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livresArthur Dreyfus : "Je suis plutôt doué pour l'autodestruction par le sexe"

Par Guillaume Perilhou le 12/03/2021
Arthur Dreyfus

À 34 ans, Arthur Dreyfus signe Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui aux éditions P.O.L, onze ans après son premier roman. Une oeuvre titanesque, ultraréaliste et hyper gay, écrite durant près de huit ans. L’auteur y dépeint, sans retenue, une sexualité obsessionnelle.

On aurait envie de le lire d’une main, mais c’est pas pratique. Mieux vaut ne pas se faire écraser par le pavé. Il y a, à première vue face aux 2304 pages de ce lourd journal — publié en papier bible, plus fin, infaisable autrement —, autant d’attentes que d’irritations. Il en faut, du culot, pour présenter un texte aussi long. De la prétention ? On se rend très vite compte, à sa lecture, que c’est bon. Enchainement des expériences sexuelles, désespoir, dépendance, perte de soi, rire, gouffre, espoir, amour, lumière. Sincérité de la nudité. Un journal qui ne devait être au départ que personnel et qui finalement obséda son auteur, comme si Dreyfus avait créé un monstre plus fort que lui. Impossible, au bout d’un temps, d’écrire autre chose.

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On pense à la radicalité de Guillaume Dustan, à la pornographie de Julien Green dont le journal non caviardé de ses expériences homosexuelles est paru il y a deux ans, un journal d’un siècle ou presque avant Dreyfus. Un livre comme un témoignage de son temps : être gay à Paris dans les années 2010. Un travail littéraire, aussi, méticuleux sur le style — et, c’est suffisamment rare pour le souligner, sur le vocabulaire ; Arthur Dreyfus aime s’adonner à la lecture de dictionnaires médiévaux… L’oeuvre est impressionnante, décourageante parfois. On s’identifie souvent. Voici une interview dense et longue — ça ne vous surprendra pas.

« Il faut en finir avec le malheur d’être gay. » Que signifie cette phrase, la dernière de ton livre ?

Arthur Dreyfus : Je n’aime pas les livres à thèse, et je n’ai pas de message à faire passer, hormis la vérité de ma propre expérience. D’ailleurs c’est devenu un tic, beaucoup d’écrivains déclarent à propos de leur livre : « J’ai voulu faire ceci, exprimer cela », etc. Si j’étais capable d’être aussi catégorique, je n’aurais pas écrit 2304 pages. Cette dernière phrase est volontairement équivoque. Parce que la façon dont on peut chercher à la saisir reflète mon cheminement. Elle ne signifie évidemment pas qu’être gay serait un malheur. En fait, c’est une une phrase qui s’adresse davantage aux gays... Du moins à l’inconscient des gays, comme pour suggérer que nous retournons trop souvent notre désir contre nous-même. Que nous le transformons parfois, à notre insu, en chemin de croix. Le seul critère valable, à mon sens, c’est l’épanouissement individuel. Est-on heureux de vivre ou se lève-t-on chaque matin avec un fardeau de souffrance ? Je n’ai aucun jugement moral sur les fétiches, les pratiques dites « hard », les backrooms, ou quoi que ce soit d’autre – je m’étonne même le préciser.

En revanche, l’immense majorité des homos que je connais, toutes générations confondues, ont été emportés, terrassés, à un moment de leur existence, par un tourbillon sexuel qui ne les épanouissait pas, et qu’ils n’arrivaient plus à maîtriser. Mais le mirage du « Jouissez sans entraves » ne se pose pas qu’aux homos – je le souligne car j’ai tendance à idéaliser l’hétérosexualité... Bref, mon livre fixe un mouvement, qui part d’une sexualité pétillante, et dérive vers un gouffre triste. Je crains même d’employer le mot « triste » : certains queers ne supportent pas qu’on réfléchisse au juste équilibre des désirs. Poser la question de la limite, c’est passer à leurs yeux pour un réac, un facho. De toute manière, je me répète : je parle pour moi. Excessif de nature, plutôt doué pour l’autodestruction par le sexe dès lors que je ne me fixe aucune limite, j’ai bien été obligé de méditer ces questions.

