Deux associations accusent le gouvernement hongrois d'avoir utilisé une newsletter d'information liée au Covid-19 pour faire la propagande de sa politique LGBTphobe. Le référendum doit avoir lieu ce dimanche.
Ce 3 avril, les Hongrois doivent se déplacer aux urnes pour les élections législatives. Au passage, les électeurs devront se prononcer explicitement sur la politique LGBTphobe de Viktor Orbán. Mais les dés semblent déjà pipés. Hatter society, l'équivalent hongrois de SOS homophobie, et Amnesty Hongrie accusent le gouvernement d'utiliser une newsletter destinée au Covid-19 pour défendre les vues du parti au pouvoir sur le referendum.
"Ce dimanche 3 avril, nous tiendrons un referendum sur la protection de l'enfance. Nous croyons que le droit d'élever sexuellement les enfants appartient exclusivement aux parents. D'autres souhaitent accorder ce droit à des groupes militants", commence ce mail que nous avons pu consulter. Viktor Orbán a annoncé en juillet un référendum sur la "protection de l'enfance". Plusieurs questions sont posées aux Hongrois dont l'intitulé en lui-même est particulièrement spécieux.
Nous vous demandons de voter 'non'
"Soutenez-vous la tenue de séances sur l'orientation sexuelle sans accord parental ? Soutenez-vous la promotion de traitements de changement de sexe pour les mineurs ? Soutenez-vous l'introduction sans restrictions de contenu sexuels dans les médias auprès de mineurs, affectant leur développement ?". Présenté de cette manière, les Hongrois qui ne connaissent pas les enjeux du scrutin ne peuvent que répondre "non".
D'autant que le mail envoyé à tous les Hongrois qui souhaitaient recevoir des informations sur le Covid-19, prend partie. "Nous vous demandons de participer au referendum et de voter 'non' aux questions", est-il indiqué sans donner, à aucun moment d'autre point de vue que celui du parti au pouvoir. "Protégeons nos enfants !", conclut même le mail.
Mais à l'inverse, ce référendum met en danger la jeunesse hongroise, avertissent les associations, victime de la rhétorique LGBTphobe du gouvernement. "Dans un tramway à Budapest, un homme a menacé un couple de lesbiennes parce qu'elles voyageaient main dans la main. Lors du referendum, nous déciderons si nous voulons une Hongrie sûre pour tout le monde ou une Hongrie qui tolère que les gens agressent d'autres personnes pour ce qu'elles sont", répondent les deux associations dans une campagne de sensibilisation qui considèrent que la rhétorique de Viktor Orbán légitime les agressions dont sont victimes les personnes LGBTQI+.
Viktor Orbán se présente comme le "défenseur des valeurs chrétiennes traditionnelles" en opposition au "lobby LGBT" qu'il lie à la pédophilie. C'est ainsi qu'après avoir inscrit dans la constitution que "la mère est une femme et le père est un homme", la majorité de Viktor Orbán a voté le 15 juin, une loi interdisant la "promotion" de l'homosexualité auprès des jeunes. Une loi qui a suscité beaucoup d'inquiétudes en Europe, où la Commission européenne a lancé une procédure d'infraction, jugeant la loi contraire aux traités. D'où le référendum annoncé par Viktor Orban pour opposer à l'Union européenne une légitimité populaire. Depuis, les agressions contre les personnes LGBTQI+ ont augmentées.
"Il est important d'invalider le référendum"
"Si le referendum est valide, les jeunes ne pourront obtenir aucune aide à l'école après avoir subi des abus. Il sera impossible pour eux d'avoir accès à une éducation scientifiquement fondée sur les infections sexuellement transmissible ou la contraception. C'est pourquoi il est important d'invalider le référendum", poursuivent-elles, appelant à boycotter le référendum.
Car pour être valide, le scrutin doit mobiliser la moitié des électeurs, ce qui n'est pas acquis pour le parti au pouvoir. Un sondage, réalisé mi-mars par les mêmes associations de défense des droits LGBTQI+, montre que 41% des électeurs prévoyaient de ne pas participer au vote. C'est ainsi qu'en 2016, Viktor Orban a perdu un référendum sur l'accueil de réfugiés, faute d'une participation suffisante.
Pour faire face à un éventuel échec, Viktor Orbán a mis en place une véritable machine de propagande, indique Le Monde, où la télévision publique doit obéir à la ligne éditoriale fixée par le parti au pouvoir. Actuellement, une campagne d'information gouvernementale, financée par les impôts, met en valeur, devinez qui ? Viktor Orbán.