Après deux années de crise sanitaire liée au Covid-19, l'irruption dans l'actualité d'un nouveau virus au nom alarmant, la variole du singe (monkeypox en anglais), inquiète d'autant plus dans la communauté gay principalement touchée. Mais il n'y a pas de raison de paniquer, plutôt de s'informer pour prévenir.
C'est le nouveau virus qui fait parler de lui. Un premier cas détecté de "variole du singe" (monkeypox en anglais) a été confirmé ce vendredi 20 mai 2022 en France. Plusieurs dizaines de cas ont été signalés depuis le début du mois en Europe (Royaume-Uni, Espagne, Portugal, Suède, Italie) et en Amérique du Nord (Canada et États-Unis) ; étonnant, puisqu'il s'agit à l'origine d'une maladie rare et qui circule habituellement en Afrique centrale et de l'ouest. Au-delà de son nom qui alarme, en combinant une maladie associée à des siècles reculés et une référence animale, faut-il s'en faire ? On fait le point sur vos questions.
D'où vient la variole du singe ?
La variole du singe, ou "orthopoxvirose simienne", a été identifiée pour la première fois chez l’homme en 1970 en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), chez un garçon âgé de 9 ans vivant dans une région d’où la variole avait pourtant été éliminée depuis 1968. C'est une maladie rare dont le pathogène peut être transmis de l'animal à l'homme et inversement. Quand le virus gagne l'être humain, c'est principalement à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates par exemple. Depuis 1970, des cas humains d'orthopoxvirose simienne ont été signalés dans dix pays africains.
Quels sont les symptômes de la maladie ?
Après infection, l'incubation de la variole du singe dure en général de 5 à 21 jours. Une fois la maladie déclarée, ses symptômes ressemblent, en moins grave, à ceux que l’on observait dans le passé chez les sujets atteints de variole, d'où son nom. Au cours des cinq premiers jours, ils recouvrent fièvre (1 à 3 jours), maux de tête, douleurs musculaires et mal de dos, ganglions lymphatiques enflés, frissons et fatigue. Puis peuvent apparaître des éruptions cutanées et des pustules, souvent sur le visage, voire la paume des mains et la plante des pieds, qui peuvent aussi se répandre aux muqueuses dans la bouche et la région génitale.
Mise à jour, 30 juin : "Les symptômes sont plus discrets que ce que l'on pensait : chez certaines personnes, la variole se présente comme une pharyngite ou une rectite (inflammation de la muqueuse anale, ndlr) sans boutons", explique à têtu· un médecin de la Direction générale de la santé.
Comment soigne-t-on la variole du singe ?
Il n'existe pas de traitement pour cette infection virale. La variole du singe guérit en général spontanément au bout de 2 à 3 semaines. Les cas graves, rares, se produisent plus fréquemment chez les enfants ou les personnes immunodéprimées et sont liés à l'ampleur de l’exposition au virus, à l'état de santé du patient et à la gravité des complications.
Existe-t-il un vaccin ?
Il n’existe pas non plus de vaccin spécifique contre l'orthopoxvirose simienne, mais on peut en endiguer les flambées, explique l'OMS. On a prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique avait une efficacité de 85% pour sa prévention mais ce vaccin n'est plus disponible pour le grand public après l'arrêt de sa fabrication à la suite de l'éradication mondiale de la variole. "La bonne nouvelle, c'est que le vaccin contre la variole marche contre la variole de singe; la mauvaise c'est que la plupart des personnes de moins de 45 ans ne sont pas vaccinées", a résumé dans un tweet l'épidémiologiste Eric Feigl-Ding.
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Est-ce une maladie grave ?
Selon les épidémies, le taux de létalité a pu varier énormément mais il est resté inférieur à 10% dans tous les cas documentés, principalement chez les jeunes enfants. "On estime que la souche d'Afrique de l'Ouest, dont souffrent les cas britanniques, a un taux de mortalité d'environ 1%. Il existe également une souche trouvée dans la région du Congo qui peut être mortelle dans 10% des cas, mais les cas britanniques n'ont pas cette souche", a déclaré Simon Clarke, professeur en microbiologie cellulaire à l'université de Reading, auprès de l'organisme Science media centre (SMC). De fait, à ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé sur le continent.
Comment le virus est-il arrivé en Europe et en France ?
