PORTRAIT. C'est à lui qu'on doit le génie comique de la série Schitt's Creek. Maintenant qu'elle est dans son rétroviseur, Dan Levy peut s'atteler à de nouveaux projets chez Netflix, qui vient de lui offrir un deal conséquent. Focus sur l'espoir queer venu du Canada.
Pendant longtemps, Hollywood ne savait pas qui était Dan Levy. Une ignorance qui a été gommée par le succès massif de Schitt's Creek, maintes fois repartie victorieuse ces dernières années aussi bien des Golden Globes que des Emmy Awards. En co-créant cette série avec son père Eugene Levy et en prêtant ses traits au très précieux David Rose, le Canadien est entré dans le radar des plateformes de SVoD. Voilà ainsi qu'il vient de signer un deal majeur chez Netflix afin de produire pour la plateforme tout un nouvel arrivage de films et séries. De quoi attiser notre curiosité...
Itinéraire d'un it boy
Avant de connaître Dan Levy, beaucoup d'ados dans les années 2000 étaient familiers avec son géniteur : Eugene Levy, mieux connu sous les traits du papa décomplexé dans la franchise American Pie. Et même s'il baigne donc dans la comédie depuis son plus jeune âge, Dan a toujours refusé d'être catalogué comme "fils de". C'est ainsi qu'il s'est frayé son propre chemin. Après des études de cinéma, il devient animateur pour diverses émissions de la chaîne MTV Canada. "C'était ma première chance de montrer aux gens que j'étais capable d'être autre chose que l'enfant de quelqu'un", explique-t-il à Out en mars 2015.
À l'âge de 23 ans, il commence à se façonner une carrière devant la caméra. Et bien que la présentation télévisée lui plaise, Dan Levy s'oriente vite vers l'acting. Avec un petit rôle dans une série massive du Canada : Degrassi, nouvelle génération. Une participation en apparence anecdotique qui lui ouvre néanmoins des portes.
De fil en aiguille, Dan enchaîne avec d'autres longs-métrages jusqu'à l'avènement de Schitt's Creek. En 2013, il s'associe avec son père et deux autres partenaires pour fonder sa propre boîte de production, ce qui lui permet de faire germer son premier projet scénarisé. "Tout a commencé quand j'étais à Los Angeles et que je savais que j'avais envie d'écrire, développe-t-il. Je regardais de la télé-réalité et me suis demandé ce qu'il se passerait si l'une de ces riches familles perdait tout." Naît alors la famille Rose, sans le sou et contrainte d'élire domicile dans un motel discount au sein de la bourgade fictive de Schitt's Creek. La série est commandée par le network canadien CBC. Victoire !
Sexualité et anxiété
Mais la consécration n'advient que plus tard pour Dan Levy. Un temps confidentielle malgré les bons retours qu'elle récolte dans son pays d'origine, Schitt's Creek finit par s'exporter grâce à Netflix. Désormais déployée dans des dizaines de pays – sauf en France, à notre grand dam –, la sitcom voit son nombre de fans grimper en flèche. Les critiques sont dithyrambiques, trophées à l'appui. Son humour est félicité, tout comme son inclusivité. À l'écran, le cocréateur de la série interprète donc David, un ancien riche aux goûts de luxe... qui s'avère, accessoirement, être pansexuel. Une représentation rare dans la petite lucarne.
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Dès la troisième saison, David se rapproche d'un autre personnage masculin, Patrick. D'abord collègues, ils finissent par se mettre en couple. Leur romance est progressive, mesurée. Surtout, elle n'est jamais vue d'un mauvais œil. Une décision mûrement réfléchie par Dan Levy lui-même. "Je n'ai aucune patience pour l'homophobie, assure-t-il à Vulture en 2018. En réponse à ça, ce fut génial de pouvoir l'intégrer dans la série. On y montre de l'amour et de la tolérance. Si tu enlèves l'homophobie de cette équation, tu fais comprendre aux gens que ça ne devrait pas exister." La série devient un safe space pour les LGBTQI+.
Pansexuel à l'écran, Dan Levy s'identifie quant à lui comme gay. Pendant une période assez longue, et notamment au début de sa carrière, il refuse de coller une étiquette sur son orientation. Plus jeune, il a souffert d'une anxiété sociale qu'il associera plus tard à une forme d'homophobie intériorisée. "Je pense que ça venait d'une peur ancrée au fond de moi parce que je savais que j'étais gay mais je ne parvenais pas à me sentir libre", détaille-t-il dans une interview pour Bustle. Dans l'intimité, il fait néanmoins son coming out à ses parents, qui l'acceptent instantanément, à l'âge de 18 ans.
Quid de la suite ?
Fort du sacre de Schitt's Creek dans les cérémonies de récompenses, Dan Levy peut tourner sereinement cette page de sa vie. En 2020, il donne la réplique à Kristen Stewart dans la rom-com lesbienne Happiest Season, avant de rejoindre le casting du téléfilm HBO Coastal Elites, où il incarne un acteur gay lassé de devoir rester dans le placard pour avoir du travail. Puis, cette année, il prête sa voix à un personnage secondaire de la série d'animation Q-Force, centrée sur des espions issus de la communauté LGBTQI+.
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Il n'est pas nécessaire d'être détective pour cerner le dénominateur commun de ces récents projets : tous sont queers. Un constat qui présage de bonnes choses pour la collaboration de Dan Levy avec Netflix. Pour l'instant, comme le précise Variety, il planche sur une comédie romantique qu'il produit, réalise, scénarise et dont il sera aussi la star. Un nouveau bijou calibré pour les personnes queers en perspective ? C'est tout ce qu'on espère. Notre prodige canadien pourra en tout cas prêter main forte à Ryan Murphy, ponte de l'industrie télévisuelle grâce à qui la visibilité LGBTQI+ aura bien augmenté, et auquel la plateforme de streaming a également proposé un deal exclusif colossal en 2018. Pour un Netflix toujours plus gay, on dit oui !
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