Tu t’expliques cette tendance à l’autodestruction ?

J’ai des pistes, mais évidemment on « n’explique » personne. Il y a peut-être à l’origine un amour maternel trop intense, cette « promesse de l’aube » dont parle Romain Gary, qui laisse au fond du ventre un manque impossible à combler. À remplir... Mais aussi, je crois, un sentiment de honte que j’ai longtemps refusé de voir. Car on peut avoir honte d’avoir honte. Ça marche même toujours comme ça. Et je crois que nous sommes nombreux à avoir remisé au fond de notre esprit une honte secrète, invisible, qui sécrète encore son poison.

D’où proviendrait cette honte ?

De nos parents, souvent. Il suffit d’avoir entendu, même une fois, que nous aurions mieux fait de ne pas exister, que nous sommes intrinsèquement dégoûtants, que nous sommes des monstres, pour le croire un peu. Mais cela provient aussi de la société, qui depuis quelques millénaires nous désigne comme monstres. Et lorsque je parle « d’auto-punition », je veux dire que même si l’on décide de lutter corps et âme contre ces horreurs, même si l’on a le courage d’affirmer son identité, cela ne signifie pas que notre inconscient s’y accorde.

Autrement dit : ce n’est pas parce qu’on a honte d’être gay qu’être gay est une honte. N’oublions pas que la Manif pour Tous, c’était hier. N’oublions pas que le monde s’impose à tout enfant comme étant par définition hétérosexuel. N’oublions pas que les agressions homophobes sont quotidiennes. Ne soyons enfin pas naïfs au point de croire que la plupart des parents « acceptent » sans problème... Sont encore prononcées, chaque jour, des phrases impossibles à oublier. Il suffit pour s’en convaincre de sonder ses amis gays, lesbiennes, trans : sur le sujet du rejet, chacun a quelque chose à raconter. Personne n’est indemne. L’épidémie de VIH au sein de la population gay demeure une conséquence directe de l’homophobie sociétale, un piège parfait pour qu’une communauté s’auto-décime. Et en un sens, il en va de même avec le chemsex – même si ces deux drames sont différents.

Dans ton texte tu cites Dustan, souvent connu pour avoir prôné le bareback. 

Dustan était un personnage trop complexe pour être résumé à un seul fait. J’aimais la bonté de ses yeux. Et je garde en tête son premier passage à la télévision – pour Dans ma chambre. Il expliquait qu’à l’heure de la libération de la parole des minorités et d’une sexualité de moins en moins tabou, on pouvait croire que l’homophobie était derrière nous. Alors « qu’aux yeux de notre inconscient », être gay n’était toujours pas quelque chose de « banal ». Il posait ça en 1996. Je ne suis pas sûr que les choses aient beaucoup changé depuis.

"Une définition ultime du bonheur pourrait être de ne pas avoir honte de vivre."

Tu as raconté, ailleurs, la réaction violente de ton père à l’annonce de ton homosexualité.

Oui. Mais déjà à 15 ans, lorsque j’allais admirer de premiers garçons nus sur Internet, je ressentais une violence sourde, ce for intérieur qui refusait d’admettre que ce désir, c’était moi... Et pourtant, je devinais qu’il était vain de lutter contre cet élan irrépressible. (Arthur marque ici une pause.) Donc cette idée de « lutter contre » était toxique avant le choc des mots. À ce propos, j’ai ressenti le même élan irrépressible en écrivant ce Journal : au fond, j’aurais adoré inventer des mondes imaginaires... Faire mon Roald Dahl. Mais ce qui m’a envahi, ce qui s’est imposé, c’est ce livre-là.

