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séries"And Just Like That" : une première saison pédagogique sur le genre et la non-binarité

Par Tessa Lanney le 07/02/2022
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L'épisode 10 marque la fin de la première saison d'And Just Like That, reboot 2022 de Sex and the City. Et si cette suite ne retrouve pas l'allant novateur de la série originelle, la représentation non-binaire permise par les personnages de Che Diaz et de l'enfant de Charlotte en font un pont générationnel utile.

C'est un fait, Sex and the City aura marqué tout une époque. Sauf que sa suite, sortie en streaming sur Salto en France, a débarqué vingt ans plus tard dans une toute autre époque. Alors forcément, depuis la fin en 2004 de la série culte originelle, un fossé générationnel s'est creusé entre ses personnages iconiques et le monde qui les entoure. And Just Like That se donnait donc pour mission de rafraîchir les intrigues de ce monument de la pop-culture en y injectant des représentations actuelles. Bilan des courses, alors que l'épisode 10 a marqué le 4 février la fin de la première saison : malgré des ficelles scénaristiques un peu grosses, la série réussit à mettre à jour notre groupe d'amies et à prendre par la main les fans de la première heure qui auraient loupé les évolutions sociétales concernant le genre et la non-binarité. Ce dernier thème atteint d'ailleurs son point culminant dans le dernier épisode de la saison…

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L'arrivée de Che Diaz marque d'entrée la démarche d'inclusivité de la nouvelle série. Ce nouveau personnage non-binaire, incarné par l'interprète non-binaire Sara Ramirez, n'est pas là pour faire de la figuration et sera à l'origine de scènes marquantes – et très hot – de la saison [attention, spoilers à suivre]. Dès l'épisode 3, son rapprochement avec Miranda (Cynthia Nixon) fait monter la température avec un moment intime et ambigu lors d'une soufflette proposée par Che. Le suspens quant au potentiel érotique de leur relation ne durera pas puisque, deux épisodes plus tard, le public assiste à la première scène de sexe queer de la série. "Je suis vraiment fier.e de la représentation que nous avons créée", a déclaré Sara Ramirez au New York Times avant de préciser face aux critiques : "Nous avons construit un personnage qui est un être humain, qui est imparfait, qui est complexe, qui n’est pas là pour être aimé, qui n’est pas là pour l’approbation de qui que ce soit. Che est ici pour être iel-même".

Che Diaz et la déconstruction de Miranda

Mais la relation des deux personnages ne s'arrête pas à une simple idylle puisque Che va jouer un rôle de guide pour Miranda, entraînant de nombreuses réflexions chez la néo-quinquagénaire arrivée à un tournant de sa vie. Si le début de la saison plante assez maladroitement son décalage avec les problématiques sociétales de 2022, lui faisant enchaîner quelques bourdes gênantes au sujet des luttes antiracistes, l'arrivée de Che dans sa vie ainsi que son compagnonnage avec sa professeure noire, Nya, mènent l'avocate intelligente sur un joli chemin de déconstruction.

De la même manière, la femme qu'est devenue Miranda, mère de famille coincée dans un mariage hétéro qui ne la satisfait plus depuis longtemps, se trouve secouée par l'attraction qu'exerce sur elle le personnage charismatique de Che, libre et non-binaire. Un voyage à la découverte de soi et de toute une palette non-explorée de sa sexualité, de sa propre liberté, exploration qui trouve dans le dixième épisode une direction optimiste et rafraîchissante.

"Miranda devait exploser, a expliqué Michael Patrick King, le producteur exécuteur de la série, à Variety. Après avoir fait exploser son mariage et déstabilisé ses amitiés en tombant éperdument amoureuse de Che, Miranda se retrouve dans l'épisode final, filant vers l'ouest pour suivre son cœur."

Charlotte mise à jour par son enfant Rock

Deuxième pilier de cette mise à jour 2022 de Sex and the City : Rose, l'une des deux enfants de Charlotte, qui a bien grandi depuis 2004. Le personnage joué par Alexa Swinton s'affirme rapidement, confiant à sa mère ne s'être "jamais senti comme une fille". Iel demandera par la suite à ce qu'on l'appelle Rock. Cette révélation ébranle en premier lieu la mère tradi, "celle qui essayait d'être parfaite", comme le rappelle le producteur exécutif. Sauf que la bienveillance caractéristique de son personnage va offrir aux parents fans de la série un bel exemple d'acceptation.

Un soutien dont le point culminant arrive lors de l'épisode final puisque ses parents lui organisent une "They-Mitvah", version inclusive de la bar-mitsvah ou de la bat-mitsvah, menée par Hari Nef jouant un rabbin trans. Mais Rock n'adhère pas pour autant à la main tendue, livrant un plaidoyer anti-cases : "Je n'ai que 13 ans, je ne peux pas juste être moi ? Je ne veux pas être étiqueté comme quoi que ce soit. Pas en tant que fille ou garçon, non-binaire, juif, chrétien, musulman, pas même en tant que New-Yorkais." Alors quoi, tout le monde rentre chez soi ? Eh non, Charlotte prend comme à son habitude les choses en main et réussit à unir sa famille sans que personne ne se sente étiqueté contre son gré. Pour Michael Patrick King, il s'agit d'un symbole fort pour Charlotte qui "cesse d'être une enfant"… et ce sont ses enfants qui l'ont fait grandir.

Au bout du compte, il y a bien suffisamment dans cette première salve d'épisodes de quoi sauver l'idée d'une saison 2 pour And Just Like That. À ce sujet, Variety a rapporté une discussion entre Michael Patrick King et l’interprète de Carrie, Sarah Jessica Parker, qui se serait dite "complètement partante" pour poursuivre l'exploration. On valide.

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Crédit photo : HBO Max