ParisParis veut donner un nom de rue à Claude Goasguen, farouche opposant aux droits des LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 10/03/2021
Claude Goasguen

La mairie de Paris pourrait offrir un nom de rue à Claude Goasguen, ancien maire du XVIe arrondissement, anti-pacs et anti-mariage pour tous, pour faire plaisir à la droite. Et pour les militants LGBT+, ça ne passe pas.

À Paris, d'un côté, la droite appuie la création d'un centre d'archives LGBTQI+, de l'autre, elle veut célébrer un opposant à l'avancée des droits des personnes LGBTQI+. Depuis octobre dernier, la droite plaide pour qu'un nom de place porte le nom de Claude Goasguen. Cette semaine, le projet de délibération est soumis au vote par l'exécutif parisien. Les militants LGBTQI+ s'étranglent.

Un baron de la droite LMPT

"Si vous en êtes d’accord, la dénomination 'place Claude Goasguen' sera attribuée à une partie centrale de la rue de l’Abbé Gillet, voie publique, et bordée par la rue Jean Bologne, à Paris (16e), conformément au plan annexé au présent exposé des motifs et en dérogation à la règle qui prévoit que le nom d’une personnalité ne peut être attribué à une voie publique de Paris que cinq ans au plus tôt après son décès", indique le projet de délibération consulté par TÊTU.

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En effet, l'ancien baron de la droite, maire du très conservateur 16ème arrondissement de Paris pendant neuf ans et député pendant 22 ans, est décédé le 28 mai 2020. Il avait combattu avec acharnement l'avancée des droits des personnes LGBTQI+. En son temps, il s'est opposé au PACS, a même refusé de reconnaître le concubinage de couples de même sexe, pendant les années sida.

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À partir de 2012, il s'est farouchement opposé au mariage pour tous, défilant avec LMPT, à l'adoption pour les couples de même sexe et à la PMA pour toutes. Il a même reproché à la droite d'avoir été trop molle sur son opposition (oui, oui). "Soyons bien clairs, je pense avoir été le seul député-maire parisien à conduire l'ensemble des manifestations (contre le mariage pour tous, ndlr), toutes sans exception", écrivait le sarkozyste en 2014. En sous-texte, il critiquait Nathalie Kosciusko-Morizet, alors candidate pour la mairie de Paris, de ne pas s'être opposée suffisamment au mariage pour tous.

"Un vote LGBTQIphobe"

"Honorer Claude Goasguen, c'est honorer un homme qui contribue à alimenter les discours et les pratiques qui entraînent tout cela. C'est un vote LGBTQIphobe qui considère que les vies des minorités sexuelles ne méritent pas qu'on pense à elles quand on rend hommage à un individu qui a contribué à les pourrir", assure Jérôme Martin, ancien d'Act Up, dans un billet de blog hébergé par Mediapart.

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"Donner un nom de rue à un homme qui a milité pour faire reculer les droits des personnes LGBTQI+, c'est incompréhensible. Alors même qu'on se bat pour donner de la visibilité à des personnes LGBTQI+ et/ou des femmes qui ont marqué·e·s la ville de Paris !", s'énerve Joël Deumier, proche d'Anne Hidalgo et ancien président de SOS homophobie.

Côté socialiste, un proche de la majorité tempère. "C'est légitime que la droite demande un nom de rue de quelqu'un qui a marqué le 16ème arrondissement, même si on s'oppose totalement à sa vision des choses. Lui donner le nom d'une obscure allée du 16, ce n'est pas une défaite politique. Il y a des combats beaucoup plus urgents", souffle le socialiste.

 

Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @SoeurFoune