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streaming"Spencer" sur Prime Video : la spirale infernale et sublime de Lady Di

Par Florian Ques le 18/01/2022
"Spencer" sur Prime Video : la spirale infernale (et sublime) de Lady Di

Déjà pressentie pour une distinction aux prochains Oscars, Kristen Stewart livre une performance épatante dans le film Spencer (Amazon Prime), anti-biopic ingénieux dans lequel Pablo Larraín revisite le cauchemar royal de feu Lady Diana Spencer. Surprenant.

Avant comme après sa mort, Lady Di aura fait l'objet de nombreux contenus culturels : articles, livres, documentaires, saison 4 (et bientôt 5) de The Crown sur Netflix... De sa relation avec la famille royale à son statut d'icône populaire, les moindres aspects de sa vie ont été disséqués encore et encore. Après tout, ce n'est pas pour rien que son nom est encore si évocateur en 2022. Alors en annonçant préparer un film inspiré de sa tragique histoire, Pablo Larraín savait qu'il devait sortir des sentiers battus. C'est chose faite avec Spencer, son dernier long-métrage audacieux et disponible depuis ce lundi 17 janvier en France sur la plateforme de streaming Amazon Prime Video (bande-annonce en bas de l'article).

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Le Noël angoissant de Lady Di

1991. Sans la moindre motivation apparente, la princesse de Galles prend la route pour Sandringham House, la résidence où le clan royal d'Angleterre l'attend pour célébrer les fêtes de Noël. Trois jours d'opulence, de pression, de regards et de jugements dont elle se passerait bien. Car ce court séjour en compagnie de sa belle-famille prend vite des airs de cauchemar éveillé, alors que les exigences qu'on veut lui imposer commencent à tourmenter sa santé mentale.

Une nuance doit être immédiatement apportée : Spencer n'est pas un biopic. Ici, le réalisateur chilien propose un entre-deux, à mi-chemin entre le film biographique et la fiction pure, qu'il qualifie de "fable inspirée d'une vraie tragédie" comme l'indique un encart au début du visionnage.

"Spencer" sur Prime Video : la spirale infernale et sublime de Lady Di
Crédit photo : Amazon Prime Video

Le film prend d'abord le temps d'installer un cadre familier, tout du moins pour celles et ceux qui ont une petite connaissance de la royauté britannique. Le palais, les servants, le regard à la fois inquisiteur et fasciné du public... Ces enjeux sont acquis. Puis, à peine franchi le seuil de cette vaste demeure isolée en pleine campagne, Spencer abandonne toute cette vitrine pour aller voir ce qui pourrait se cacher derrière. La dimension pittoresque du récit laisse alors vite place à une atmosphère plus anxiogène, soulignant le mal-être grandissant de la princesse Diana.

Kristen Stewart subtile et vulnérable

C'est évident, Lady Di n'est à l'aise ni dans ce lieu, ni dans cette famille, ni dans ce mariage. Pour nous faire ressentir ce décalage vertigineux, Pablo Larraín mise sur les codes du cinéma horrifique. Cadre étouffant à la Shining – les couleurs appuient parfois cette référence –, visions fantomatiques, silences qui s'éternisent... De nombreux éléments sont mis en place pour épouser et exacerber le ressenti de l'héroïne, déjà communiqué par Kristen Stewart. Car si l'on craignait en se basant sur la scène d'ouverture que l'actrice n'en fasse des caisses, elle déploie au contraire un jeu tout en subtilité et vulnérabilité, surtout dans les moments où son personnage est seul ou en compagnie de ses enfants, William et Harry.

La "princesse des coeurs" a beau avoir gagné ceux d'un large pan de la communauté LGBTQI+, de par les valeurs qu'elle incarnait ainsi que son destin tragique, et Kristen Stewart a beau être une comédienne ouvertement bisexuelle, son personnage ne fait guère de Spencer un film queer. En revanche, Pablo Larraín a pris la liberté d'inclure dans son récit Maggie, habilleuse royale avec qui Diana entretient une relation de confidente, et qui introduit un peu de queerness au récit. Et même si ce rôle fictif peut être jugé superficiel, son inclusion paraît cohérente avec la personnalité de Lady Di et son insatiable désir de fuir la rigidité et les conventions.

"Spencer" sur Prime Video : la spirale infernale et sublime de Lady Di
Crédit photo : Amazon Prime Video

Mais si l'on recommande Spencer, c'est plutôt pour son scénario habile, la prestation louable de Kristen Stewart, sa réécriture inventive et inspirante de l'histoire avec un grand H, ses dialogues, ses costumes ou encore ses plans sublimes. À ce sujet, mention spéciale à Claire Mathon, qui avait remporté le César de la meilleure photographie pour Portrait de la jeune fille en feu, et qui se montre ici encore une fois à la hauteur. En somme, les raisons de regarder le nouveau long-métrage de Pablo Larraín ne manquent pas.

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Crédit photo : Spencer, Amazon Prime Video