Le virus a été repéré pour la première fois sur le continent européen le 6 mai au Royaume-Uni, chez une personne ayant récemment voyagé au Nigeria. Une apparition en dehors du continent africain qui s'était produite une première fois au printemps 2003, quand des cas avaient aussi été confirmés aux États-Unis. Depuis 2017, quelques cas importés, notamment du Nigeria, avaient été sporadiquement identifiés dans plusieurs pays, en particulier au Royaume-Uni, sans donner lieu à des épidémies.
Du 14 au 20 mai, neuf cas ont été recensés au Royaume-Uni, cinq au Portugal, deux au Canada, un aux États-Unis, un en Italie, deux en Belgique et un en Suède. En France, le premier cas confirmé a été détecté ce jeudi 19 mai dans la région Île-de-France. Il s’agit d’un homme de 29 ans sans antécédent de voyage dans un pays où circule le virus. Dès la suspicion de son infection, cette personne a été prise en charge et, en l’absence de gravité, est isolée depuis à son domicile. Les personnes ayant été en contact étroit avec ce patient sont en cours de recensement. Elles recevront de la part des autorités sanitaires les informations sur la conduite à tenir afin de limiter la propagation du virus.
La variole du singe va-t-elle créer une nouvelle épidémie ?
"Récemment, l'alerte est relativement différente : les signalements faits correspondent à des cas de personnes n'ayant pas voyagé dans les pays où le virus circule habituellement et n'ayant pas eu de contacts avec des personnes revenant de ces pays", a souligné ce vendredi lors d'un point presse Alexandra Mailles, épidémiologiste à Santé Publique France. Ce contexte constitue une "situation inédite qu'on considère comme une alerte", a-t-elle déclaré. Des cas suspects sont en cours d’évaluation dans de nombreux pays et la situation évolue donc très rapidement, ont prévenu les autorités sanitaires. Mais il est encore bien trop tôt pour s'avancer sur la suite.
"La transmissibilité du virus est moindre que le Covid."
Comment attrape-t-on la variole du singe ?
L'infection des cas initiaux résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d'animaux infectés. La transmission secondaire, c'est-à-dire interhumaine, peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d'objets récemment contaminés par des liquides biologiques (sang, salive) ou des matières provenant des lésions d’un patient. On peut également se contaminer au contact de l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain).
Contrairement au Covid-19, la transmission d'un humain à l'autre est limitée, assure l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "La transmissibilité du virus est moindre que le Covid", a confirmé Alexandra Mailles, de Santé Publique France. Par ailleurs, a précisé cette dernière, "contrairement à ce qui se produit avec le virus du Covid, une personne infectée n'est pas contagieuse avant le début des symptômes".
S'agit-il d'une nouvelle IST ?
Contrairement à ce qui disent certaines rumeurs, il ne s'agit pas d'une infection sexuellement transmissible (IST) au sens propre. La variole du singe pouvant se transmettre par la salive, un rapport sexuel avec une personne infectée peut la transmettre mais n'est pas nécessaire. "Il est probablement trop tôt pour tirer des conclusions sur le mode de transmission ou supposer que l'activité sexuelle était nécessaire à la transmission", a ainsi prévenu Michael Skinner, virologue à l'Imperial College London, après que l'OMS a indiqué lundi s'intéresser de près au fait que certains des cas au Royaume-Uni semblent avoir été transmis au sein de la communauté homosexuelle.
"Les HSH, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, représentent une part importante, mais pas exclusive, des cas actuellement recensés."
Les hommes gays et bis sont-ils plus exposés ?
Là encore, les informations de l'OMS faisant état d'un nombre significatif de contaminations observées chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) ont ouvert la porte à bon nombre de rumeurs. "Les HSH, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, représentent une part importante, mais pas exclusive, des cas actuellement recensés. Il est trop tôt pour en comprendre les raisons. Il pourrait s’agir du simple fait que l’alerte a d’abord été donnée dans cette communauté et donc que plus de tests ont été réalisés", a tempéré Alexandre Mailles, infectiologue à Santé Publique France, ce vendredi lors de sa conférence de presse.
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Que faire en cas de symptômes ?
En cas d'apparition des symptômes, il est impératif de s'isoler et de porter un masque, a indiqué Santé Publique France. Et bien évidemment, contactez votre médecin. Si le diagnostic est confirmé, il faut alors respecter un isolement de trois semaines.
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Crédit photo : Santé publique France