Après qu'une enquête journalistique a révélé l'homophobie pratiquée par des hôtels du Qatar censés accueillir des supporters pour la Coupe du monde 2022 à la fin de l'année, la fédération internationale de football met les pendules à l'heure avec ses partenaires.
Il va falloir passer des paroles aux actes. Alors que le choix du Qatar pour accueillir, à la fin de l'année, la Coupe du monde de football 2022 n'en finit pas de susciter des controverses, le président de la fédération internationale de foot (FIFA), Gianni Infantino, avait assuré fin mars lors d'une conférence à Doha : "Tout le monde est le bienvenu ici au Qatar, même si nous parlons de LGBTQ+". Sauf que le 12 mai, une enquête conjointe menée par des journalistes norvégiens, danois et suédois a montré que plusieurs hôtels partenaires du Mondial refusent les réservations aux couples gays. L'instance dirigeante mondiale du football a réagi, menaçant d'annuler ses contrats avec les hôtels concernés.
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Comme l'explique le média norvégien NRK, les journalistes qui ont révélé l'affaire ont écrit aux 69 hôtels recommandés par la FIFA en vue du Mondial, en se faisant passer pour un couple homo cherchant une réservation. Il ressort de leur enquête que trois des établissements (The Torch Doha, Magnum Hotel & Suites Westbay et Wyndham Grand Regency) ont refusé tout net. "Nous ne pouvons pas vous donner de chambre en raison de la politique de l'hôtel", a ainsi répondu l'équipe de The Torch au couple gay imaginaire. Plus d'un quart des hôtels (20) recommandent par ailleurs de ne pas montrer son orientation, comme le détaille l'un d'entre eux : "Si vous vous maquillez et vous habillez de manière gay, cela va à l'encontre de la politique du pays et du gouvernement. Mais pour notre hôtel, ça va, si vous vous habillez convenablement et n'affichez pas de comportement sexuel ou ne vous embrassez pas en public". Seuls 33 hôtels n'ont pas émis d'objection, et les autres n'ont pas répondu ou sont en quarantaine.
La FIFA répond, le Qatar réplique
Dans une déclaration adressée au journal britannique The Telegraph, la FIFA promet de "s'assurer que les hôtels mentionnés seront à nouveau prévenus de nos conditions strictes en lien avec l'accueil des invités de façon qui ne soit pas discriminante". Et d'assurer que les lieux qui ne se plieront pas à ces règles "verront leurs contrats annulés". La fédération s'engage par ailleurs à organiser des stages de sensibilisation ainsi qu'à surveiller et évaluer les hôtels partenaires à travers des audits et inspections tout au long du Mondial.
Auprès du Daily Mail, un porte-parole de l'organisation qatarie de la Coupe du monde a tenté de se montrer rassurant : "Tout le monde est le bienvenu au Qatar, quels que soient sa race, son origine, sa religion, son sexe, son orientation sexuelle ou sa nationalité. Tous les fans doivent se sentir les bienvenus pour réserver un hébergement en sachant que la vie privée des personnes vivant ou visitant le Qatar est respectée. Le Qatar est un pays conservateur et les démonstrations d'affection en public sont mal vues dans tous les domaines, quelle que soit l'orientation sexuelle. Nous demandons simplement aux gens de respecter nos normes culturelles, mais nous soulignons également la forte culture de respect de la vie privée qui existe dans tout le Qatar."
Peut-être serait-il plus simple, comme l'avait récemment suggéré la présidente de la fédération norvégienne de foot, de suspendre le temps du Mondial les lois homophobes du pays. Ou bien, pour la communauté, de suivre les appels au boycott d'une compétition organisée, quoi qu'il en soit, dans un pays pratiquant l'homophobie d'État.
Crédit photo : Edoardo Busti via Unsplash