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Netflix"Special" sur Netflix : pourquoi il faut absolument regarder la saison 2

Par Florian Ques le 28/05/2021
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En alliant toujours humour décalé et instants de vérité, Special prend en maturité et continue de conter avec bienveillance les tracas quotidiens d'un jeune gay atteint de paralysie cérébrale. Une série intersectionnelle comme on aimerait en voir plus, sur Netflix ou ailleurs !

Rarement une série aura aussi bien porté son nom que Special, sur Netflix. D'une part, il s'agit d'une des rares fictions à mettre en avant un protagoniste en situation de handicap – Ryan, son héros, est atteint de paralysie cérébrale. Mais elle va encore plus loin, dépeignant les joies et les tourments de ce même personnage, ouvertement gay. Et si elle faisait état d'une certaine justesse avec une première saison globalement plaisante, voilà que sa saison 2 (malheureusement, il n'y aura pas de saison 3) fait bourgeonner tout son potentiel.

Maturité et sexualité

En s'inspirant toujours de son propre vécu – qu'il avait déjà narré dans son autobiographie I'm Special: And Other Lies We Tell Ourselves –, le créateur Ryan O'Connell passe à l'étape supérieure. "Je veux que sexe gay et Special soient comme des synonymes, avançait son créateur dans une récente interview pour le HuffPost. […] Je veux enlever le mystère et la honte qu'on associe au sexe gay en le montrant comme je l'ai moi-même expérimenté : de façon érotique, humiliante, puissante, drôle et intense, et tout ça en même temps". Attendrissante et presque pudibonde à ses débuts, la série s'empare pleinement de la sexualité de son personnage central en saison 2. Un virage plus osé et mature qui porte très rapidement ses fruits.

De plus en plus à l'aise dans ses baskets (ou, plutôt, dans son boxer), Ryan fonce tête la première dans le monde impitoyable du dating. Dans un bar, il se fait gentiment accoster par un beau spécimen qui, en plus de ça, le reconnaît. Marc, l'adonis en question, le complimente sur son travail de blogueur et lui laisse son numéro. Après un rendez-vous au restaurant concluant, les deux se retrouvent dans un contexte plus intime pour batifoler sous la couette. C'est là que les choses commencent à prendre un tournant douteux.

Marc commence à faire durer ses caresses et ses baisers sur les cicatrices de Ryan, relatives à sa paralysie cérébrale. Puis, il lui avoue trouver sexy le fait qu'il ait longtemps porté des attelles à cause de sa condition médicale. Ça sent déjà le mauvais plan. L'estocade est assénée quand il avoue franco à Ryan : "Je sais que c'est bizarre mais je kiffe les mecs handicapés". L'atmosphère de la scène change alors radicalement. "Ce n'est pas tout à fait une histoire d'agression sexuelle, clarifie le créateur de la série auprès du média The Advocate. Il s'agit d'une histoire sur du mauvais sexe mais aussi d'estime de soi".

"Special" sur Netflix : pourquoi il faut absolument regarder la saison 2
Crédit photo : Netflix

Ici, Special veut nous parler du fétichisme dont peuvent être victime les personnes en situation de handicap. Une forme de validisme, qui reste évidemment l'une des thématiques prédominantes de la série. Mais parce que la série raconte aussi le quotidien d'un jeune homosexuel, cette deuxième saison vise juste en mettant notre cher Ryan face à un sacré dilemme. Il s'entiche de Tanner, un blond sportif… qui est déjà en couple avec un autre homme. Si son nouveau bellâtre n'est pas contre un ménage à trois, Ryan, lui, paraît refroidi par l'idée. Notre héros se fait ici le reflet d'une partie de la communauté gay, tiraillée entre un idéal de couple monogame et la recrudescence du nombre de couples ouverts. L'amour à plusieurs est-il concevable ? Une question que beaucoup, comme Ryan, se sont posé à un instant T.

Une nouvelle mouture

Mais si Special parvient à aller plus en profondeur dans le traitement de ses thématiques, c'est bien parce qu'elle a pu se le permettre. Elle a tout d'abord connu un remaniement dans la writer's room, puisque Ryan O'Connell a sollicité plusieurs scénaristes pour partager l'écriture de cette deuxième salve – là où, en saison 1, il signait tous les scénarios. La durée des épisodes a par ailleurs quasiment doublé par rapport à la première saison, offrant ainsi davantage d'espace pour laisser respirer tous les personnages. Car en plus de Ryan, sa mère (incarnée par la bouleversante Jessica Hecht) bénéficie d'une évolution tout aussi captivante, de maman poule esseulée à femme forte indépendante.

"Special" sur Netflix : pourquoi il faut absolument regarder la saison 2
Crédit photo : Netflix

C'est l'âge de raison pour Special et son petit microcosme attachant. Les faiblesses initiales de la série ont été gommées pour en faire une dramédie justement dosée. Elle représente toujours une œuvre cruciale pour la visibilité des personnes LGBTQI+ en situation de handicap – l'une des seules avec la méconnue This Close. Mais elle parvient à se surpasser en parlant avec brio de sujets plus universels comme le deuil ou bien la crainte de l'engagement. Résultat des courses : on en vient à regretter son arrêt prématuré.

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Crédit photo : Netflix