Abo

reportage"Chaque baiser lesbien est une révolution" : à la marche lesbienne de Paris

Par Tessa Lanney le 25/04/2022
"Chaque baiser lesbien est une révolution" : à la marche lesbienne de Paris

La Marche lesbienne de Paris 2022, organisée par le collectif Libération Lesbienne, s'est déroulée ce samedi 23 avril. têtu· a participé à cette manifestation pour la visibilisation des lesbiennes et contre le fascisme.

Les tambours de la Marche lesbienne résonnent encore dans vos oreilles ? C'est que vous faisiez partie de la multitude de lesbiennes et allié·es rassemblée·s à Paris ce samedi 23 avril 2022 pour marcher en faveur de la visibilité lesbienne. Avec, à la veille du second tour de l'élection présidentielle qui opposait Emmanuel Macron et Marine Le Pen, un mot d’ordre simple : “Lesbiennes contre le fascisme”. La manifestation était organisée par Libération Lesbienne, "collectif de lesbiennes radicales anti-racistes, anti-validistes, anticapitalistes". têtu· y était, depuis le rassemblement à Nation sous un soleil estival sur les coups de 13h jusqu’à la place de République où l’averse a accueilli les manifestant·es.

À lire aussi : Macron, saison 2 : les dossiers LGBTQI+ sur la table de son futur gouvernement

"On a assisté à une marche d'abord politique, se réjouit Honorine, qui fait partie du collectif Libération Lesbienne. L'existence des lesbiennes est profondément politique. La marche vise à rappeler qu'on existe dans l'espace public. On voulait qu'il y ait de l'ambiance mais dans un esprit de revendication."

Lesbiennes et intersectionnelles

Les pancartes aux messages antifascistes et antiracistes étaient de sortie. Certaines à la fois drôles et intersectionnelles, d’autres plus directes : “Lesbienne et musulmane, tu vas faire quoi ?”.

https://twitter.com/MilleEtUneQueer/status/1517832421542141953

Ici et là, des références au Génie lesbien, le livre d’Alice Coffin : “Chaque baiser lesbien est une révolution”, ou encore “Alice Coffin présidente”. La journaliste et militante LGBTQI+ était bien évidemment présente. D’autres personnalités lui emboîtaient d’ailleurs le pas comme Marie Kirschen, rédactrice en chef de la revue Well Well Well.

Plusieurs participantes de Collages Féminicides Paris ont même crapahuté en suivant le cortège pour apposer leurs collages sur les murs qui longeaient le parcours à coups de : “Gouines radicales contre le capital”, ou encore “Le harcèlement lesbophobe et raciste tue”. Ailleurs, le pas était plus léger mais l’ambiance bien présente. Vers le centre de la manifestation, le camion du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) servait de point de repère à un grand nombre de marcheuses. Les chants vont bon train autour du camion où une véritable acrobate assure l’ambiance, et la musique sur le toit, à grands coups de "Freed from Desire", le tout avec une stabilité à toute épreuve – même lorsque l’engin freine et redémarre. Belle perf'.

Un cortège en non-mixité

Autre point de repère, et pas des moindres, la tête du cortège. Cette année, elle était en non-mixité lesbienne. Enfin, en théorie puisque la présence de drapeaux bi et pan a suscité quelques points de crispation dans la foule. “Je ne comprends la démarche. Il n’a pas sa place ici, dans un cortège voulu 100% lesbien”, s’agace Jade. Héloïse est du même avis : “On est dans une marche lesbienne, je comprends que les femmes bies soient concernées et c’est super qu’elles viennent mais en quoi ont-elles besoin d’inclure les hommes dans un espace pensé pour les femmes lesbiennes ?”

“J’ai déjà un peu de mal à concevoir qu’on vienne avec le drapeau d’une autre orientation à une marche spécifiquement lesbienne, reprend Mathilde avant de temporiser. Mais à la limite, je peux comprendre tant que ce n’est pas en tête de cortège, là où justement on essaye d’être les plus visibles.”

Malgré tout, la marche est une réussite et de nombreux couples affichent fièrement leur amour aux yeux des quelques badauds intrigués par la foule. Et si le temps a été au beau fixe durant l’intégralité de la marche, quelques minutes après l’arrivée des militant·es place de la République, la pluie est venue jouer la trouble-fête. Dommage, une partie du public s’est rapidement dispersé. Mais n'ayez crainte, toutes les prises de paroles seront publiées sur le compte Insta de Libération Lesbienne.

À lire aussi : "Marche lesbienne" : plusieurs milliers de personnes ont défilé à Paris en faveur de la PMA pour toutes

Crédit photo : Sébastien Tüller via Twitter