sondageLes Français favorables à la lutte contre les LGBTphobies à l'école, dès le plus jeune âge

Par Nicolas Scheffer le 09/05/2022
En Espagne, les asso LGBTQI+ appellent à manifester après une nouvelle agression homophobe

[Exclusif] Malgré les offensives réactionnaires sur le sujet, les Français restent favorables à un renforcement de la lutte contre les LGBTphobies à l'école, et ce "dès le plus jeune âge", indique un sondage BVA commandé par Le Refuge.

Rarement les sujets LGBTQI+ auront été à la fois aussi absents, ou caricaturés quand ils étaient cités, que dans la campagne présidentielle qui vient de s'achever. Aussi les résultats du sondage* commandé à l'institut BVA par l'association Le Refuge afin de dresser "l’état des LGBTphobies chez les jeunes en France" sont-ils particulièrement intéressants à lire en ce printemps 2022. D'où il ressort qu'au terme de longs mois de matraquage, notamment de la part de l'extrême droite d'Éric Zemmour, contre la "propagande LGBT à l'école", les Français restent nettement favorables à ce que l'État s'implique "plus fortement dans la lutte contre les LGBTphobies en milieu scolaire" (67%) ainsi qu'au fait de "sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à la lutte contre les LGBTphobies" (65%).

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Ces deux taux sont néanmoins respectivement en baisse de 4 et 8 points, semblant indiquer que les discours LGBTphobes ont pu éroder l'adhésion populaire à la lutte contre les LGBTphobies en milieu scolaire. Reste que 43% des Français jugent que l'État ne s'implique pas suffisamment en matière de lutte contre les LGBTphobies (40% estimant qu'il le fait assez). Un chiffre là encore en recul de 6 poins, que l'on peut corréler au fait que 46% des sondés pensent que la situation des personnes LGBTQI+ est meilleure aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a cinq ans.

Mieux condamner les LGBTphobies

Mais à l'école, c'est toujours loin d'être acquis. Un Français sur trois (34%) seulement pense ainsi que la situation s'est améliorée en milieu scolaire, contre 11% qui estiment même qu'elle s'est détériorée. Il faut dire qu'en cinq ans au ministère de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer n'a pas brillé par ses prises de position contre les LGBTphobies. Il a certes mis en place une circulaire pour mieux accueillir les élèves transgenres. Mais le harcèlement des élèves LGBTQI+ reste endémique, comme le suicide de Dinah en octobre dernier est dramatiquement venu le rappeler. Dans les faits, les séances d'éducation au programme sur ces sujets demeurent bien peu réalisée. Auprès de têtu·, Emmanuel Macron a reconnu, pendant la campagne, "le travail des associations LGBT+ et leur intervention en milieu scolaire" : "Elles participent de cet objectif si essentiel de l'école qui est de former des citoyens et oui, je le dis avec gravité, elles concourent à protéger les jeunes en garantissant que l'école soit un lieu d'accueil bienveillant pour chacun d'eux".

De manière globale, les résultats de cette étude montrent l'ampleur des progrès qui restent à réaliser. Ainsi, deux tiers des Français (66%) affirment avoir déjà entendu, au cours de l'année, des propos homophobes ou transphobes, la plupart à plusieurs reprises. Ils sont même 76% à avoir déjà entendu fuser l'insulte "PD", plusieurs fois même pour 64%. Des propos souvent minimisés par les autorités. Par exemple, à Paris, quand un homme gay a été agressé avec une crosse de hockey en mars après avoir été insulté de "tapette", le caractère homophobe de l'agression n'a pas été retenu. Là encore, 66% des Français souhaitent que l'on condamne plus fermement les propos homophobes et transphobes.

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Fondation Le Refuge _L’état des LGBT-phobies chez les jeunes, aujourd'hui en France_Avril 2022 by Nicolas Scheffer on Scribd

*Enquête réalisée en ligne sur un échantillon représentatif de 1.583 personnes, interrogées par internet le 21 avril 2022.

Crédit photo : Wikimedia Commons / Ted Eytan