Enfin pour revenir à ta question, je crois, oui, que tout se joue, au départ, dans les familles, même si la société peut sauver de la famille. Mais pour citer la blague de Woody Allen, un jeune Noir, contrairement au jeune gay, n’a pas besoin d’annoncer à ses parents qu’il est noir. Voilà une limite, d’ailleurs, de la pensée intersectionnelle : de multiples oppressions existent, mais elles ne sont pas toutes de même nature, ni forcément comparables. Être aimé et admiré par ses parents, c’est une chance fondamentale, et ça n’a que peu de rapport avec un milieu social…

Tu en veux à tes parents aujourd’hui ? À ton père ?

Oui et non. Oui, parce qu’il y a des blessures inguérissables. Non, parce qu’ils ont fait beaucoup de chemin depuis, et que c’est le mouvement qui prime. Ma mère d’ailleurs a « bougé » plus rapidement que mon père, et s’est investie avec une grande énergie dans une association de lutte contre l’homophobie, intervenant dans des centaines de collèges et de lycées. Puis sans ces blessures, je ne serais peut-être pas devenu écrivain. En psychologie, on lie un fait à un autre, une souffrance à une blessure donnée... Dans le champ de la psychanalyse – qui est le mien –, il y a comme une couche supplémentaire : notre histoire est sculptée de mille éclats, et ma propension à l’autodestruction, comme mon rapport noueux au désir, vont au-delà de la réaction de mon père à mon homosexualité.

Dans les textes de Freud, on rencontre une part mystique. Un retour aux fondements inexplicables de l’humain. Annie Ernaux a raison lorsqu’elle affirme que la honte est un sentiment très profond. Eribon aussi, lorsqu’il parle d’une honte durable, terrible à expurger. Car précisément, au fond du fond de l’humain, macèrent d’innombrables hontes. On peut certes avoir honte d’être homosexuel, mais aussi d’avoir un sexe, de désirer, d’être issu d’une classe populaire, d’être un menteur – ou même avoir honte de vivre. À tel point que qu’une définition ultime du bonheur pourrait être de ne pas avoir honte de vivre.

"Je déteste le concept d’écriture thérapeutique. Un livre n’est pas une crème hydratante."

L’écriture de ce Journal t’a-t-elle permis d’aller mieux ?

Il faut quand même préciser que ce Journal contient de nombreuses pages de douceur, de rires, de sexe joyeux. Même si évidemment c’est le côté obscur du désir qu’on commente ! Enfin pour te répondre, je déteste le concept d’écriture thérapeutique. Un livre n’est pas une crème hydratante. Ce texte est né à la manière d’un journal de bord, et comme je t’ai dit, je ne pensais pas le publier. C’est d’ailleurs cette conviction qui m’a permis d’être aussi frontal dans le rapport au réel. Dans sa préface à L’Âge d’homme, Michel Leiris cite Poe qui rêvait d’atteindre un degré tel de sincérité que « le papier se riderait et flamberait à chaque touche de la plume de feu »... J’éprouvais un semblable fantasme prophétique – mais sur mon clavier.

À ce propos je songeais hier que Leiris avait beaucoup fréquenté les surréalistes, Breton et Max Jacob notamment, dans les années 1920 à Paris, pour s’orienter vers une œuvre hyperréaliste... Mais de fait, il y a un trajet quasi logique du surréalisme vers l’hyperréalisme – alors qu’on pourrait spontanément les opposer. Car c’est parfaitement surréaliste de se fixer comme objectif de capturer dans un texte l’entière densité du réel. Et accessoirement impossible : on a toujours un temps de retard. Aussi rapides soient les doigts sur le clavier, aussi lucide soit l’observation, la vie échappe. (Silence.) J’ai avoué l’autre jour à Frédéric Boyer, mon éditeur chez P.O.L, que je ne ressentais jamais le sentiment « d’être écrivain ». Parce qu’écrire sans inventer, on peut croire que ce n’est pas écrire, ou qu’il manque l’effort d’invention, ce qui est faux puisque transcrire le réel est par nature subjectif, donc transposé, donc artistique... Bref, Boyer m’a calmé en répliquant : « Au bout d’un moment, le sentiment d’imposture ça devient une posture. » (Rires) 

« L’urgence de l’écriture » t’a parfois amené à interrompre des rapports sexuels pour les noter…

