Cible d'une campagne de boycott pour avoir versé de l'argent à des élus Républicains qui ont soutenu le projet de loi homophobe "Don't Say Gay" en Floride, l'entreprise Disney a fini par sortir de son silence pour présenter ses regrets et annoncer la suspension des dons aux politiques de cet État.
Mieux vaut tard que jamais. Épinglée pour avoir financé des soutiens politiques au projet de loi homophobe "Don't Say Gay" adopté au Sénat de Floride le 8 mars, la Walt Disney Company a décidé, après avoir dans un premier temps gardé le silence face au tollé, de présenter ses excuses via un mail envoyé à ses employés le 11 mars.
À lire aussi : Derrière Trump, concours Lépine de lois LGBTphobes chez les conservateurs américains
Le média indépendant américain Popular Information avait révélé qu'au cours des deux dernières années, la firme de Mickey a fait don de 299.126 dollars à des soutiens du projet de loi "Don't Say Gay", dont 50.000 dollars pour son principal avocat, le gouverneur Républicain de Floride Ron DeSantis. Le porteur du projet de loi, le représentant Républicain Joe Harding, a quant à lui reçu un peu plus de 4.000 dollars.
Disney et les LGBT, mauvaise passe
La semaine dernière, des employés des studios Pixar se sont fendus d'une lettre ouverte accusant Disney de censure anti-LGBT dans leurs films d'animation, s'alarmant au passage du silence de Disney sur ces dons finançant de facto une politique LGBTphobe. Des appels au boycott de la marque avaient déjà émergé sur internet, et l'association Human Rights Campaign avait entre autres fait savoir qu'elle refuserait les dons de Disney jusqu'à que l'entreprise prenne des mesures "significatives" contre la loi, dénonçant "une position regrettable en choisissant de garder le silence à la suite des attaques politiques contre les familles LGBTQ+ en Floride".
Finalement, le PDG de Disney, Bob Chapek, a pris son clavier pour écrire à ses employés un mail, également publié sur Twitter. "Vous aviez besoin de moi pour être un allié plus fort dans la lutte pour l'égalité des droits et je vous ai laissé tomber. Je suis désolé", s'excuse le grand patron. L'entreprise, qui emploie près de 80.000 personnes en Floride, promet qu'elle "suspendra tous les dons politiques dans l'État de Floride".
Réelle prise de conscience ou pinkwashing en réaction à la polémique, ce communiqué intervient quelques jours après le refus initial de Bob Chapek de s'opposer publiquement au projet de loi. Il avait préféré se contenter d'exprimer son "engagement indéfectible envers la communauté LGBTQ+", dans une note interne rapportée par Pink News. Comme quoi, la pression publique peut être efficace !
À lire aussi : "Don't Say Gay" : une dystopie glaçante dénonce les lois LGBTphobes visant l'école
Crédit photo: Walt Disney Company via Wikipédia
