secrétaire d'État aux affaires européennes Clément Beaune disait : "J'irai en Pologne dans une zone 'sans LGBT'. J'irai soutenir une des associations qui défendent le droit à l'avortement". Et puis, le gouvernement polonais a fait pression sur le secrétaire d'État français, qui a dû renoncer à sa visite.

"Des raisons liées aux mesures sanitaires"

"Les autorités polonaises m'ont récemment indiqué qu'elles n'étaient pas en mesure de prévoir cette visite et je le regrette profondément", explique-t-il à l'Obs. Le gouvernement polonais a mis en avant "des raisons de sécurité liées aux mesures sanitaires en vigueur dans le pays", selon le ministre désormais ouvertement gay. En revanche, les autorités ont autorisé à Clément Beaune de se déplacer à Varsovie.

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"Je pouvais faire le choix de reporter cette visite mais très honnêtement, je pense que les difficultés auraient été mes mêmes. Je pouvais également me rendre dans une de ces zones sans l'autorisation du gouvernement polonais mais, à mes yeux, ce n'est pas ainsi qu'il faut se comporter avec un État membre de l'UE", développe-t-il. Il dit avoir eu des échanges avec "les associations, les militants, ou les élus comme le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowki". Pour rappel Rafal Trzaskowski était candidat à l'élection présidentielle contre Adrezj Duda, en juillet dernier.

L'UE, une "LGBT freedom zone" ?

Malgré les réticences de la Pologne, Clément Beaune affirme qu'il se rendra de dans une zone "sans-LGBT" "avant de quitter [s]es fonctions de secrétaire d'État aux Affaires européennes". Le secrétaire d'État a mis en avant le fait que la Commission européenne a sanctionné six communes "sans LGBT", en ne leur refusant une subvention. Mais il ne précise pas que le gouvernement polonais a promis de verser lui-même la subvention et même de la doubler.

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Le Parlement européen doit justement débattre, ce jeudi 9 mars, d'un soutien aux personnes LGBTQI+. À l'initiative de l'eurodéputé Pierre Karleskind, l'Union européenne pourrait se déclarer symboliquement "LGBT-freedom zone". La proposition est soutenue par l'Intergroupe LGBTI, qui fédère différents partis. Elle reste symbolique.

 

Crédit : Samuel Kirszenbaum pour TÊTU