Quand ça s’est produit je l’ai fait avec humour, mais ce n’était pas toujours possible ! Ce que j’ai beaucoup pratiqué en revanche, c’est de me ruer sur mon ordi dès la porte fermée, pour noter des mots-clefs, des phrases... Adolescent, j’ai appris la magie, je m’étais spécialisé dans le mentalisme. J’en ai gardé des techniques de (gentille) manipulation et surtout des outils pour retenir facilement des éléments disparates, abstraits... Mais donc, je me suis mille fois posé cette question : qui serait le premier garçon avec qui je coucherais sans l’écrire ? Cet objectif me paraissait utopique. Parce que je respectais une sorte de loi religieuse, qui m’interdisait de ne pas graver chaque expérience. C’est aussi pour cela que ce texte s’est transformé en pénitence. 

"L’âge adulte, c’est aussi prendre la mesure de sa propre solitude, irréconciliable, infinie, en soi et par soi."

Dans l’accumulation des « plans cul », y a-t-il au fond la recherche d’un amour absolu ?

Absolument. Depuis Platon, qui nous condamne a chercher pour l’éternité notre « moitié » sans la certitude de l’avoir trouvée. Au fond, il n’y a pas de différence fondamentale entre le plus grand fisteur de Paris et le plus grand romantique... Un peu comme en politique où les extrêmes fusionnent dans leurs excès, la pensée humaine réunit les contraires. Dans mon cas, ce que j’ai vite recherché, au-delà d’un amour suprême, c’est l’expérience extrême, le shoot indépassable. Le chemsex en l’occurrence, c’est souvent se rapprocher d’un point de fuite mortifère, d’une asymptote au bout de laquelle on se fracasse. On en revient aux Grecs, qui avaient décelé dans le désir sexuel un fantasme d’immortalité. Cela dit, dans une large part de mon livre, je suis en couple avec Bord Cadre. Et j’ai pour lui, dans ce couple, une immense admiration. Je l’aime... mais d’un amour qui ne passe pas par le corps. Or le fait de vivre « un amour sans corps » – je l’ai compris avec le recul – peut provoquer une vraie frustration, une désolation. Car ce vide est une aporie. On ne peut rien contre : le cadre qu’on aime est là, mais un vide vous ronge. Une dissonance érafle sans bruit. (Une pause.) Cela étant, pour revenir à l’analyse, l’âge adulte, c’est aussi prendre la mesure de sa propre solitude, irréconciliable, infinie, en soi et par soi. Aristophane l’avait prophétisé : nous sommes condamnés à ne jamais être complets par nous-mêmes, et pourtant nous sommes enfermés en nous-mêmes.

Tu évoques « les extrêmes » : écrire le sexe gay est-il encore politique en 2021 ?

Ne pas être très politique, on m’a souvent dit que c’était être de droite. Mes valeurs sont à gauche, mais intellectuellement je prise la nuance. Un ami me répète qu’en cas de conflit, je suis toujours la Suisse ! Bon évidemment, il y a toujours une dimension politique lorsqu’on parle de sexualité, mais on n’a pas besoin d’être riche ou pauvre pour être aux prises avec son désir. Pour le dire autrement, le désir passe avant les idées. D’où les prêtes défroqués et les députés puritains retrouvés avec des prostituées au bois de Boulogne. Cela dit, je suis favorable à toutes les luttes émancipatrices, et l’aventure du genre, de la non-binarité, est passionnante. Même si je regrette les postures trop polarisées, et antagonistes : être cis n’est pas un crime ! Quand la société se divise entre les les oppresseurs et les opprimés, les salauds d’hommes et les saintes femmes, en bref, les bons et les méchants, elle adopte une tournure binaire qui confine au puritanisme... Et évacue toute latitude d’humour. Comme le dit Clément Bénech, je ne prêterais pas ma guillotine à certains militants...

"La sexualité n’est pas forcément le pays du bonheur."

