Marche des fiertésÀ Toulouse, les LGBTQI+ priés d'aller marcher plus loin en raison des anti-pass

Par Nicolas Scheffer le 27/09/2021
Marche des Fiertés ou Gay pride devant la mairie de Toulouse : Capitole

Les organisations LGBTQI+ de Toulouse dénoncent le "chantage" de la préfecture qui leur a demandé pour la Pride 2021 d'éviter le centre-ville, où se déroule habituellement la Marche des fiertés, en raison d'une manifestation, probable mais non déclarée, d'anti-pass sanitaires.

Après avoir été annulée en 2020, la Pride de Toulouse pourrait ne pas se tenir cette année non plus. La préfecture de Haute-Garonne a exigé des organisateurs de la Marche des Fiertés, prévue le samedi 9 octobre, qu'ils revoient le parcours de celle-ci, anticipant une manifestation contre le pass sanitaire le même jour dans le centre-ville. Sans quoi, la marche des LGBTQI+ pourrait être interdite.

Ironie de l'histoire, les autorités exigent le déplacement d'une manifestation déclarée pour laisser place… à une manifestation non déclarée. Les organisateurs de la Pride avaient pourtant déposé leur déclaration à la préfecture fin août. S'est ensuivi un long bras de fer : dans son dernier courrier en date, la préfecture souligne "les risques de troubles à l’ordre du public qui pourraient survenir en cas de concomitance avec des manifestations non déclarées le samedi 9 octobre". Elle insiste donc pour changer le parcours de la Pride "pour des raisons de sécurité publique et sanitaire notamment en raison des risques de troubles à l’ordre public susceptibles de se produire au regard de l’exiguïté des rues et de la fréquentation de l’hyper centre-ville un samedi après-midi".

La Pride dénonce un "chantage"

Contactée par TÊTU, la préfecture maintient cette explication : "Des manifestations non déclarées se déroulent tous les samedis sur les boulevards, donnant lieu à des troubles récurrents à l’ordre public sur une partie du parcours que souhaite emprunter la Marche des Fiertés. Compte-tenu de cette concomitance annoncée et afin de veiller à assurer collectivement la sécurité de celles et ceux qui y participeront, ainsi que celles des Toulousains, la préfecture a proposé plusieurs parcours alternatifs en centre-ville, qui ont été refusés par les organisateurs".

"La préfecture n'a pas pris la mesure du caractère politique de la Pride", s'insurge auprès de TÊTU Jérémy Perrard, directeur de Pride Toulouse qui organise la marche des Fiertés. Ce samedi 25 septembre, une cinquantaine de personnes ont manifesté sur la place du Capitole pour dénoncer un "chantage". "Nous nous insurgeons contre ce chantage, quand dans les autres villes cette question ne s'est pas posée. Quand ici, le format est le même depuis des années. Quand en 2019 - alors que des manifestations non-déclarées avaient lieu tous les samedis en centre-ville - l'événement avait été autorisé et s'était bien déroulé. Quand la préfecture elle-même indique qu'il n'y a pas de raison objective que l'événement génère un trouble à l'ordre public", plaident 41 organisations de défense des droits des personnes LGBTQI+ dans un communiqué.

"L'État devra assumer l'interdiction"

Selon Pride Toulouse, la manifestation sera vraisemblablement annulée si la Préfecture reste inflexible. "Manifester à Toulouse un dimanche serait synonyme de défaite alors que le centre-ville est très peu fréquenté", a déclaré dimanche Jérémy Perrard à Libération. Alors, prévient-il, "la préfecture et l'État devront assumer la première interdiction d'une marche des Fiertés en France". Et de regrette : "Nous avons l’impression que l’Etat nous regarde comme un joyeux carnaval"

Une pétition a été mise en ligne afin de faire pression pour que la préfecture revienne sur sa décision d'interdire le centre-ville au cortège. Ce lundi 27 septembre, elle a déjà recueilli plus de 1.500 signatures. De quoi rappeler qu'à six mois de l'élection présidentielle, alors que le texte sur la PMA pour toutes est incomplet, que l'exécutif traîne à faire avancer les droits des personnes transgenres, que la loi sur les "thérapies de conversion" arrive à l'Assemblée nationale et que les agressions LGBTphobes se multiplient en Europe, les Prides restent plus que nécessaires.

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Crédit photo : Wikimedia Commons/Guillaume Paumier