santéVariole du singe : pourquoi les gays sont ciblés par des messages de prévention

Par têtu· le 25/05/2022
variole du singe,gay,maladie,virus,IST,prévention,variole du singe gay,variole gay,grindr

Utilisateur de Grindr, vous avez dû tomber sur un message d'information et de prévention au sujet de la variole du singe récemment arrivée en Europe et en France. Si ce virus – qui n'est pas une IST – ne concerne pas uniquement les hommes gays et bis, les personnes ayant une sexualité multi-partenaires sont invitées à la vigilance.

"Un message du centre européen de prévention et de contrôle des maladies". En ouvrant récemment votre application Grindr, vous avez dû tomber sur ce panneau alertant au sujet de la propagation en Europe de la variole du singe. Pour plus d'informations, l'appli de rencontre gay renvoie donc vers le site (en anglais) de l'ECDC, agence de Union européenne de prévention des maladies infectieuses. On y trouve à la fois des mises à jour sur la diffusion du virus mais aussi une mise en contexte ainsi que des recommandations en cas de suspicion. S'il est important de se rappeler que les hommes gays et bis n'ont pas le monopole de la variole, et que celle-ci n'est d'ailleurs pas une infection sexuellement transmissible (IST), l'ECDC invite les "hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes qui se livrent à des relations sexuelles occasionnelles ou qui ont plusieurs partenaires sexuels" à faire preuve de vigilance. Explications.

À lire aussi : Variole du singe : feu vert pour la vaccination préventive des gays et bi multipartenaires

Comment attrape-t-on la variole du singe ?

Le virus de la variole du singe se propage par contact étroit avec une personne malade. Plus précisément par le contact avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou des objets récemment contaminés par des liquides biologiques (sang, salive). On peut donc aussi se contaminer au contact de l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain).

Par extension, même si le virus n'est en aucun cas une infection sexuellement transmissible, une relation sexuelle avec une personne contagieuse présente des risques importants de contamination. Notez, comme l'a précisé Santé Publique France, qu'à la différence du Covid, une personne infectée par la variole du singe n'est pas contagieuse avant le début des symptômes.

À lire aussi : Monkeypox : symptômes, transmission et prévention de la variole du singe

Que vient faire la communauté gay dans cette histoire ?

Rien ne relie spécifiquement la variole du singe aux relations sexuelles entre hommes. En revanche, le fait d'être multi-partenaires est un facteur d'exposition, quelle que soit l'orientation sexuelle. Un premier rapport d’évaluation des risques dans l’Union européenne, publié ce lundi 23 mai, estime ainsi que le risque de contagion est "très faible" dans la population en général, mais devient "élevé" dès lors que l'on a plusieurs partenaires sexuels.

C'est ainsi que des "clusters" ont pu être reliés à des réseaux sexuels gays. En Belgique, on parle de trois cas liés à Darklands, un festival fétichiste qui se tenait à Anvers du 5 au 8 mai. En Espagne, le chef régional de la santé de Madrid a annoncé 23 cas convergeant en grande partie vers un sauna de la ville fermé entretemps, comme le rapporte Reuters.

"Nous savons que la variole du singe peut se propager en cas de contact étroit avec les lésions d'une personne infectée, et il semble que le contact sexuel ait maintenant amplifié cette transmission, explique le Dr David Heymann, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à Reuters. Il est très possible que quelqu'un ait été infecté, ait développé des lésions sur les organes génitaux, les mains ou ailleurs, puis l'ait transmis à d'autres lors d'un contact sexuel ou physique étroit."

Bref, comme cela a déjà été le cas pour des épidémies de méningite ou de rougeole, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sont plus exposés que la population générale en raison d'un nombre de partenaires sexuels plus important que la moyenne.

À lire aussi : "Comme des lames de rasoir dans l’anus" : quand la variole du singe fait (très) mal

Des événements également sous surveillance

La promiscuité étant également un facteur d'exposition, les événements brassant beaucoup de monde peuvent aussi être un terrain de contagion. Le chef régional de la santé de Madrid a ainsi déclaré à l'Associated Press qu'il existait un autre lien entre des malades et le festival des Fiertés organisé aux îles Canaries entre le 5 et le 15 mai, qui a réuni environ 80.000 personnes.

Alors que des milliers de participants sont attendus à la Pride de Tel-Aviv qui aura lieu le 10 juin, le ministère israélien de la Santé s'est dit préoccupé par une potentielle propagation de la variole du singe, rapporte la chaîne i24News. "Il y a de grands rassemblements à travers le monde comme les Prides, qui peuvent favoriser la transmission comme il y a beaucoup de proximité", confirme à têtu· Michel Ohayon, médecin directeur et fondateur du 190, centre parisien spécialisé en santé sexuelle gay et LGBT.

Gare aux amalgames homophobes !

L'Onusida insiste sur le fait qu'au-delà d'être inacceptables en soi, les amalgames homophobes sur la variole du singe entravent la lutte contre la propagation du virus. "Ces stigmates et reproches minent la confiance et la capacité à répondre efficacement à des épidémies comme celle-ci", a ainsi déclaré son directeur adjoint, Matthew Kavanagh. Fort de sa longue expérience dans la lutte contre le sida, l'organisme sait en effet que les clichés racistes ou homophobes "créent un cycle de peur, qui pousse les gens à éviter les centres de soins, ce qui limite la portée des efforts pour identifier des cas d'infection et encourage des mesures coercitives inefficaces". N'hésitez donc pas à les contredire !

Quelles recommandations contre la variole du singe ?

La période d'incubation du virus est comprise entre 6 et 16 jours, indique la Haute Autorité de santé (HAS), mais cela peut prendre jusqu'à trois semaines pour que les patients développent des symptômes tels que de la fièvre, des maux de têtes, des douleurs musculaires, des maux de sos, des ganglions lymphatiques enflés, des frissons et de l'épuisement. Ce qui la différencie d'autres maladie courantes, c'est l'apparition de boutons, en général sur le visage. Mais l'éruption cutanée peut ensuite s'étendre sur d'autres parties du corps, les mains, les pieds, voire les organes génitaux. Ils forment enfin une croûte qui finit par tomber. Il faut patienter jusqu'à la chute de toutes les croûtes pour ne plus être contagieux, puisqu'elles peuvent contenir du matériel viral infectieux.

En cas de doute, évitez donc de vous engager dans une relation sexuelle ou de vous rendre à un événement public : isolez-vous, portez un masque et allez voir votre médecin.

À lire aussi : Monkeypox : où se faire vacciner contre la variole du singe en Île-de-France ?

Crédit photo : Unsplash