Dominique Fernandez, avec qui tu as signé Correspondance indiscrète (Grasset, 2016), me disait qu’il se sentait « embarrassé » face à ton livre. Appréhendais-tu de te dévoiler autant ?

Dominique, voilà quelqu’un qui semble en avoir fini avec le malheur d’être gay... À l’en croire, ses couples ont toujours été idylliques, épanouis, il a rencontré assez tôt le succès littéraire, etc. Bref à première vue, sa vie s’avère allègre et simple. Mais j’ai découvert en l’interrogeant que jusqu’à ses quarante ans, il avait lui aussi rencontré de grandes difficultés, et s’était interdit beaucoup de choses. Quant à mon Journal, je crois que Dominique reste de l’ancienne école, qui a un peu de mal avec l’expression sans filtre de la sexualité... Il faut dire qu’à ses yeux, la sexualité ultime, c’est un tableau de Caravage, de Bronzino, ou un marbre grec ! (Rires.)

Mais tous les gays ne sont pas des obsédés sexuels !

Bien sûr, même s’il y a les choses qu’on dit… et les choses qu’on fait. Enfin, je ne considère pas qu’il soit plus valable d’être hyper sexuel que pas ou peu sexuel. C’est d’ailleurs un truc que formule Dustan, invité chez Ardisson face au beauf homophobe Marc-Édouard Nabe. Nabe affirme que le mot gay est affreux en comparaison de tous les « mots poétiques » pour caractériser les homos : tapette, tafiole, pétasse, pédé, pédale, tantouze… Ce à quoi Dustan réplique que gay n’est peut-être pas le meilleur mot du monde, mais que c’est le seul mot positif qu’il connaisse pour se définir. Nabe déplore alors que les homos, qui ont vécu pendant des siècles une sexualité « des bas fonds », veuillent suivre un modèle petit-bourgeois, s’unir, se marier, etc. Pour lui c’est risible. Autrement dit pour Nabe (et c’est pourquoi j’emploie le terme homophobe), il ne faut surtout pas en finir avec le malheur d’être gay. Or Dustan riposte ici — et j’adore cette réplique — que les homos également ont le droit d’être « pépères ». Qu’on a le droit d’être punk, mais aussi d’être pépère, et que l’un n’est pas supérieur à l’autre.

N’as-tu pas peur, avec ce livre, de donner une image sombre de l’homosexualité ? 

Pour Michel Leiris, l’absence de complaisance compense la médiocrité du modèle. J’aime idée que l’art, donc chez un écrivain la manière de dire les choses, l’inventivité du style, absolve les faiblesses de celui qui se dépeint. Puis hormis le couple avec Bord Cadre, qui est précieux longtemps, ce livre se termine par une rencontre qui me sort du gouffre où j’ai plongé. Tout n’est pas obscur. Notons simplement que la sexualité n’est pas forcément le pays du bonheur. Qu’on peut se détruire avec sa sexualité, réduire le champ des possibles à une seule zone restreinte. C’est pourquoi il vaudrait mieux, et plus tôt, parler de ce pays inexploré aux enfants (avec la subtilité nécessaire) pour éviter que ce domaine de la vie les déroute soudain, et devienne un tabou absolu.

Écriras-tu de nouveau de la fiction ?

Quand elle a appris que j’écrivais ce livre, ma mère m’a demandé : « Mais quel besoin as tu d’écrire ça ? » Je lui ai répondu récemment – et elle était d’accord : « Pourquoi tu ne m’a pas plutôt demandé pourquoi j’avais besoin de vivre ça ? » Parce qu’une sorte de vœu pieu voudrait que ce qu’on n’écrit pas... n’existe pas. En ce qui me concerne, je ne sais pas si j’écrirai d’autres romans. Sinon peut-être sous pseudonyme, en acceptant dès le départ de jouer un rôle... Mais à mes yeux, le plus important restera toujours d’écouter l’urgence du moment. La seule façon de parler vrai, donc de parler à tous, dans un monde faux des pieds à la tête. Et il n’y a pas de vrai  roman. Il n’y a que des livres.

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