musiqueRencontre : Oete, chanteur variété d'un nouveau genre

Par Florian Ques le 05/04/2022
Rencontre : Oete, chanteur variété d'un nouveau genre

Programmé dans le cadre de la nouvelle édition des Inouïs du Printemps de Bourges, Oete se présente comme un artiste polyvalent et accompli dont la musique pop et rétro ravira les fans de Fishbach et Clara Luciani.

Les Printemps de Bourges sont, chaque année, le rendez-vous musical inratable pour admirer ses artistes fétiches sur scène. Mais, aussi, pour découvrir celles et ceux qui incarneront la nouvelle garde de la chanson française grâce à la section des Inouïs. Dans notre viseur cette fois-ci : Oete, jeune chanteur beauvaisien de 23 ans qui déploie une musique terriblement intimiste, avec un style de variété française revendiqué et des sonorités pop à la fois modernes et très référencées.

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Tout un cirque

Avant de devenir Oete – à prononcer "eute" –, l'artiste naît Thibaut Blond et grandit en Picardie. Une enfance qu'il qualifie avec humour de désertique. "En vérité, c'était génial de grandir en Picardie parce que j'ai connu l'ennui, estime-t-il. Et quand on connaît l'ennui, alors on peut créer des choses. Je me rappelle passer mes journées à écrire des petits spectacles que je jouais le dimanche devant mes parents." Cette appétit pour la création artistique se poursuit jusqu'à ses années lycée, où il entreprend une formation circassienne dans un établissement spécialisé.

"Ça m'a surtout permis de m'éloigner de la campagne profonde et de rejoindre la ville d'Amiens, reconnaît tout de même le chanteur. Ces études m'ont aidé à être totalement libre dès que je suis face à un public, mais elles m'ont aussi appris la gymnastique du corps qui est une chose importante en chant." Ses envolées lyriques sont si maîtrisées qu'on lui prêterait de longues années de conservatoire et autres cours de chant. Pourtant, rien de tout ça. Il apprend la guitare dès 17 ans, en autodidacte grâce à des tutos YouTube, puis le piano. Place aux choses sérieuses.

Ado, Oete reconnaît avoir été biberonné à "tout ce qui pouvait passer sur les radios françaises", notant un faible pour les chansons francophones et "les très beaux textes à la Bashung ou Barbara". Aujourd'hui, c'est dans des artistes plus contemporains qu'il se retrouve. Comme par exemple Feu! Chatterton, "pour leurs textes", ou bien Clara Luciani, "pour son côté disco que j'assume aussi pleinement et son esthétique très mode". Et, enfin, Fishbach, dont le nom revient souvent au fil de la discussion et avec qui il partagera la scène de la Lune, à Amiens, le 28 avril.

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Une musique nourrie par soi

Dans son plus récent clip pour son single "Défense", le chanteur ne rechigne pas à adopter une expression de genre très queer, loin de la binarité masculin/féminin. "C'est quelque chose que j'applique dans ma vie de tous les jours, assure-t-il. Je porte du vernis, je me maquille, je peux porter des chaussures à talons... J'ai envie de jouer avec ce côté genderless et androgyne. Je veux jouer avec les codes de la mode et pouvoir en faire une vraie proposition artistique."

Pour autant, Oete – qui s'identifie comme un homme homosexuel – ne fait pas de corrélation directe entre son identité LGBTQI+ et la musique qu'il propose : "Pour moi, ma sexualité a la même importance que la couleur de mes yeux, ma taille ou ma pointure. Est-ce que le fait de faire 1m72 influence ma musique ? Non. Mais c'est certain que mon vécu en tant qu'homosexuel a pu me faire intérioriser des névroses, des carences, des souffrances qui vont ressortir en musique."

Dans l'ensemble, il puise son inspiration dans ses propres expériences, sans se donner de direction particulière. "Quand je crée de la musique, je ne pars pas d'un thème précis, confie-t-il. Je ne vais jamais me dire 'tiens, je vais faire une chanson d'amour'. J'essaie d'avoir le maximum de part de vérité et d'inconscient quand je vais écrire quelque chose." Une petite exception existe cependant : "HPV", son titre vibrant sur le papillomavirus humain qu'il avait lui-même contracté. "J'avais besoin de me sentir victorieux", précise l'artiste. Un morceau que les festivaliers du Printemps de Bourges pourront découvrir en live sur la scène des Inouïs le 22 avril prochain.

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Crédit photo : Yann Orhan