Au départ de la place de la République, ce dimanche à Lille, près de 5.000 Chtis queers et fier-es s'étaient donné rendez-vous pour une marche des Fiertés un peu spéciale, cette année, sans chars et sans musique.
Malgré l’ambition d’arriver fraîches et dispo sur la place de la République pour le rendez-vous donné à 14h, les Lillois-es ont dû composer avec une météo très estivale ce dimanche 13 juin. Ce sont donc près de 4.800 personnes ruisselantes de sueur qui se sont rassemblées, selon la police, au départ de la marche des Fiertés 2021 de Lille. Bien au-delà des 2.000 personnes attendues mais en-deçà, tout de même, de la Pride habituelle qui réunit autour de 15.000 personnes dans la capitale du Nord.
"Gay ou pas gay, on rame ensemble"
Il faut dire que la marche lilloise a souffert cette année de quelques rebondissements. La Pride traditionnelle, organisée depuis plus de 20 ans par l’association Fiertés Lille Pride, avait en effet été annulée en raison de la situation sanitaire liée au Covid-19. Mais plusieurs associations, collectifs et syndicats, ont tenu à reprendre le flambeau. On les a retrouvées en tête du cortège : la Sororité Lesbienne et Féministe, Solidaires, l’Unef, le NPA, la FSE, l’UCL, Riposte Anti-Patriarcale, le Collectif Handi, Collages Féminicides, le Planning Familial, Nous Aussi 59 et House of Jambon Beurre.
Il aura fallu attendre une heure pour que tout ce petit monde s'ébranle. Beaucoup de jeunes, collégiens, lycéens ou étudiants, mais aussi quelques irréductibles dont des retraités aux drapeaux usés par des années de marches.
Des revendications sont scandées, d’autres tracées sur des cartons colorés : "Il vaut mieux une paire de mère qu’un père de m… !", "Putes et handi.e.s on existe !", "Stop aux thérapies de conversion"… D’autres slogans plus légers sont particulièrement bien trouvés, comme "Gay ou pas gay, on rame ensemble". Un petit coup de coeur lesbien pour : "Même les végés peuvent bouffer des chattes".
Des projectiles et insultes à Wazemmes
Insouciantes, de nombreuses personnes sont aussi venues profiter de l’ambiance festive, loin des préoccupations liées au Covid. Beaucoup ont d'ailleurs laissé tomber le masque sous la chaleur, et les "free kiss" ou "free hugs" pullulent. La musique ayant été interdite, quelques enceintes portatives se chargent de maintenir un rythme et un groupe de tambours de marquer la cadence. Du coup, certains déplorent une ambiance de "footeux", à base de "À tchic à tchic à tchic, Aïe Aïe Aïe".
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Ce qui déplaît à Arthur, c'est que plusieurs groupes aient trouvé malin d'escalader une grue, des panneaux et des abris-bus pour danser. Des chars de fortune particulièrement malvenus à l'égard de certains enjeux, notamment ceux portés par le Collectif Handi, l'un des organisateurs de la marche. En revanche, les discours sont retranscrits en langue des signes afin d'inclure les personnes sourdes et malentendantes, salue Charles. Étudiant gay à Lille, une marche des fiertés doit selon lui rester avant tout un événement militant.
Cette année, Charles regrette surtout le parcours ait prévu un arrêt à Wazemmes, qu'il connaît comme "un quartier sensible pour les personnes LGBTQI+". Et en effet, en plus d'une flopée d'insultes, nous y avons été pris pour cible par des jets de morceaux de verre et autres projectiles. Avant de redémarrer, on a tout de même pu entendre fuser un "je t'ai vu sur Grindr" bien senti, à l'adresse de la poignée de lanceurs restés sur leur trottoir.
Une fois la marche terminée en eau de boudin dans le sud de Lille, faute de possibilité de rassemblement festif, la plupart des participants ont repris le chemin du centre pour épancher leur soif aux terrasses des bars. Il est vrai que sans les chars et les arrêts fréquents, cette marche prenait de sérieuses allures de randogay.
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Em n’a toutefois pas vu sa journée passer. Si elle regrette l’absence de chars et le manque de drag queens/kings, elle a au moins profité de l’événement pour faire des rencontres. "On est dans un groupe où on est sûr de ne pas être jugé, de ne pas être exclu, on va donc beaucoup plus facilement les uns vers les autres !" Ce qui explique qu'elle soit repartie avec quelques comptes Insta dans la poche… Lisa renchérit : "C'est super émouvant de voir autant de personnes queers ou qui nous soutiennent. L'ambiance était ouf !" Léa, lycéenne pansexuelle, a aussi passé une journée"remplie d'amour et de bienveillance". De bons souvenirs et quelques crushs : avec ou sans chars, la première Pride, c'est toujours quelque chose.
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Crédits photos : TÊTU